03/01/22

Le Gabon peine à appliquer des incitations au vaccin anti-COVID-19

Une seringue et un vaccin.
Credit image : Flickr / OMS
Crédit image: Flickr / OMS

Lecture rapide

  • Le 25 novembre 2021, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures applicables dès le 15 décembre
  • Suite à un recours introduit par la société civile, elles ont été annulées le 24 décembre
  • L’Etat a cependant réintroduit le texte le même jour, créant une ruée vers les centres de vaccination

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[LIBREVILLE] Pour inciter les populations à se faire vacciner, de nouvelles mesures de lutte contre la COVID-19 sont entrées en vigueur le 24 décembre 2021 au Gabon.

Ces nouvelles mesures conditionnent l’accès dans les lieux publics à la présentation d’un pass sanitaire et l’ouverture des boites de nuit à la vaccination du personnel.

Avec ces mesures, les personnes vaccinées sont aussi autorisées à circuler aux heures du couvre-feu et à accéder dans les lieux publics librement. Elles peuvent également circuler à l’intérieur du pays sans avoir besoin d’une autorisation spéciale ou d’un test PCR. Ces nouvelles mesures marquent également la fin de la gratuité du test PCR.

“Les sites sont pris d’assaut. Nous avons reçu dans la matinée du 15 décembre 1 500 candidats à la vaccination”

Karl Oky Ibinda, vaccinodrome d’Akanda

Mais ces dispositions favorables aux personnes vaccinées sont contestées tant sur le fond que sur la forme par la société civile gabonaise qui a même organisé une journée « villes mortes » le 15 décembre 2021 en signe de protestation.

Sur la forme, ces mesures prises le 25 novembre 2021 et entrées en vigueur dans un premier temps le 15 décembre 2021 avaient été suspendues puis annulées par la Cour constitutionnelle le 24 décembre 2021 à la suite d’un recours introduit par le Copil citoyen, une organisation de la société civile.

Selon la Cour constitutionnelle, elles avaient été annulées pour des problèmes de procédure. Le parlement gabonais n’ayant pas été informé des nouvelles dispositions comme le prévoit la loi.Cependant, quelques heures seulement après avoir subi le camouflet de cette annulation, le gouvernement avait pris un autre arrêté le même 24 décembre 2021 avec le même contenu que celui qui venait d’être annulé.

Entrées en vigueur le même jour, ces mesures continuent de faire l’objet de vives contestations de la part de la société civile qui les trouve « illégales » sur le fond parce que, dit-elle, elles ne respectent pas la liberté qu’ont les populations de se faire vacciner ou non.

En réaction à la relance de ces mesures par le gouvernement, le Copil citoyen, l’organisation qui avait introduit le recours en annulation auprès de la Cour constitutionnelle, a lancé une pétition.

« Le Copil citoyen mandatera ses citoyens pour introduire un autre recours en annulation de l’arrêté du 24 décembre 2021, tout en invitant le peuple gabonais, les syndicats ayant suspendu leurs mouvements de grève, les confessions religieuses et leurs membres, les acteurs politiques, culturels, économiques etc. à se tenir prêts pour mener des actions d’envergure visant à défendre par tous les moyens patriotiques notre constitution et nos libertés fondamentales face au gouvernement », déclare Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, le porte-parole du Copil citoyen,.

Ruée vers la vaccination

Avec les nouvelles mesures du gouvernement qui étaient annoncées depuis le mois d’octobre 2021, l’on constate globalement une ruée vers la vaccination dans le pays, et particulièrement dans la capitale Libreville.

« Les sites sont pris d’assaut. Nous avons reçu dans la matinée du 15 décembre 1 500 candidats à la vaccination », affirme le médecin généraliste Karl Oky Ibinda, superviseur du vaccinodrome d’Akanda.

Au marché Mont-Bouët de Libreville, plusieurs commerçants ont fermé leurs boutiques le 15 décembre pour aller se faire vacciner. Au point où, les agents vaccinateurs ont été débordés et ont été obligés de renvoyer certains volontaires à la vaccination.

Mais, plusieurs Gabonais se vaccinent davantage par contrainte. « Dans l’entreprise où je travaille, on nous a donné un ultimatum. L’employé qui ne se fait pas vacciner ne vient plus au boulot. Donc, j’ai été obligée de me faire vacciner pour ne pas perdre mon travail », confie Anne Obiang, une employée d’une entreprise hôtelière.

Cette ruée vers la vaccination a fait grimper les chiffres de la vaccination selon les données communiquées par le Comité national de vaccination contre la COVID-19 (Copivac).

Ainsi, au 24 décembre 2021, le Gabon enregistre au total 266 019 personnes vaccinées contre 247 008 au 16 décembre, et 219 775 au 11 décembre. Donc, entre le 11 décembre et le 25 décembre le pays a vacciné 46 244 personnes.

*  Cet article a fait l’objet d’une mise à jour le 7 janvier 2022 pour préciser les qualifications de Karl Oky Ibinda.