18/06/21

Une nouvelle association thérapeutique à l’essai en Afrique pour stopper la COVID-19

clinicaal trials

Lecture rapide

  • Ces essais cliniques qui se déroulent dans 13 pays africains associent le Nitazoxanide et le Ciclésonide
  • Les essais cliniques ont reçu l’approbation préalable des Comités d’éthique des pays où ils se déroulent
  • Pour les chercheurs, les essais cliniques représentent un espoir dans la lutte contre la COVID-19

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[YAOUNDE] Une étude clinique réalisée en Afrique sur les cas légers de COVID-19 met à l’essai une nouvelle association thérapeutique. Il s’agit de la combinaison de deux médicaments, le Nitazoxanide, un médicament antiparasitaire, et le Ciclésonide, un corticostéroïde administré par inhalation.

L’association des deux médicaments est destinée à prévenir l’évolution de la COVID-19 d’une forme légère ou modérée vers une forme sévère.

L’étude, dénommée « Anticov », est menée par un consortium d’organisations africaines et d’institutions internationales de recherche et développement, coordonnées par l’ONG de recherche médicale DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative ou Initiative médicaments contre les maladies négligées).

“Tant que nous sommes logistiquement sous-équipés pour faire face à ces situations, c’est tout à notre avantage de stopper l’évolution vers les formes graves de la maladie”

Wilfried Mutombo, Anticov, RDC

La Guinée et la République démocratique du Congo (RDC) sont parmi les premiers pays africains à avoir déjà recruté des candidats pour cet essai. A ce jour, plus de 150 patients ont été recrutés dans ce dernier pays.

« Ils sont d’abord des adultes âgés de 18 ans ou plus. Ils viennent soit de COVID voyage soit directement diagnostiqués sur nos sites d’essai. Ils sont tous Congolais, homme, femme et proviennent de tous les milieux et même de la diaspora », précise à SciDev.Net le chercheur Wilfried Mutombo, en charge de l’étude Anticov en RDC.

Selon ce dernier, deux sites destinés à accueillir les patients sont ouverts dans le pays, notamment la clinique Ngaliema et l’hôpital Saint Joseph. Avant d’y être admis, les malades signent au préalable un consentement éclairé qui marque leur acceptation libre de participer à l’essai clinique.

« Une fois le consentement signé, le malade est soumis à l’un des traitements, et ce de façon aléatoire : c’est ce qu’on appelle la randomisation. Le malade est suivi de près pendant son traitement qui dure 10 jours et après son traitement pendant 11 jours », ajoute Wilfried Mutombo.Avant le démarrage de cette opération, le protocole de cet essai a été soumis au Comité national d’éthique de chaque pays pour son approbation.

« Ce comité est chargé d’émettre un avis préalable sur les conditions de validité de toute recherche impliquant la personne humaine (protection des personnes, bien-fondé et pertinence du projet de recherche, qualité méthodologique…) », explique Mamadou Saliou Sow, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital national de Donka en Guinée.

Ce dernier qui est aussi en service au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Conakry souligne que c’est après l’obtention de cette approbation que les recrutements des patients ont débuté.

Pour Fidèle Ntie-Kang, enseignant au département de chimie à l’université de Buea dans le Sud-Ouest du Cameroun, les essais cliniques qui ont été lancés sont des phases « très importantes » ; car, la combinaison de deux médicaments permet de chercher « la cible où la molécule va interagir ».

Synergie

En général, poursuit-il, « lorsqu’il y a association de deux molécules, c’est parce que ces molécules fonctionnent en synergie ».

« Certaines molécules, lorsqu’elles sont introduites dans l’organisme humain, ont cette susceptibilité de vouloir se fixer à des protéines. Certaines de ces protéines ont une caractéristique qui fait qu’en se fixant à elles, les molécules ne vont pas toucher la cible. Souvent dans ce cas, on couple deux molécules pour que l’une des molécules ait une plus grande susceptibilité vers la protéine et laisse donc le soin à l’autre qui a le principe actif et dont nous avons besoin, de se fixer à la cible », décrit Fidèle Ntie-Kang.

Anticov se présente comme la plus vaste étude en Afrique à avoir pour objectif d’identifier des traitements précoces contre la COVID-19, capables de prévenir la progression de la maladie vers une forme sévère et de potentiellement limiter sa transmission.

« L’essai cible les malades légers à modérés. Cela permet d’éviter l’évolution vers les formes graves qui nécessitent une prise en charge compliquée qui nécessitent l’oxygénation et la ventilation mécanique. Et tant que nous sommes logistiquement sous-équipés pour faire face à ces situations, c’est tout à notre avantage de stopper l’évolution vers les formes graves de la maladie », analyse Wilfried Mutombo.Ce dernier affirme que même comme on parle de plus en plus de vaccins, l’Afrique n’a pas suffisamment de moyens pour se les offrir en grande quantité et un traitement précoce et efficace à la place est dès lors le bienvenu.

Mamadou Saliou Sow estime pour sa part que cette étude « représente un espoir dans cette lutte ou les pays du monde entier cherchent le médicament contre la COVID-19 », ajoutant que le traitement est l’un des piliers importants dans la lutte contre une maladie.

Outre la RDC et la Guinée, onze autres pays africains (Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Ghana, Guinée équatoriale, Kenya, Mali, Mozambique, Ouganda et Soudan) sont impliqués dans l’étude Anticov.