06/09/23

La culture du secret entrave le partage de données en Afrique

Data centre configuration in Sudan. (Licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license).
Un technicien de centre de données au travail au Soudan. Certains scientifiques sont disposés à partager des données, mais le cadre fait défaut en Afrique. Crédit image: Sarah Engin (CC BY-SA 4.0).

Lecture rapide

  • Le manque de partage des données retarde les progrès scientifiques en Afrique
  • Certains scientifiques veulent bien partager des données mais le cadre fait défaut
  • Les scientifiques des données appellent à une plus grande collaboration sur le continent

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[NAIROBI] L’absence d’une culture de partage des données scientifiques dans la plupart des pays africains prive le continent de nombreuses opportunités d’accélérer son développement, mettent en garde les scientifiques.

Même si certains scientifiques et institutions en Afrique souhaiteraient partager des données, ils hésitent à le faire en raison de l’absence de cadre pour guider le partage sans enfreindre les lois nationales ni perdre leur travail à cause des plagiaires, ont déclaré des spécialistes en technologie à SciDev.Net .

Des scientifiques s’exprimant lors d’une conférence sur les sciences géospatiales au début du mois d’août à Nairobi, au Kenya, ont appelé à la mise en place de mécanismes de partage des données , déplorant un manque général de confiance entre les pays, les institutions et les individus.

“De nombreuses institutions n’ont pas été en mesure de guider leurs chercheurs sur la manière de protéger leurs droits de propriété intellectuelle, ce qui fait craindre aux scientifiques que le partage entraînerait la perte de leurs travaux”

Stephen Karimi, chercheur consultant

« Nous dépensons de l’argent pour acheter des données alors que nous pouvons réutiliser celles que nous avons déjà, simplement parce que les gens ne peuvent pas partager leurs données », a déclaré Phoebe Oduor, spécialiste de la télédétection au Centre régional de cartographie des ressources pour le développement, basé à Nairobi.

Pour ce dernier, s’il existe un besoin urgent d’investir dans des mécanismes de partage de données, il est également important que les scientifiques, les pays et les institutions comprennent qu’ils gagneraient davantage à partager des données.

La culture du secret dans la collecte et le partage des données conduit à la duplication des données au sein des gouvernements, les personnes collectant des informations déjà disponibles, a-t-elle déclaré.

« Nous devons comprendre qu’il est extrêmement utile de rendre les données accessibles », a-t-elle déclaré, ajoutant que « cela vous aide également à savoir quelles sont les lacunes en matière de données dans votre pays. »

Stephen Karimi, chercheur consultant et ancien directeur adjoint de la Commission nationale kenyane pour la science, la technologie et l’innovation, a déclaré qu’un moyen viable de partager les données consisterait à les publier largement et dans des revues en libre accès.

L’absence de revues de ce type en Afrique entrave la diffusion des données, a-t-il déclaré, ajoutant qu’un financement accru de la recherche est nécessaire pour résoudre le problème.

Stephen Karimi estime qu’une autre solution consisterait à abandonner la « mentalité de silo » dans le domaine de la recherche – où un scientifique préfère travailler seul – au profit d’une recherche collaborative.

« Outre l’absence de réglementation pour guider le partage de données, de nombreuses institutions n’ont pas été en mesure de guider leurs chercheurs sur la manière de protéger leurs droits de propriété intellectuelle, ce qui fait craindre aux scientifiques que le partage entraînerait la perte de leurs travaux », a-t-il déclaré à SciDev.Net .

L’Observatoire des forêts d’Afrique de l’Est, qui partage des données forestières entre l’Éthiopie, le Kenya, le Mozambique, la Tanzanie et l’Ouganda, est un exemple d’initiative qui aide à surmonter le défi des données dans le cadre des travaux de conservation.

Dirigé par le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), l’observatoire affirme travailler sur un système fiable pour aider les pays à surveiller et à rendre compte de leurs obligations climatiques depuis 2020.

« Les forêts jouent un rôle important dans l’observation du climat et les écosystèmes sont de plus en plus menacés par les activités humaines, d’où la nécessité d’observer et de rendre compte de leur état de santé », a déclaré Ivy Amugune, chargée de recherche à l’observatoire.

Elle a déclaré que l’observatoire travaillait sur un cadre politique de partage de données forestières et a ajouté que « bien qu’il y ait eu une appréhension notable en matière de partage de données, nous sommes heureux d’annoncer que les membres ont montré beaucoup d’intérêt pour le cadre de partage que nous préparons. »

La version originale de cet article a été produite par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.