29/11/13

La communauté scientifique prône une meilleure synergie avec les décideurs

Maize Breeder in Zambia
Crédit image: Flickr/CIMMYT

Lecture rapide

  • L'étude constate que les décideurs africains recourent peu aux résultats de la recherche dans les processus décisionnels
  • Les chercheurs recommandent par conséquent l'abandon de l'approche concurrentielle des relations entre la société civile et les entités de recherche
  • Ils préconisent également la mise en place de structures de concertation entre les deux parties

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La recommandation a été rendue publique le 21 novembre à Dakar, à l’occasion d’un atelier de restitution d'une étude portant sur les relations entre les chercheurs et les Organisations de la société civile (OSC).
 
L'objectif est d'améliorer les relations entre ces deux entités.
 
Dans la plupart des pays africains, très peu de décideurs ont recours aux travaux des chercheurs pour prendre des décisions.
 
Une étude réalisée par l’Unesco sur "Les fonds de documents et d'archives dans la prise de décision" démontre que les archives administratives ne sont guère utilisées pour prendre des décisions.
 
"Au Sénégal, l'Etat avait importé des semences alors qu'il y avait des semences disponibles à l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (Isra)", a ainsi confié à SciDev.Net, le directeur exécutif de l'Ipar, Cheikh Oumar Bâ.
 
Les travaux ont porté sur trois pays d’Afrique de l’ouest: le Sénégal, le Bénin, le Ghana et un pays d’Afrique centrale, le Cameroun.
 
Selon l’étude, la relation entre OSC et chercheurs est marquée, entre autres, par une certaine concurrence, alors qu’il devrait y avoir une complémentarité, dans la mesure où, comme le souligne M. Bâ, "les OSC sont les premières utilisatrices des résultats de recherche."
 
Et de souligner le manque de structures de concertation entre ces deux entités.
 
Les travaux des chercheurs ont par ailleurs fait ressortir "l'académisme théorique" des chercheurs, face au "pragmatisme utilitariste" des décideurs ou des praticiens.
 
C’est pourquoi,  de façon plus spécifique, le directeur exécutif de l’Ipar préconise à l’endroit des chercheurs de mettre en place une bonne approche de dissémination des résultats de leur recherche, tout en les rendant "plus accessibles aux utilisateurs finaux."
 
Pour Cheikh Oumar Bâ, les décideurs doivent d'abord financer et accompagner la recherche.
 
Parallèlement, il faudra adapter la recherche à l'agenda des décideurs politiques et de la société civile.
 
L'Initiative prospective agricole et rurale (Ipar) est un think-tank qui s'occupe des questions de recherche agricole et rurale et plus généralement des questions de développement économique et social dans l'ensemble de  l'Afrique de l'Ouest.
 
Abdoulaye Ndiaye, consultant international en développement et co-auteur de l’ouvrage "Chercheurs et décideurs d'Afrique. Quelles synergies pour le développement?", salue cette étude qui permet de faire avancer les approches de solutions pour mieux valoriser les travaux des travaux de recherche des scientifiques locaux.
 
Pour lui, le développement ne vient pas de l'extérieur. "Les politiques de développement, conçues à l'international, sont toutes vouées à l'échec", a-t-il averti, avant de soutenir que les pays africains ont besoin de solutions endogènes pour se développer.
 
"La plupart des problèmes auxquels sont confrontées les populations africaines ont fait l'objet d'études. Des solutions ont été trouvées, mais celles-ci sont rarement utilisées par les décideurs", a-t-il conclu.