13/01/22

Paludisme : une association thérapeutique donne des résultats « formidables »

A child under mosquito net
Un enfant sous une moustiquaire, en prévention du paludisme. Crédit image: DFID - UK Department for International Development (CC BY-NC-ND 2.0)

Lecture rapide

  • Le vaccin RTS,S avec la chimioprévention du paludisme réduit de 70% les cas de paludisme chez l’enfant
  • Une étude montre que cette association réduit aussi de 70% le nombre de décès dus au paludisme
  • Reste à savoir si l’immunité ne baisse pas chez l’enfant à partir de 5 ans après l’arrêt de ce traitement

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[OUAGADOUGOU] Une étude réalisée entre 2017 et 2020 au Mali et au Burkina Faso révèle que l’utilisation du vaccin RTS,S en association avec la chimioprévention[1] du paludisme saisonnier (CPS) réduit significativement les cas graves et la mortalité dus à cette maladie chez les enfants de moins de 5 ans.

Il en ressort en effet que le vaccin RTS,S associé à la CPS réduit de 70% le nombre de cas de paludisme grave et de plus de 70% le nombre de décès dus au paludisme chez les enfants

Cette étude a également montré que la combinaison RTS,S/CPS permet de diminuer aussi les hospitalisations dues au paludisme chez les enfants de plus de 70%. Mieux, elle réduit les cas d’anémie de près de 50% chez les enfants.

“Nous avons eu des résultats formidables. Pour nous les scientifiques, réduire l’incidence du paludisme, éviter à plus de 70% d’enfants de ne pas mourir du paludisme, c’est très important”

Jean Bosco Ouédraogo, IRSS

Menée sur un total de 6000 enfants de 5 à 17 mois à Houndé au Burkina Faso et à Bougouni au Mali, cette étude a été réalisés par des chercheurs de l’Institut de recherche en science de la santé (IRSS) au Burkina Faso, de la Malaria Research and Training Center (MRTC) au Mali et de la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM) au Royaume-Uni.

« Nous avons eu des résultats formidables. Pour nous les scientifiques, réduire l’incidence du paludisme, éviter à plus de 70% d’enfants de ne pas mourir du paludisme, c’est très important pour nous. Même si, c’est un seul enfant qui ne meurt pas, c’est très important », se réjouit Jean Bosco Ouédraogo, l’investigateur principal de l’étude et chercheur à l’IRSS.RTS,S est le tout premier vaccin qui a prouvé son efficacité et qui a été homologué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) contre le paludisme. C’est la raison pour laquelle l’équipe de chercheurs des deux pays l’a associé à la CPS.

« Lorsque nous avions eu nos premiers résultats, l’OMS les a acceptés. Ce sont nos résultats qui ont également permis à l’OMS de recommander qu’on utilise le vaccin RTS,S pour prévenir le paludisme. Et tous les pays maintenant peuvent le faire ; il reste à pouvoir les approvisionner », affirme Jean Bosco Ouédraogo.

Les révélations de cette étude arrivent dans un contexte où le paludisme continue d’être un important fléau dans la région.

Ali Sogli, médecin de santé publique et épidémiologiste à la Direction régionale de la santé du Sud-Ouest au Burkina Faso, fait savoir que rien que pour le district sanitaire de Gaoua dans le Sud-Ouest, on a enregistré 100 325 cas de paludisme simple et 3 824 cas de paludisme grave chez les enfants de moins de 5 ans en 2021.

« Dans notre région, dit-il, la campagne de chimioprévention du paludisme saisonnier se déroule en cinq cycles. Son impact est palpable sur le terrain. Après chaque passage, on note, une baisse considérable des consultations, des hospitalisations et bien entendu des décès pour cause de paludisme ».

Vulgarisation

Pour lui, les récents résultats enregistrés pour l’utilisation du vaccin contre le paludisme avec la CPS sont « salutaires » pour la transition du contrôle du paludisme à son élimination.

« Les résultats de cette étude vont servir le système de santé de tous les pays de la planète », indique Ali Sogli qui espère que la vulgarisation du vaccin RTS,S associé à la CPS ne devrait pas tarder.

« Offrir rapidement ce vaccin aux enfants pourra réduire les décès dus au paludisme dans les localités reculées où l’accès aux centres de santé est une problématique », espère pour sa part Diallo Daouda Bello, agent de santé à base communautaire (ASBC) au centre de santé et de promotion sociale de Wendou dans la ville Dori, à 268 Km de Ouagadougou.

Il préconise par conséquent que le vaccin RTS,S associé à la CPS soit mis à disposition des formations sanitaires pour une meilleure prise en charge des cas de paludisme chez les enfants.En attendant, les chercheurs travaillent déjà sur une extension de l’étude en se penchant notamment sur les risques de contracter le paludisme chez les enfants non concernés par la CPS.

« A 5 ans, ce n’est plus possible pour un enfant de faire partie de la CPS. La question que nous nous posons est celle-ci : si nous arrêtons la CPS à 5 ans, est ce qu’on ne met pas les enfants à risque vis-à-vis du paludisme ? Nous avons voulu avoir la réponse en initiant un projet qui est actuellement en cours pour que d’ici à 2024, nous puissions répondre à cette question », explique Jean Bosco Ouédraogo.

L’autre question qui préoccupe les chercheurs est celle de savoir si l’immunité vis-à-vis du paludisme chez le patient ne va pas diminuer avec l’arrêt de l’administration du vaccin associé à la CPS à l’âge de 5 ans.

Références

[1] Selon l’OMS, la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) consiste en un cycle de traitement complet par la sulfadoxinepyriméthamine (SP) et l’amodiaquine (AQ) administré à des enfants âgés de 3 à 59 mois à intervalles d’un mois, à partir du début de la saison de transmission (dans les zones où les deux médicaments conservent une efficacité antipaludique suffisante). Elle est recommandée dans les zones de la sous-région du Sahel où la transmission saisonnière est forte.