07/05/21

Les prévisions météorologiques, un outil de lutte contre la méningite

anemometer
un anémomètre dans une station météorologique.. Crédit image: Image by RitaE de Pixabay

Lecture rapide

  • La méningite touche plus de 30 000 personnes en Afrique chaque année
  • Les scientifiques utilisent les données météo pour prédire l'emplacement et l'ampleur des flambées imminentes
  • Cette prédiction aide les services de santé au niveau des pays à planifier les interventions d'urgence

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[NAIROBI] Des chercheurs utilisent la surveillance météorologique pour prédire les épidémies imminentes de méningite en Afrique subsaharienne, faisant des prévisions météorologiques un outil possible pour aider les services de santé à lutter contre cette maladie.

La méningite affecte plus de cinq millions de personnes dans le monde chaque année, avec un décès sur dix et deux personnes sur dix qui se retrouvent avec une déficience telle qu’une lésion cérébrale ou une amputation, selon la Meningitis Research Foundation.

“Cette collaboration entre les climatologues et les services de santé nous permet de sauver des vie”

Cheikh Dione, ACMAD

A en croire les responsables du projet, le système d’alerte précoce mis à l’essai dans toute l’Afrique utilise des données météorologiques pour donner, jusqu’à deux semaines à l’avance, l’alerte sur les conditions susceptibles de déclencher une épidémie de méningite,

La technologie est testée par le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (ACMAD) au Niger, et l’initiative African SWIFT[1] dirigée par l’université de Leeds et le Centre national des sciences atmosphériques, tous deux basés au Royaume-Uni.

« La méningite touche plus de 30 000 personnes en Afrique chaque année avec plusieurs milliers de décès », déclare Cheikh Dione, chercheur chez ACMAD et membre du projet African SWIFT. « Nos principales conclusions sont d’opérationnaliser la production d’un système d’alerte précoce sur les flambées de méningite dans la ceinture africaine de la méningite », ajoute-t-il.

Le projet, mené conjointement avec le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique, aide le personnel de santé à comprendre comment le changement climatique est lié aux épidémies de méningite, selon Cheikh Dione.

Il permet également aux climatologues d’évaluer leurs prévisions et de comprendre la réponse des services de santé pour stopper les flambées de méningite.« Cette collaboration entre les climatologues et les services de santé nous permet de sauver des vies », affirme-t-il, ajoutant que le délai permet aux services de santé de mieux faire des planifications dans des endroits aux ressources limitées et permet aux services de santé au niveau des pays d’être au courant de potentielles épidémies.

Les scientifiques impliqués dans le projet affirment que pendant la saison sèche qui dure de janvier à juin, de la poussière épisodique se produit dans le Sahel et le Sahara et elle a une responsabilité dans les épidémies de méningite.

Des prévisions sont générées dans la ceinture africaine de la méningit, qui couvre 26 pays africains, depuis le Sénégal en Afrique de l’Ouest à l’Éthiopie en Afrique de l’Est, explique Cheikh Dione.

Les scientifiques utilisent les données de prévision du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme mises à disposition par l’Organisation météorologique mondiale.

« Sur la base des prévisions hebdomadaires moyennes de température, de vent, d’humidité relative et de concentrations de poussière en surface, nous sommes en mesure de cartographier les zones où des cas ou des épidémies de méningite devraient survenir dans les deux semaines à venir», dit-il.Les prévisions sont générées tous les lundis et envoyées au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, qui distribue ensuite le bulletin ainsi que les cas hebdomadaires de méningite signalés, aux services de santé de chaque pays de la ceinture de la méningite.

« Toutes les deux semaines, nous avons une réunion pour discuter des prévisions, présenter les cas de méningite signalés et faire des recommandations basées sur les cas de méningite observés et les prévisions », dit Cheikh Dione.

Justin Bienvenu Eyong, épidémiologiste à Epicentre Afrique, la branche de recherche de Médecins Sans Frontières, explique à SciDev.Net que la surveillance des facteurs climatiques dans les régions à haut risque peut prédire efficacement les épidémies de méningite.

« Être en mesure de prédire une épidémie signifie que nous avons la possibilité de mieux anticiper la réponse [qui comprend] la vaccination, le renforcement des capacités de diagnostic et de gestion », dit-il.

Dans le contexte du réchauffement climatique, tenir compte la relation entre le climat et la méningite peut aider à anticiper tout futur fardeau supplémentaire pour les systèmes de santé déjà fragiles sur le continent, explique Justin Bienvenu Eyong.

La version originale de cet article a été produite par l’édition anglophone de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.

Références

[1] SWIFT: science for weather information and forecasting techniques (la science pour les informations météorologiques et les techniques de prévision)