07/11/23

Un four de fumage du poisson qui réduit les risques de cancer

Princilla Nakato, narrates their story with at the Women of Hope Katosi Fish Processing Association. Photo by Abraham Kibirige
rincilla Nakato (à droite) montre comment fonctionne le nouveau four de fumage du poisson. Crédit image: Abraham Kibirige

Lecture rapide

  • Les femmes dominent l'industrie de transformation du poisson en Ouganda
  • Le processus de fumage du poisson pourrait cependant les exposer au cancer
  • Mais un nouveau four de fumage de poisson aide à améliorer leur santé et leurs moyens de subsistance

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[ENTEBBE, OUGANDA] Les pionniers d’un four de fumage de poisson conçu pour réduire le risque de cancer et d’autres problèmes de santé affirment qu’il améliore la vie et les moyens de subsistance de centaines de femmes en Ouganda.

Les femmes, qui dominent l’industrie de transformation du poisson du pays, souffrent depuis des décennies du fumage du poisson dans des fours fabriqués localement, passant des nuits blanches à surveiller leur poisson pour éviter qu’il ne soit brûlé ou volé.

Le nouveau four de fumage du poisson a été développé par des scientifiques du département d’ingénierie au National Agricultural Research Organisation en Ouganda.

 

John Yawe, chercheur dans cette organisation, déclare que ce four avait été développé pour réduire les risques de cancer ainsi que le fardeau auquel les femmes sont confrontées lorsqu’elles fument du poisson.

« En plus de réduire les agents cancérigènes, ce projet a été largement conçu avec des femmes au centre car ce sont principalement les femmes qui sont impliquées dans l’industrie du fumage du poisson », dit-il.

John Yawe affirme que le four réduit les impuretés et les éléments cancérigènes tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques du poisson fumé localement, de 40 000 parties par milliard à deux parties par milliard.

« Les hydrocarbures aromatiques polycycliques résultent de la combustion du bois, des déchets et du plastique et sont associés à une augmentation des cas de cancer en plus d’une fonctionnalité réduite des poumons, de l’asthme, de maladies pulmonaires et cardiaques. »

Namirimu Christine, a member of Kiyindi Women Fish Processor’s Association displays smoked Nile Perch using the kiln ready for sale. Photo by Abraham Kibirige.

Christine Namirimu, membre de l’Association des femmes transformatrices de poisson Kiyindi, présente un poisson fumé dans le nouveau four et prêt à la vente. Crédit photo: Abraham Kibirige.

John Yawe ajoute que le four est doté d’un filtre à fumée qui élimine toutes les impuretés de la fumée générée.

Les membres de l’association de transformation du poisson « Women of Hope Katosi », qui font partie des bénéficiaires du four, affirment que celui-ci améliore les moyens de subsistance des femmes en rendant le processus plus efficace.

Priscilla Nakato, vice-présidente de l’association, a déclaré que l’innovation avait le potentiel de transformer considérablement les opérations de transformation du poisson.

« Les femmes fumaient du poisson pendant deux à trois jours et cela se gâtait au bout de deux jours. Or, avec le nouveau four à poisson, ils fument pendant 12 heures et le poisson durera un mois », a-t-elle expliqué à SciDev.Net.

Priscilla Nakato a ajouté que les femmes sont fières de faire partie de l’association car cela leur permet de gagner leur vie pour s’occuper de leur famille et éduquer leurs enfants.

Fatuma Nassiwa, membre de l’association, déclare à SciDev.Net que le nouveau four a amélioré la qualité de vie des femmes.

« Depuis que nous avons commencé à utiliser le nouveau four, nous sommes plus paisibles et moins inquiets pour la sécurité et de la qualité de notre poisson », affirme-t-elle.

« Je peux charger le poisson et faire d’autres tâches ménagères ou même aller au marché – contrairement à avant, où je restais assise là pour surveiller le poisson afin qu’il ne soit pas brûlé », indique cette dernière.

Fatuma Nassiwa fait savoir qu’avant d’avoir le nouveau four, nos mariages étaient bouleversés à cause de la puanteur du poisson.

En effet « même si nous trempions nos vêtements dans de la lessive, la puanteur du poisson persistait. Ce qui poussait nos maris à nous abandonner pour des femmes “plus propres” », soutient l’intéressée.

A en croire Simon Kamya, coordinatrice du cluster des fours à poisson au National Agricultural Research Organisation, 165 femmes transformatrices de poisson du cluster de pisciculteurs de Kaliro ont également bénéficié du four.

Il indique que cela a facilité la transformation du poisson pour les femmes et a contribué à étendre leur marché au-delà de l’Ouganda pour inclure la République démocratique du Congo, le Kenya et le Rwanda.

« Cela est dû au fait qu’ils sont capables de répondre à la norme requise pour le marché d’exportation de moins de deux parties par milliard, comme le recommandent l’Organisation mondiale de la santé et l’Union européenne », explique Simon Kamya.

« En conséquence, leur capital est passé de 84 dollars en 2019 à 1 100 dollars en 2023. La valeur marchande de leur poisson est également passée de 1,4 à 6 dollars pour 500 g de poisson », affirme-t-il.

Some members of Kiyindi Women Fish Processor’s Association with their produce. Photo by Abraham Kibirige.

Quelques membres de l’association des femmes transformatrices de poisson Kiyindi avec leurs produits. Crédit photo: Abraham Kibirige.

Beatrice Bitulikumyoyo, trésorière du cluster Kaliro, confie qu’elle a démarré son activité de pêche en 2015 avec un étang de poissons, mais que le four lui a permis d’augmenter suffisamment ses revenus pour créer un deuxième étang et se lancer dans d’autres entreprises telles que l’élevage de bétail. et l’élevage de porcs.

« Avant de commencer à utiliser le four, nous utilisions des tas et des tas de bois de chauffage en plus des sacs en plastique et en polyéthylène », se souvient l’intéressée.

« Désormais, nous n’utilisons qu’entre un demi et un sac de charbon de bois pour la même quantité de poisson. »

La version originale de cet article a été produite par l’édition anglophone de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.