05/11/21

Des délégués du Sud « exclus des négociations à la COP26 »

CAN-presser
Harjeet Singh, conseiller principal au Climate Action Network International, et Catherine Abreu, fondatrice et directrice exécutive de l'organisation à but non lucratif Destination Zero, lors de la COP26 le mercredi 3 novembre.

Lecture rapide

  • Vaccins, problèmes de visa, restrictions dues à la COVID-19 ont entravé la participation à la COP26
  • Observateurs et Organisations de la société civile du Sud « n'ont pas de place dans les négociations »
  • Une action urgente est nécessaire pour résoudre les problèmes de participation

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Une révolution est nécessaire pour mettre fin à l’exclusion « scandaleuse » de la société civile et des pays du Sud des grands pourparlers internationaux, ont déclaré les défenseurs du développement qui accusent la COP26 d’être le sommet sur le climat le moins inclusif depuis une décennie.

Les complications liées aux vaccins et aux visas, associées aux restrictions imposées par la COVID-19 sur la capacité d’accueil des espaces de négociation officiels, ont laissé la société civile et les scientifiques du Sud en dehors des principales procédures à Glasgow, au Royaume-Uni, selon ces experts.

Ils pensent que les organisateurs du sommet de l’ONU ont l’obligation légale de veiller à ce que les personnes les plus touchées par le changement climatique puissent contribuer aux négociations et aux groupes de travail.

“Nous assistons au début d’une conférence des partis qui est la moins inclusive depuis plus d’une décennie”

Sébastien Duyck, Center for International Environmental Law

Sébastien Duyck, avocat principal au Center for International Environmental Law, déclare que « les gens sont venus de toutes les régions, malgré tous les obstacles – le coût économique pour être ici à Glasgow, les risques pour la santé associés au retour dans leurs communautés – pour participer au processus. »

Mais il déclare que sur les milliers d’observateurs accrédités venant de pays du Sud, des communautés autochtones et des organisations environnementales, « quatre représentants ont été autorisés dans toute la salle où se déroulent les négociations. Pas seulement dans le segment de haut niveau de cette COP, mais, dans l’ensemble de la zone de travail où se déroulent les véritables négociations. »Sébastien Duyck déclare qu’avec au moins six négociations se déroulant à la fois, cela signifie que le Sud et la société civile sont absents de certains processus.

« Nous assistons au début d’une conférence des partis qui est la moins inclusive depuis plus d’une décennie », affirme-t-il.

Sébastien Duyck ajoute que « les restrictions liées à COVID-19 ne peuvent pas justifier le fait qu’un réseau entier d’organisations environnementales et de développement soit autorisé à n’envoyer que quatre délégués dans la zone de négociations. »

L’une des seules actions de la société civile autorisée à ce jour dans la zone bleue – la zone réglementée de la COP26 – a été annulée mercredi, alors que le service de sécurité luttait pour contrôler le nombre de journalistes et de sympathisants qui s’étaient réunis pour voir les communautés autochtones protester contre un événement sur les marchés du carbone.Sébastien Duyck a appelé le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le Royaume-Uni, en tant qu’hôtes, à prendre des mesures immédiates pour garantir que les voix des communautés vivant avec les impacts du changement climatique soient « effectivement et significativement entendues dans les salles de négociation ».

Le gouvernement britannique avait promis que l’événement serait la COP la plus inclusive jamais organisée.

Le Secrétariat de la CCNUCC n’avait pas répondu à la sollicitation de SciDev.Net au moment de la publication de cet article.

L’équipe d’organisation de la COP26 s’est excusée mardi pour les retards importants observés dans l’accès des délégués sur le site et pour les problèmes techniques qui avaient rendu difficile l’accès à la plate-forme numérique où les événements sont diffusés en continu.

Danny Sriskandarajah, directeur général de l’organisation caritative britannique Oxfam GB, a déclaré à SciDev.Net que la participation était vitale au sommet, car les personnes qui n’avaient « presque en rien » contribué à la crise climatique vivaient avec ses impacts désastreux.

« Leurs voix sont à peine entendues dans ce genre d’environnement. Nous devons combler cet écart relevé dans la participation si nous voulons avoir une sorte de processus réussi autour du changement climatique », a-t-il dit.

Je suis un activiste indigène du nord de l’Ouganda. Voici ma ferme, mes cultures ont échoué du fait d’un retard de croissance à cause de trop de pluies.

Nous souffrons à cause de la crise climatique et pourtant, ma communauté ne sera pas représentée @COP26 #COP26 @AlexandriaV2005 @vanessa_vash @NaomiAKlein pic.twitter.com/DW7BS88LHI

— Mustafa Gerima (@GerimaMustafa) 1er novembre, 2021

Les processus intergouvernementaux génèrent un « double déficit démocratique », soutient Danny Sriskandarajah, car les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées sont exclues de leurs systèmes politiques nationaux, entraînant leur plus grande invisibilité au niveau mondial.

« Les personnes dont la vie est affectée maintenant sont privées à deux niveaux de la possibilité d’influencer ce genre de processus qui devrait, au fond, être une question de justice envers elles », ajoute-t-il.

« Nous avons besoin d’une révolution en matière de participation », conclut Danny Sriskandarajah.

Plusieurs délégués du Nord ont confié à SciDev.Net que leurs collègues du Sud se sont vu refuser ou retarder le visa, ce qui leur a fait manquer des allocutions.

La directrice exécutive du mouvement Act On Sahel, Kaossara Sani, du Togo, fait savoir qu’elle est « une voix manquante dans le débat et les négociations sur le climat » et se demande pourquoi les gens les plus touchés par le changement climatique sont exclus.

La version originale de cet article a été produite par l’édition mondiale de SciDev.Net.