26/11/21

COVID-19 : Comment le Togo a pu vacciner 93% de ses agents de santé

Health workers
Le personnel soignant dans la plupart des pays du continent tarde à sa faire vacciner. Crédit image: USAID_IMAGES (CC BY-NC 2.0)

Lecture rapide

  • • L’implication des autorités et des organisations professionnelles a permis de rassurer les soignants
  • • Seulement un membre du personnel de santé sur quatre est pleinement vacciné en Afrique
  • • L’OMS prescrit une décentralisation de la vaccination afin de toucher le personnel exerçant en zone rurale

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[YAOUNDE] Plus de 90% des personnels soignants au Togo sont vaccinés contre la COVID-19. L’information a été donnée ce 25 novembre 2021 au cours d’une conférence de presse organisée par l’OMS Afrique et consacrée à la vaccination du personnel soignant contre le coronavirus sur le continent.

Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, la campagne de vaccination a été lancée le 10 mars 2021 par la vaccination des personnels de santé et assimilés du secteur public et privé.

Cette campagne de vaccination du personnel de santé a permis d’atteindre à ce jour une couverture vaccinale globale de 93%. Cette performance a pu être atteinte grâce à la combinaison de plusieurs initiatives.

“Si l’on veut toucher tous les soignants, il va falloir agir en zone urbaine où se trouve la majorité mais aussi ailleurs ; donc il faut décentraliser, augmenter les sites de vaccination”

Matshidiso Moeti, OMS Afrique

« Nous avons eu plusieurs séances de sensibilisation avec l’implication personnelle du ministre de la Santé. Nous avons impliqué des personnes ressources comme les membres du conseil scientifique et des enseignants des écoles de sciences de santé. Nous avons également impliqué les organisations professionnelles et les syndicats. Tout ce monde nous a aidés à sensibiliser le personnel de santé à adhérer à cette vaccination », révèle Apetsianyi Yawa, coordinatrice du Groupe technique pour le déploiement des vaccins contre la COVID-19 au Togo

En ce qui concerne la formation, les acteurs de la santé ont eu droit à une séance en ligne au cours de laquelle les différents types de vaccins ont été présentés, avec leurs effets secondaires et comment juguler ces effets, ajoute-t-elle.A en croire Apetsianyi Yawa, la médiatisation de l’administration de la première dose du vaccin AstraZeneca au Premier ministre togolais au cours du lancement de la campagne de vaccination, la vaccination des agents du système des Nations unies, la disponibilité permanente des vaccins dans les six régions sanitaires, les stratégies de vaccination fixes et mobiles, la mise en place d’une équipe de communicateurs pour le tracking et la gestion des rumeurs ont, entre autres, permis au Togo de relever le défi de la vaccination de son personnel de santé.

D’autres pays comme le Rwanda, le Cap Vert, Sao Tome et le Lesotho, avec une couverture vaccinale des soignants estimée à près de 100% ou encore le Kenya (90%) et la Tanzanie (75%) font partie des bons exemples, indique Richard Mihigo, coordinateur du Programme de vaccination et de développement des vaccins à l’OMS Afrique.

Mauvais élèves

Par contre, la situation reste préoccupante dans plusieurs pays. Une analyse de l’OMS basée sur les données de 25 pays africains indique que seulement 1 agent de santé sur 4 est pleinement vacciné contre le Coronavirus contre 80% du personnel de santé vaccinés dans les pays développés, selon une étude de l’institution couvrant 22 pays à revenu élevé.

Des pays tels que le Nigéria (18%), le Cameroun, la RCA, la RDC et le Tchad où seulement 15% des personnels de santé sont pleinement vaccinés sont classés parmi les mauvais élèves.

Cette faible couverture est due en partie « à la rareté des services de vaccination, surtout en zone rurale et à l’hésitation face au vaccin », explique Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

A en croire cette dernière, « des études ont démontré qu’il n’y a que 40% des agents de santé qui ont l’intention de recevoir le vaccin au Ghana et moins de 50% en Ethiopie. Les préoccupations liées à l’innocuité des vaccins, aux effets secondaires sont les raisons principales de cette hésitation ».

Augmenter les sites de vaccination

Aussi l’amélioration de la couverture vaccinale des agents de santé passe-t-elle par la mise en place d’une série de stratégies, estime la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

« Si l’on veut toucher tous les soignants, il va falloir agir en zone urbaine où se trouve la majorité mais aussi ailleurs ; donc il faut décentraliser, augmenter les sites de vaccination », recommande Matshidiso Moeti.

« Il faut mobiliser les soignants et accroitre la demande auprès d’eux pour la vaccination. Nous allons continuer à travailler avec différents acteurs qui peuvent exercer une influence sur les personnels de santé…», poursuit la directrice de l’OMS pour Afrique.

Pour Apetsianyi Yawa, il faut renforcer la communication auprès des personnels soignants pour leur forte adhésion.Michael Ekuma Nnachi, président national de l’Association nationale des infirmiers/infirmières et des sages-femmes du Nigéria, abonde dans le même sens en disant qu’il y a un travail de sensibilisation et d’éducation à faire.

« Il faudra faire l’éducation sanitaire avec la distribution de l’informations pour contrer les rumeurs et les fausses informations véhiculées par les réseaux sociaux. Je crois qu’il est important pour les soignants et toutes les autres parties prenantes de participer à cette campagne pour promouvoir la vaccination », soutient-il.

Si l’Afrique est en train de résoudre progressivement ses problèmes d’approvisionnement en vaccins, Richard Mihigo rappelle qu’il est important de minimiser les risques de contamination du personnel de santé afin de ne pas remettre en cause tous les efforts qui ont été déployés.