18/11/21

Les pays en développement « profondément frustrés » à l’issue de la COP 26

COP26 protestors
Manifestation à la COP26 la semaine dernière : les observateurs et les délégués ont dénoncé le manque de protection des communautés vulnérables Crédit image: UNclimatechange, (CC BY-NC-SA 2.0).

Lecture rapide

  • Un accord final a été trouvé à la COP26 après deux semaines de négociations
  • Des observateurs et des délégués dénoncent le manque de protection des communautés vulnérables
  • Le plan de financement des « pertes et dommages » a été abandonné

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Les engagements climatiques finalisés à la COP 26 seront trop limités et trop tardifs pour protéger les communautés vulnérables vivant déjà avec les impacts de la crise climatique, ont déclaré des délégués et des observateurs du monde entier.

Alors que des progrès ont été réalisés lors du sommet de Glasgow sur l’ambition de réduire les émissions de gaz à effet de serre, des acteurs estiment que le soutien financier essentiel aux pays en développement et aux Etats vulnérables a été perdu dans les dernières heures des négociations.

Avec des décisions sur la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, l’Accord de Paris et le Protocole de Kyoto rendues samedi, Frank Bainimarama, Premier ministre de l’État insulaire de Fidji, a déclaré que « l’objectif de 1,5 degré quitte Glasgow meurtri, mais vivant ».

“Les pertes et les dommages sont désormais une priorité politique comme jamais auparavant et la seule issue est qu’ils finissent par être pris en compte”

Mohamed Adow, Power Shift Africa

Les petites nations insulaires et les pays en développement se sont battus intensément pendant deux semaines pour obtenir des engagements visant à éliminer progressivement l’utilisation des combustibles fossiles, ainsi qu’à obtenir le financement pour les pertes et dommages (c’est-à-dire les préjudices irréversibles causés par le changement climatique), l’adaptation et l’atténuation.

Alors que les projets de décisions promettaient d’atteindre ces objectifs, les délégués ont accepté, « dans un esprit de compromis », l’option de réduire progressivement – plutôt que de supprimer progressivement – l’énergie au charbon, ainsi qu’un revirement concernant un plan clair pour un mécanisme de financement des pertes et dommages.Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré que le sommet n’avait pas atteint les objectifs clés liés à la tarification du carbone, à la fin des subventions faites aux combustibles fossiles et à la réalisation de la promesse de 100 milliards de dollars américains par an de financement climatique pour les pays en développement.

Mais, a-t-il indiqué, il y a des « éléments constitutifs du progrès » dans les textes finaux, qui « réaffirment la détermination » de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius, de stimuler le financement climatique pour l’adaptation et de reconnaître la nécessité de renforcer le soutien aux pays vulnérables pour les pertes et dommages.

« Protéger les pays des catastrophes climatiques n’est pas de la charité. C’est de la solidarité et de l’intérêt personnel éclairé », a déclaré Antonio Guterres.

« Nous avons une autre crise climatique aujourd’hui. Un climat de méfiance gagne le globe. L’action climatique peut aider à rétablir la confiance et à restaurer la crédibilité », ajoute-t-il.

Les petits États insulaires ont appelé à plusieurs reprises à soutenir les communautés qui font déjà face à l’élévation du niveau de la mer et qui subissent déjà des pertes et dommages.

Priorité politique

Saleemul Huq, directeur du Centre international pour le changement climatique et le développement, au Bangladesh, a déclaré qu’une proposition de création d’un centre pour les pertes et dommages à Glasgow avait été soumise par 138 pays en développement représentant cinq milliards de personnes.

Il a ajouté que les pays vulnérables et les pays en développement étaient « profondément frustrés » que la référence à cette facilité ait été supprimée du texte final, affirmant que le Royaume-Uni, en tant que président de la COP, avait été « intimidé » dans le compromis.

Mohamed Adow, directeur du groupe de réflexion « Power Shift Africa » basé à Nairobi, a déclaré qu’il était décevant que les pays vulnérables au climat n’aient « rien à montrer » pour leur travail acharné.

« Mais les pertes et les dommages sont désormais une priorité politique comme jamais auparavant et la seule issue est qu’ils finissent par être pris en compte », a-t-il ajouté.

« Nous partons les mains vides, mais moralement plus forts et espérons que nous pourrons maintenir l’élan au cours des années à venir pour apporter un soutien significatif qui permettra aux [pays] vulnérables de faire face aux impacts irréversibles du changement climatique créés par le monde polluant qui refuse de prendre ses responsabilités », affirme Mohamed Adow.

Le président de la COP, Alok Sharma, a partagé cette frustration à propos des changements apportés au libellé relatif à l’élimination progressive du charbon, semblant fondre en larmes alors qu’il s’excusait pour la façon dont le processus s’était déroulé.Beaucoup ont pointé du doigt l’Inde pour son langage édulcoré sur les combustibles fossiles. Mais Brandon Wu, directeur des politiques et des campagnes de l’organisation à but non lucratif ActionAid USA, a déclaré que blâmer l’Inde avait conduit à négliger les questions d’équité.

« Le problème n’est pas l’Inde ; le problème est que les États-Unis et les pays riches refusent de placer l’élimination des combustibles fossiles dans le contexte de l’équité mondiale », a-t-il martelé.

Brandon Wu a souligné qu’une élimination progressive et équitable des combustibles fossiles placerait « l’essentiel du fardeau sur les États-Unis et les pays riches ».

La ministre de l’Environnement des Maldives, Shauna Aminath, a déclaré que la COP 26 avait été une autre discussion qui a laissé leurs pays en danger, tandis que ceux qui avaient le choix ont décidé à quelle vitesse ils voulaient agir.

« Nous avons entendu dire que la technologie est disponible. Nous savons que des milliards de dollars sont dépensés en combustibles fossiles », a-t-elle affirmé.

« Nous savons donc qu’il ne s’agit pas de l’absence de l’un ou de l’autre. Nous avons 98 mois pour diviser par deux les émissions mondiales. La différence entre 1,5 et 2 degrés est un arrêt de mort pour nous », a-t-elle conclu.

La version originale de cet article a été produite par l’édition mondiale de SciDev.Net.