18/11/22

L’Afrique confrontée à un stress hydrique qui pourrait s’accentuer

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Avec le stress hydrique, l'accès à l'eau est de plus en plus difficile en Afrique. Crédit image: Charles Nambasi de Pixabay

Lecture rapide

  • La hausse des températures en Afrique (+0,3°C par décennie de 1991 à 2021) dépasse la moyenne mondiale
  • La demande en eau, la chaleur et la sécheresse, vont exercer plus de pression sur les ressources en eau
  • Comme solutions, les experts proposent une coopération transfrontalière et le recyclage des eaux usées

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[DOUALA] Le rapport intitulé « État du climat en Afrique 2021 », publié le 8 septembre 2022 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) indique que les pays de l’Afrique connaitront bientôt un stress hydrique.

Il explique que le taux d’élévation des températures en Afrique, d’environ +0,3 °C par décennie de 1991 à 2021, est plus rapide que la moyenne mondiale et qu’en Afrique, la température moyenne de l’air à proximité de la surface se situe, d’après les estimations, à 0,68 °C au-dessus du niveau de référence.

Ledit rapport s’appuie d’une part sur la superficie du Lac Tchad qui a diminué de 90% depuis 1960; entrainant la réduction des terres cultivables, une baisse de la production piscicole et un appauvrissement de la biodiversité biologique dans le bassin du Tchad.

“L’augmentation de la consommation d’eau, conjuguée à la fréquence accrue des sécheresses et des épisodes de chaleur, pourrait exercer une pression supplémentaire sur les ressources en eau déjà limitées et entraver sérieusement l’accès à l’eau potable”

Sarah Diouf, OMM

Sarah Diouf expert scientifique à l’OMM, s’appuie d’autre part sur les constats faits en Afrique de l’Ouest avec l’augmentation de la température moyenne et une hausse des fréquences des sécheresses du fait du déclin à long terme du débit des fleuves.

A cela s’ajoute selon le même rapport, environ 418 millions de personnes en Afrique qui n’ont pas accès à un service d’eau potable, 779 millions de personnes ne disposant pas de services d’assainissement de base et 839 millions qui manquent de services d’hygiène de base.

« L’augmentation de la consommation d’eau, conjuguée à la fréquence accrue des sécheresses et des épisodes de chaleur, pourrait exercer une pression supplémentaire sur les ressources en eau déjà limitées et entraver sérieusement l’accès à l’eau potable », précise Sarah Diouf

« De plus, les restrictions de disponibilité et la rareté de l’eau se sont déjà révélées être des sources de conflits en Afrique, affectant ainsi des personnes déjà sujettes à des difficultés économiques », poursuit-elle.

Au Cameroun, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED) constate que ce rapport vient confirmer les résultats obtenus par l’observatoire national des changements climatiques (ONAC), une structure rattachée à ce ministère.

«Dans notre pays en ce moment, il y a une variabilité forte au niveau des saisons. Les saisons de pluie sont plus courtes et les quantités de pluie aussi. Et parfois quand il pleut, on a en un jour des quantités de pluie qu’on avait en une semaine. Le Cameroun étant l’Afrique en miniature, on peut donc croire que l’Afrique toute entière est exposée à un stress hydrique », explique Mme Mbarga, responsable changements climatiques à la délégation du MINEPDED dans la région de Douala.

Recyclage

Une situation qui n’est pas sans conséquences à en croire, Jules Romain Ngueguim, chercheur à l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD). « Il faut noter que le climat a depuis toujours fluctué du fait de la coexistence de phénomènes naturels et anthropiques », dit-il.

« Dans un tel contexte, les pauvres sont les plus affectés pour diverses raisons ; notamment leur faible pouvoir d’achat, leur dépendance à l’agriculture de subsistance entièrement dépendante du climat. Et donc, un petit retard des précipitations défait le calendrier agricole et impacte négativement la production, les revenus des paysans, l’autosuffisance alimentaire et la qualité de vie ».

Comme solution dans le domaine de la pisciculture par exemple dont il est expert, Jules Romain Ngueguim estime qu’il faut encourager les techniques modernes de recyclage d’eau qui peut se faire à l’aide de filtre ou de plantes épuratrices.On peut également associer, selon lui, l’élevage en utilisant les eaux usées riches en matière organique pour la culture de salades. Il faudra travailler aussi sur les techniques modernes de construction de dispositif d’élevage qui réduisent les pertes d’eau par évaporation tel que les chutes etc.

Pour une gestion plus intégrée des ressources en eau, le rapport de l’OMM propose aux pays africains, la coopération transfrontalière, à travers les échanges de données et le partage des connaissances, la diversification des cultures et l’utilisation de cultures plus résistantes à la sécheresse.

Le tout s’ajoutant à l’adoption de politiques d’investissements pour la gestion des ressources en eau et d’assainissement.