27/07/23

Les hommes plus disposés à participer aux soins domestiques

Jardinier
80% des personnes interrogées pensent que les garçons doivent être initiés aux tâches ménagères dès le bas âge. Crédit image: Elizabete Di Domenico de Pixabay

Lecture rapide

  • 70 à 90% des hommes dans 16 pays se sentent aussi responsables des tâches de soins que leurs partenaires
  • Mais, pour diverses raisons, les femmes effectuent encore jusqu’à six fois plus de soins que les hommes
  • Les Etats devraient changer certaines normes qui n’encouragent pas les hommes à s'impliquer davantage

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[KIGALI] Selon le rapport 2023 sur la situation des pères dans le monde lancé la semaine dernière à Kigali, la capitale rwandaise, la contribution des hommes à la parentalité et aux soins non rémunérés dans le monde s’améliore de plus en plus.

Les soins non rémunérés en question comprennent les travaux ménagers comme prendre soin des bébés, des adultes, des personnes handicapées ou des malades à la maison…

Ce rapport mondial a été publié à l’occasion d’une cérémonie organisée par Equimundo, l’organisation coordonnatrice de MenCare qui s’est donné comme mission de promouvoir la campagne mondiale sur la paternité.

Au cours de cette cérémonie, l’on a appris que l’équipe qui a fait le rapport a interrogé près de 12 000 hommes, femmes et personnes de sexe différent dans des pays comme le Rwanda, la Colombie, l’Afrique du Sud, l’Australie, l’Irlande, la Chine et les États-Unis.

“Les soins non rémunérés ont beaucoup d’importance parce que les pères qui les font en profitent aussi dans la mesure où ils vivent longtemps, ils ont une santé mentale équilibrée, ils rapportent beaucoup pour l’économie de leurs foyers, les relations dans le couple s’améliorent de plus jusque même au niveau des relations sexuelles”

Fidèle Rutayisire, RWAMREC

Il en ressort que 70 % à 90 % des hommes de 15 des 17 pays dans lesquels les données du rapport ont été collectées, ont déclaré qu’ils se sentaient aussi responsables des tâches de soins que leurs partenaires.

Mais, ils ont ajouté que les inégalités salariales et les politiques gouvernementales font que les femmes effectuent encore jusqu’à sept fois plus de tâches de soins non rémunérées dans certains pays.

Gary Barker, le président-directeur général d’Equimundo, déclare que comparativement aux rapports précédents, les hommes affichent plus du désir de contribuer aux tâches de la maison qu’avant. Pour lui, c’est une attitude qui a un impact important sur la vie socio-économique de la famille.

« Nous réalisons des rapports sur l’état des pères tous les deux ans depuis 2015. Ce que nous avons constaté cette fois-ci, c’est que dans de nombreux pays, y compris au Rwanda, les hommes semblent s’occuper davantage des soins après la période de COVID-19 qui nous a amenés à rester à la maison », indique-t-il.

« Une autre chose que nous avons constatée c’est que les hommes sont plus attentifs aux soins dans ce qu’ils font à la maison, pour les enfants, pour les parents âgés, pour les personnes handicapées… Il y a un mouvement qui, les années précédentes, semblait un peu figé, mais aujourd’hui, je pense que nous sommes en train de bouger », ajoute Gary Barker dans un entretien avec SciDev.Net.

Dans le même temps, poursuit ce dernier, « les femmes se sentent moins stressées et plus heureuses. Ce qui se répercute sur l’homme qui se sent également plus heureux dans sa relation, sur les enfants qui voient leur mère et leur père plus coopératifs et plus heureux ».

Pourtant, malgré cette avancée enregistrée, les femmes, à l’échelle mondiale, effectuent trois fois plus de tâches de soins que les hommes, ce qui leur permet de travailler et d’augmenter les revenus des ménages.

Changement de mentalité

Au Rwanda, les acteurs locaux qui travaillent dans le domaine de la promotion du genre se disent eux aussi satisfaits des pas déjà franchis par le pays. Par exemple, selon des participants rwandais qui ont pris part à la présentation du rapport, la période de la COVID-19 a permis à plusieurs hommes de s’engager dans les travaux ou soins non rémunérés.

Pour Fidèle Rutayisire, directeur exécutif du Centre rwandais de ressources pour les hommes  (RWAMREC[1]) qui s’occupe de la promotion du genre à travers la transformation de la masculinité au Rwanda, la présentation de ce rapport est essentielle pour le changement de mentalité chez les hommes.

« Les papas partout au monde ont besoin d’être impliqués dans les soins non rémunérés. Ils affichent cette volonté mais les politiques dans plusieurs pays s’y opposent », dit-il.

Une vue de la conférence de lancement du rapport à Kigali. Crédit image : SDN / F. Ndutiye

« Les soins non rémunérés ont beaucoup d’importance parce que les pères qui les font en profitent aussi dans la mesure où ils vivent longtemps, ils ont une santé mentale équilibrée, ils rapportent beaucoup pour l’économie de leurs foyers, les relations dans le couple s’améliorent de plus jusque même au niveau des relations sexuelles », explique Fidèle Rutayisire.Pour sa part, Chidi King, cheffe du département d’égalité du genre et de la diversité d’inclusion à l’Organisation internationale du travail (OIT) indique que le changement de mentalité au niveau des hommes mérite un encouragement des gouvernements.

« C’est utile de voir les hommes changer de mentalité, exprimer leur intérêt pour les soins non rémunérés. Au niveau des gouvernements, on devrait se demander ce qu’il faut faire pour changer certaines normes qui n’encouragent pas les hommes à s’impliquer davantage », suggère-t-elle.

Le rapport 2023 révèle également que les pays où les hommes effectuent davantage de tâches de soins que les femmes obtiennent de meilleurs résultats en termes de croissance économique et ont un faible taux de lois violentes.

Globalement, l’Inde est la seule exception parmi les pays étudiés, avec seulement 25 % des hommes qui se sentent aussi responsables que leur partenaire en ce qui concerne les soins non rémunérés.

Au final, plus de 80 % des personnes interrogées indiquent que les garçons aussi devraient apprendre à effectuer les tâches ménagères et les soins depuis leur bas âge.

Références

[1] Rwanda Men’s Resource Centre