17/02/22

Une déclaration à Kigali pour éradiquer les maladies tropicales négligées

MTN
Dépistage du trachome en Tanzanie. Crédit image: by RTIfightsNTDs ()

Lecture rapide

  • Les maladies tropicales négligées touchent plus d’un milliard de personne dans le monde
  • L’OMS ambitionne d’éradiquer ces maladies d’ici à 2030
  • La Déclaration de Kigali vise à mobiliser la volonté politique afin d’atteindre cet objectif

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[COTONOU] Les dirigeants de plusieurs pays du monde se sont engagés à mettre fin aux maladies tropicales négligées (MTN) d’’ici à 2030.

Cet engagement a été pris le 27 janvier 2022, lors d’une rencontre organisée à Kigali, au Rwanda, relative au coup d’envoi de la Déclaration de Kigali sur les MTN.

La Déclaration de Kigali est une nouvelle déclaration politique qui s’appuie sur la Déclaration de Londres et sur la nouvelle feuille de route 2021-2030 de l’Organisation mondiale de la santé sur les MTN pour en finir avec ces maladies.

“La Déclaration de Kigali constitue un puissant outil. Elle pourra permettre d’avoir une approche holistique de lutte intégrée contre ces maladies et en même temps contre la pauvreté”

Wilfrid Batcho, ministère de la Santé, Bénin

Elle met l’accent sur « l’appropriation nationale des programmes MTN, l’intégration et la collaboration intersectorielle pour s’assurer que ces programmes sont durables à long terme ».

Le but de la Déclaration de Kigali est de mobiliser la volonté politique, l’engagement communautaire, les ressources et l’action nécessaires pour mettre fin à la souffrance que causent les MTN.La présidente de la République de Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a déclaré lors de la rencontre que le leadership et l’appropriation par les pays sont les solutions pour pouvoir arriver conséquemment à mettre fin à ces maladies. Elle a d’ailleurs appelé les dirigeants mondiaux à s’engager et à approuver cette Déclaration.

Le Premier ministre de la République du Rwanda, Edouard Ngirente, a aussi invité les pays africains à adopter la Déclaration pour engager les actions en vue de l’élimination des MTN dans les deux décennies à venir.

« Davantage d’engagements et d’approbations de la Déclaration de Kigali sur les maladies tropicales négligées (MTN) sont nécessaires, pour assurer un avenir meilleur à notre peuple et atteindre les objectifs de 2030 », a-t-il dit.

Intégration des stratégies

Interrogé par SciDev.Net, Wilfrid Batcho, ancien coordonnateur du Programme national de lutte contre les maladies transmissibles (PNLMTN) au ministère de la Santé du Bénin, laisse entendre qu’il est possible de contrôler, d’éliminer ou d’éradiquer ces maladies, à condition « d’adopter une approche d’intégration des stratégies ».

« Les stratégies de lutte contre les MTN étant simples, avec des médicaments à moindre coût, l’intégration de la lutte serait salutaire pour les pays africains dans le contexte de la COVID-19 », explique Wilfrid Batcho.

Il ajoute qu’en dehors de l’intégration des stratégies, la lutte doit être multisectorielle. Avec une plus grande implication des autres secteurs de développement, en sachant que les MTN sont des maladies de la pauvreté.

A l’en croire, « la Déclaration de Kigali constitue un puissant outil. Elle pourra permettre d’avoir une approche holistique de lutte intégrée contre ces maladies et en même temps contre la pauvreté. Les MTN entretiennent le cycle de la pauvreté. De ce fait, la lutte pour leur élimination passe nécessairement par la lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme et pour le développement ».

Défis

Selon Thoko Elphick-Pooley, directeur de Uniting to Combat Neglected Tropical Diseases (un collectif de partenaires travaillant pour vaincre les maladies tropicales négligées), la Déclaration de Londres lancée en 2012 et qui a pris fin en 2020, a permis à plus d’un milliard de personnes de recevoir des traitements contre les MTN chaque année pendant cinq années consécutives.

Les succès enregistrés, a expliqué à SciDev.Net Thoko Elphick-Pooley, incluent aussi l’élimination d’au moins une MTN dans 35 pays, portant le total à ce jour à 43 pays et la réduction de 600 millions du nombre de personnes nécessitant désormais des traitements contre les maladies tropicales négligées.

La Déclaration de Kigali reconnaît que des défis tels que le changement climatique, les conflits, les menaces zoonotiques et environnementales émergentes pour la santé entravent les efforts visant à éliminer les MTN.

Elle reconnaît aussi l’existence de lacunes majeures dans les ensembles d’interventions actuels de modèles de diagnostic, de traitement et de prestation de services.

Selon Thoko Elphick-Pooley, la COVID-19 a affecté les services de santé essentiels à travers le monde, les programmes MTN ayant été particulièrement perturbés.

« Une action concertée est nécessaire pour éviter que la COVID-19 et les futures pandémies ne détruisent des années de progrès et n’exposent des millions de personnes aux MTN », martèle ce dernier.Thoko Elphick-Pooley pense que « si les pays, les donateurs et tous les groupes et parties prenantes énumérés dans la Déclaration de Kigali s’engagent à respecter l’esprit de la Déclaration, cela conduira aux réalisations de la feuille de route MTN 2021-2030 de l’Organisation mondiale de la santé ».

Pour lui, les engagements contenus dans la Déclaration « contribueront à soutenir l’éradication de deux MTN, l’élimination d’une MTN dans 100 pays et la réduction globale de 90 % du nombre de personnes nécessitant une intervention contre les MTN ; libérant ainsi plus de 1,5 milliard de personnes du risque de ces maladies », a-t-il indiqué.

Les MTN regroupent 20 maladies comme le trachome, les vers intestinaux et l’éléphantiasis. Ces maladies touchent encore 1,7 milliard de personnes dans le monde notamment dans les pays pauvres.

Les 10 pays les plus touchés en 2020 sont l’Inde, le Nigeria, l’Indonésie, l’Ethiopie, le Bangladesh, la République Démocratique du Congo, les Philippines, la Tanzanie, le Pakistan et le Myanmar.