25/02/21

Renforcer la recherche pour combattre les maladies tropicales négligées

"Leprosy Patient" by ReSurge International is licensed under CC BY-NC-ND 2.0
Quelques cas de lèpre ont été enregistrés ces derniers temps en Côte d'Ivoire. Crédit image: ReSurge International (CC BY-NC-ND 2.0)

Lecture rapide

  • Le renforcement de la recherche sur ces maladies s’impose du moment que celles-ci sont évolutives
  • Certaines de ces maladies, à l’instar de la lèpre, sont directement liées à la pauvreté
  • Plus de financements doivent être alloués à la recherche scientifique qui est un outil d’aide à la décision

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[ABIDJAN] En participant à la toute première célébration en Côte d’Ivoire de la journée mondiale de lutte contre les maladies tropicales négligées le 30 janvier dans la ville de Daloa, j’ai retenu que seule la recherche scientifique permettra d’éradiquer ces pathologies dans le pays.

C’est Jean-Marie Yaméogo, le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Côte d’Ivoire, qui a donné le ton en rappelant que la recherche scientifique fait partie des stratégies préconisées par l’OMS.

« Il faut continuer à renforcer nos connaissances, à trouver des évidences, parce qu’on ne connaît pas tout sur les maladies. Elles sont évolutives, surtout les maladies à potentiel épidémique et endémique », a-t-il affirmé.

“Il faut continuer à renforcer nos connaissances, à trouver des évidences, parce qu’on ne connaît pas tout sur les maladies. Elles sont évolutives, surtout les maladies à potentiel épidémique et endémique”

Jean-Marie Yaméogo, OMS Côte d’Ivoire

« Donc nous continuons la recherche qui accompagne la prise de décision et qui accompagne aussi la découverte de nouveaux traitements et de nouvelles molécules pour pouvoir adresser toutes les mutations possibles de ces germes. La recherche se poursuivra et sera dans l’agenda de l’OMS », a ajouté Jean-Marie Yaméogo.

Mais, avec un peu de recul, j’ai eu l’impression que dans notre contexte, cela est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Surtout après avoir écouté d’autres participants, à l’instar de Solange Kakou-Ngazoa de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire.

« Nous avons un problème de financement des laboratoires avec un manque de personnel et de compétences, un budget faible pour les laboratoires et dépendant du gouvernement », a-t-elle rappelé.

Un avis renforcé par Raphaël N’dri de l’OMS Côte d’Ivoire qui a fait savoir que « les mesures financières ne sont pas à la hauteur de l’impact de ces maladies ». Pourtant, a-t-il souligné, « on a besoin de faire beaucoup de recherches ; il y a une négligence à ce niveau ».

Cette manifestation a été aussi l’occasion d’apprendre que douze maladies tropicales négligées sont toujours endémiques en Côte d’Ivoire. A savoir l’onchocercose, la filariose lymphatique, la schistosomiase, les géohelminthiases, le trachome, la trypanosomiase humaine africaine, l’ulcère de Buruli, la lèpre, la dracunculose, le pian, la gale et les envenimations.

Mais, la lèpre semble être celle qui demeure la plus menaçante, surtout dans le contexte actuel marqué par la COVID-19. Cette journée su 30 janvier marquait d’ailleurs la 68è Journée mondiale des lépreux.En effet, alors que le seuil de l’élimination a été atteint en 2001 en tant que problème de santé publique soit moins de 1 cas pour 10 000 habitants, l’on a appris que 567 nouveaux cas ont été dépistés récemment avec 7,76% d’enfants et 22,57% d’infirmités de degré 2, selon la note d’orientation du panel sur la maladie.

Pierre Yves Thiebault, président du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau spécialisée dans la lutte contre la lèpre, estime que « pour les malades de la lèpre, la pandémie de la COVID-19 entraîne une double peine ».

« Le ralentissement du dépistage et des activités du fait de la COVID-19 a impacté davantage les malades de la lèpre que les autres populations. Ce sont des gens exclus qui sont exclus une deuxième fois. C’est une peine que nous avons pour eux », dit-il.

Mais, par-dessus tout, Pierre Yves Thiebault soutient que « la carte de la lèpre est superposable à la carte de la pauvreté dans le monde. Actuellement on n’arrive pas à éradiquer la pauvreté. Donc on aura du mal à éradiquer la lèpre. Mais, on a bon espoir qu’on pourra arriver à la contrôler d’ici 2030. »

« C’est la population rurale qui est touchée par les maladies tropicales négligées, raison de plus pour mener une action multisectorielles », préconise pour sa part Marcellin Assiè, directeur-coordonnateur du Programme national pour l’élimination de la lèpre (PNEL).

Pour ma part, je reste convaincu qu’une mobilisation des scientifiques de la santé publique est indispensable pour venir à bout de cette maladie et des autres maladies tropicales négligées.