24/12/20

Les fêtes pourraient faire grimper les cas de COVID-19 en Afrique

Peacekeeping - AMISOM" by United Nations Photo is licensed under CC BY-NC-ND 2.0

Lecture rapide

  • La variation hebdomadaire de 40% des nouveaux cas de COVID-19 en Afrique est la plus élevée au monde
  • Les scientifiques craignent que la saison des fêtes puisse encore accélérer la propagation de nouveaux cas
  • Un expert recommande aux gens d'éviter les voyages et les rassemblements pendant la période des fêtes

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[LE CAP] Alors que les vacances de Noël et du Nouvel An commencent et qu’une certaine complaisance autour des mesures de sécurité s’installe, les scientifiques préviennent qu’il pourrait y avoir une augmentation des cas de COVID-19 à travers l’Afrique.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’Afrique a enregistré 74 489 cas de COVID-19 en sept jours avant le 13 décembre, ce qui représente une variation de 40% du nombre des nouveaux cas par rapport à la semaine précédente. Cette variation hebdomadaire en pourcentage est la plus élevée au monde, suivie de celle du Pacifique occidental (13%) et des Amériques (11%).

« Nous sommes préoccupés par une propagation de la COVID-19 pendant la saison des vacances, en particulier sur l’ensemble du continent », déclare Wessam Mankoula, responsable du centre des opérations d’urgence aux Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), dans une interview avec SciDev.Net. « Cependant, cela dépendra du comportement des gens pendant cette période et de leurs dispositions à respecter les mesures de protection. »

“Nous sommes préoccupés par une propagation de la COVID-19 pendant la saison des vacances, en particulier sur l’ensemble du continent”

Wessam Mankoula, Africa CDC

Il suggère que les gens fassent attention et se renseignent sur la COVID-19 dans leur communauté avant de décider de voyager ou de rencontrer d’autres personnes pendant la saison des vacances. « Soyez conscients de ce que s’il y a des cas sporadiques dans la communauté, ou s’il y a un grand nombre de cas qui venaient à se rassembler, il y aurait un risque élevé », ajoute-t-il.

Les gouvernements africains ont agi rapidement dans les premiers jours de la pandémie et ont imposé des restrictions telles que l’interdiction des rassemblements sociaux et des voyages pour contenir la propagation du COVID-19. Mais ceux-ci ont été assouplis dans certains pays comme le Kenya, le Rwanda et le Sénégal, qui ont repris leurs vols internationaux en août.

L’Afrique du Sud compte actuellement le plus grand nombre de cas de COVID-19 sur le continent, selon les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. Cependant, les experts s’inquiètent d’une deuxième vague généralisée résultant des voyages et des célébrations pendant la période des fêtes.

Ceux qui empruntent les trains et les transports publics doivent également être vigilants. « Quand nous avons des rassemblements, nous avons des participants qui utilisent les transports en commun. Ce contact étroit avec des étrangers augmente le risque de transmission », explique Wessam Mankoula.

Le transport routier est le moyen de déplacement le plus courant à l’intérieur et à l’extérieur des pays africains. En Afrique du Sud, par exemple, plus de 3,9 millions de personnes ont traversé le pays en janvier 2020, dont 70% par voie routière, selon Stats SA .

Mais les voyages peuvent ne pas poser un risque aussi grand que les rassemblements publics, selon Shabir Madhi, professeur de vaccinologie à l’université du Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Rassemblements

« Les gens ont tendance à baisser la garde lorsqu’ils voyagent, mais il existe des preuves convaincantes indiquant que le moteur de la résurgence est la façon dont les gens s’engagent dans les rassemblements », dit-il, citant les restaurants en salle, les pubs, les clubs et les lieux de culte comme étant des endroits à haut risque.

« Pendant la période des fêtes, nous devons être attentifs et éviter les rassemblements en salle, en particulier dans les zones mal ventilées, et respecter le port de masques faciaux et la distanciation sociale », poursuit-il, ajoutant qu’une certaine complaisance s’est installée autour de ces mesures en Afrique.

Ngozi Oguguah, chercheur principal à l’Institut nigérian d’océanographie et de recherche marine à Lagos, avait prévu de se rendre dans sa ville natale d’Awka au Nigéria mais a renoncé à le faire.

« J’ai toujours des inquiétudes au sujet de la COVID-19 », confie-t-elle à SciDev.Net. « Je demande à mes enfants de porter un masque et d’observer tous les protocoles, mais la plupart des gens ne le font pas. »

Elle affirme que les gens ont des besoins plus pressants que le fait de s’inquiéter du virus. « Les gens cherchent à gagner de l’argent pour se nourrir. L’inflation est très élevée et le coût de la nourriture a augmenté », ajoute-t-elle.

En effet, les moyens de subsistance ont été ébranlés par les mesures de confinement, selon Shabir Madhi : « Les pays africains n’ont jamais été en mesure d’imposer des niveaux élevés de confinement et de restreindre l’activité économique. »

Mais Shabir Madhi ajoute que des restrictions plus strictes pourraient être nécessaires. « Nous voulons éviter à tout prix de surcharger les établissements de santé, ce qui pourrait conduire à des décès excessifs qui auraient pu être évités », dit-il.

Mesures de protection

Pour Wessam Mankoula, le mieux est que tout le monde reste à la maison pendant la période des vacances.

« Avec le vaccin prévu pour le début de 2021, nous sommes dans la dernière étape de la lutte contre cette pandémie », dit-il.

« Nous devons rester en sécurité et maintenir des mesures de protection en place, afin de ne pas perdre nos êtres chers lorsque nous sommes trop proches.»

Favourite Maworera prévoit de voyager de l’Afrique du Sud au Zimbabwe pour être avec son fils et sa mère pendant les fêtes.

« Je veux rentrer chez moi, mais avec le virus, je ne suis pas sûr. Peut-être que le gouvernement décidera de fermer la frontière et je ne pourrai pas revenir », s’inquiète-t-elle.

Bien qu’elle n’ait pas revu sa famille depuis plus d’un an, ne pas pouvoir retourner en Afrique du Sud pourrait avoir un impact financier important sur tout le monde. « Je dois revenir travailler pour pouvoir envoyer de l’argent et des biens chez moi », dit-elle.

Il y a aussi la menace du virus lui-même. Le voyage prend trois jours en bus et il est généralement plein. Avec les contrôles contre la COVID-19 attendus à la frontière, Favourite Maworera pourrait passer encore plus de temps dans cet espace exigu. « Pensez-vous que tout le monde va porter un masque? » se demande-t-elle.

La version originale de cet article a été produite par l’édition anglophone de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.