26/04/12

La maîtrise de la démographie, condition du développement durable

Les femmes instruites sont plus susceptibles de rechercher des soins de santé pour leurs enfants et de trouver des emplois. Crédit image: Flickr/World Bank

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[LONDRES] Les pays les moins avancés (PMA) doivent améliorer l'accès des femmes à l'éducation et à la planification familiale s'ils veulent atteindre les conditions du développement durable : voici les recommandations contenues dans un rapport de la Royal Society, intitulé People and the Planet (Les peuples et la planète), lancé le 26 avril.

Bien que la croissance de la population mondiale connaisse un ralentissement, les taux de natalité dans les PMA, et en particulier en Afrique subsaharienne, devraient rester élevés pour le reste de ce  siècle, entravant les efforts de réduction de la pauvreté, selon les auteurs du rapport, des experts issus du Brésil, de Chine et d'Ethiopie.

"L'Afrique à elle seule contribuera en fait à plus de 70 pour cent de l'augmentation de la population mondiale [de ce siècle-ci]", a déclaré Eliya Zulu Msiyaphazi, directeur exécutif de l'Institut africain pour la politique de développement et président de l'Union pour l'étude de la population africaine. Il a ajouté qu'il existait un lien bien établi entre les faibles niveaux d'instruction et les taux de natalité élevés.

L'éducation retarde le début des naissances, mais autonomise également les femmes, "parce qu'une fois que vous êtes plus instruite, vous pouvez avoir une autonomie accrue et davantage votre mot à dire dans les processus décisionnels de votre mariage," affirme Zulu.

Le rapport note que les femmes instruites sont également plus susceptibles de chercher des soins de santé pour leurs enfants et de trouver un emploi. Par conséquent, au lieu d'attendre que le développement ralentisse la croissance démographique, selon Zulu, les pays devraient mettre l'accent sur la réduction des taux de fécondité pour promouvoir le développement.

"Il est prouvé que la majorité des femmes en Afrique et dans d'autres [PMA] veulent en réalité avoir moins d'enfants mais ne peuvent y parvenir faute d'utiliser la planification familiale ou d'y avoir accès", a-t-il a déclaré à SciDev.Net.

"Nous devons investir dans les programmes de planification familiale pour surmonter les obstacles rencontrés par les femmes, qui les empêchent d'accéder à ladite planification et de l'utiliser. Cela aidera non seulement à réduire la croissance démographique mais contribuera aussi à réaliser cet objectif de tirer les populations de la pauvreté. Comme nous le savons en effet, quand nous investissons dans la planification familiale, et quand nous ralentissons donc la croissance démographique, nous rendons les femmes autonomes, nous améliorons la santé maternelle et infantile, nous offrons également une petite opportunité pour les pays pauvres d'améliorer le capital humain dont ils ont désespérément besoin pour passer au stade de pays à revenu intermédiaire."

Zulu a laissé entendre que l'utilisation de la planification familiale avait considérablement augmenté au Bangladesh, au Malawi et au Rwanda, où elle avait été "démédicalisée" et rapprochée des communautés locales, et que des efforts pour impliquer les hommes avaient également été engagés.

Le rapport indique que la délivrance de la planification familiale à tous ceux qui la veulent et en ont l'usage coûterait 7 milliards de dollars par an, alors que l'accès à l'éducation universelle jusqu'à l'âge de 16 ans coûterait entre 34 et 69 milliards de dollars par an.

John Sulston, membre de la Royal Society et président du groupe de travail sur le rapport, a déclaré qu'il était essentiel que le sujet de la population figure à l'ordre du jour du Sommet de Rio+20 de juin prochain, relevant que la croissance démographique, la consommation humaine et l'environnement étaient totalement liés.

Les autres recommandations du rapport visent à extraire 1,3 milliard de personnes de la pauvreté absolue, à réduire les niveaux de consommation de matières dans les économies riches et émergentes, à accélérer la recherche de mesures de développement alternatives au produit intérieur brut (PIB), et à s'attaquer à l'impact environnemental de l'urbanisation.