16/11/23

Les promesses sur la tuberculose ne rassurent pas

TB
Davantage de financements sont nécéssaires pour combattre le bacille de Koch, la bactérie resoponsable de la tuberculose. Crédit image: NIAID (CC BY 2.0 )

Lecture rapide

  • Les dirigeants du monde ont promis des milliards de dollars et adopté une déclaration sur la tuberculose
  • Les promesses de lutte contre la tuberculose faites en 2018 ont connu des milliards de dollars de déficit
  • La communauté de la santé affirme que les dirigeants doivent se montrer plus responsables cette fois

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Les dirigeants mondiaux doivent être tenus responsables de leurs engagements renouvelés pour mettre fin à la tuberculose , y compris l’homologation d’un nouveau vaccin, a exhorté la communauté mondiale de la santé à la suite d’une réunion très attendue des Nations Unies à New York.

Des applaudissements ont eu lieu dans la salle de conférence du siège de l’ONU le vendredi 22 septembre, lorsque les dirigeants ont approuvé une déclaration politique promettant des milliards de dollars de financement et fixant des objectifs ambitieux pour les cinq prochaines années afin de mettre fin à l’épidémie mondiale de tuberculose.

Cependant, les objectifs et les engagements fixés lors de la précédente réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose en 2018 n’ayant pas été atteints, certains sont restés plus circonspects.

“Je salue la Déclaration politique de 2023, mais nous avertissons respectueusement nos gouvernements que nous ne permettrons pas que les personnes touchées par ce fléau soient à nouveau abandonnées”

Stephen Mule, Global TB Caucus

Le député kenyan Stephen Mule, coprésident régional pour l’Afrique anglophone du Global TB Caucus, un réseau de représentants politiques qui soutiennent les efforts visant à mettre fin à la tuberculose, a déclaré que les engagements devaient être suivis de près.

« Nous serions dans une situation très différente » si les objectifs de 2018 avaient été pleinement mis en œuvre, a-t-il déclaré.

« Je salue la Déclaration politique de 2023, mais nous avertissons respectueusement nos gouvernements que nous ne permettrons pas que les personnes touchées par cet ancien fléau soient à nouveau abandonnées », a martelé Stephen Mule.

Les objectifs adoptés par les dirigeants mondiaux pour les cinq prochaines années incluent 90 % de personnes bénéficiant de services de prévention et de soins de la tuberculose, utilisant un test rapide recommandé par l’OMS pour diagnostiquer la tuberculose et offrant des avantages sociaux à toute personne atteinte de la maladie.

La déclaration s’engage également à autoriser au moins un nouveau vaccin antituberculeux et à combler les déficits de financement pour la mise en œuvre et la recherche contre la tuberculose d’ici 2027.

Le seul vaccin antituberculeux homologué a été développé il y a plus d’un siècle et, bien qu’il protège les jeunes enfants , il ne protège pas suffisamment les adolescents et les adultes, qui représentent l’essentiel de la transmission de la tuberculose.

En prélude à la réunion de New York, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a lancé un conseil dédié aux vaccins contre la tuberculose afin d’accélérer le développement, l’homologation et le déploiement de nouveaux vaccins.

Afin d’atteindre ces nouveaux objectifs, les États membres se sont engagés à augmenter le financement mondial de la lutte contre la tuberculose de 5,4 milliards de dollars par an à 22 milliards de dollars par an d’ici 2027, puis à 35 milliards de dollars d’ici 2030.

Les pays ont également convenu de multiplier par cinq le financement de la recherche et de l’innovation sur la tuberculose, promettant de mobiliser 5 milliards de dollars par an d’ici 2027. Cet argent servira au développement de diagnostics et de vaccins, ainsi qu’à des traitements plus courts et plus sûrs que les schémas thérapeutiques actuels.

Objectifs précédents non atteints

Cependant, selon l’OMS , les objectifs antérieurs en matière de lutte contre la tuberculose ne sont toujours pas atteints, en raison des perturbations causées par la COVID-19 et des conflits en cours.

Entre 2018 et 2022, l’objectif était de soigner 40 millions de personnes atteintes de tuberculose, mais le chiffre atteint n’a été que de 34 millions. Par ailleurs, seulement 15,5 millions des 30 millions de personnes ciblées ont pu accéder à un traitement préventif.

En 2018, les gouvernements s’étaient engagés à augmenter les investissements mondiaux globaux pour mettre fin à la tuberculose à au moins 13 milliards de dollars par an d’ici 2022.

or, en réalité, le financement des services antituberculeux dans les pays à revenu faible ou intermédiaire est passé de 6,4 milliards de dollars en 2018 à 5,8 milliards de dollars en 2022, laissant les programmes antituberculeux avec un déficit de financement de 50 %, a déclaré l’OMS.

Au cours de la même période, le financement annuel de la recherche sur la tuberculose s’est situé entre 0,9 et 1,0 milliard de dollars, soit la moitié de l’objectif fixé en 2018.

Le programme Stop TB Partnership (Partenariat Halte à la tuberculose) a déclaré que les gouvernements devaient en être tenus pour responsables.

« Nous savons que les engagements seuls ne suffisent pas et que les déclarations prendront la poussière sans autre action », a déclaré Lucica Ditiu, directrice exécutive du Partenariat.

« En 2018, les États membres avaient promis de fournir 13 milliards de dollars par an en financement annuel de lutte contre la tuberculose d’ici 2022, mais ils fournissent pourtant moins de la moitié de ce montant. Qui est responsable du non-respect de cette promesse ? » S’interroge-t-elle.

Lucica Ditiu a déclaré que « des efforts et des outils solides en matière de responsabilisation » sont nécessaires pour demander des comptes aux dirigeants et aux groupes.

« Cela commence par la traduction les objectifs et engagements mondiaux au niveau national, sur lequel Stop TB Partnership travaille actuellement ; et par la garantie que la société civile et les communautés travaillant sur la tuberculose disposent de ressources et d’outils nécessaires pour s’assurer que les dirigeants respectent leurs engagements », a-t-elle ajouté.

Madhukar Pai, directeur associé du Centre international de tuberculose McGill, a déclaré à SciDev.Net : « Je pense que le manque de responsabilité rend difficile de savoir si les pays donneront suite à la Déclaration. Même avec une pandémie mondiale, nous ne pourrions pas demander des comptes aux pays.

« Mon seul espoir est que les défenseurs de la tuberculose et les membres de la société civile feront pression pour une plus grande responsabilité de la part des dirigeants. »

Alex Pym, responsable des maladies infectieuses pour l’association caritative britannique de recherche en santé Wellcome, a déclaré que l’engagement en faveur d’un nouveau vaccin était « prometteur ».

« Pendant trop longtemps, le rythme de la recherche et de l’innovation sur la tuberculose a été trop lent », a-t-il déclaré, ajoutant qu’un vaccin et des diagnostics améliorés et accessibles feraient une réelle différence dans la lutte contre la maladie.

Mais, comme d’autres, il a déclaré : « Nous devons maintenant voir ces nouveaux objectifs ambitieux se transformer en actions concrètes. »

La version originale de cet article a été produite par l’édition mondiale de SciDev.Net.