22/03/18

Les écarts entre les genres, un fléau dans la recherche en agronomie

A woman farmer attending crops on a farm
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Le manque de femmes scientifiques qualifiées en agriculture entrave la sécurité alimentaire de l'Afrique
  • Un projet initié à Nairobi vise à stimuler la collaboration entre les femmes scientifiques
  • Un partenariat pourrait aider plus de femmes à créer des innovations pour soutenir la sécurité alimentaire

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[NAIROBI] Selon des experts, la production agricole de l'Afrique est négativement impactée par les lacunes d'une recherche agronomique sensible aux questions de genre.
 
Au nombre de ces lacunes, on peut relever le fait qu'il y ait un plus grand nombre de chercheuses en agronomie que de chercheurs.
 
La recherche sensible aux questions de genre répond aux priorités et besoins distincts des hommes et des femmes.
 
Selon les experts, une production et une diffusion accrues de la recherche sensible au genre et des innovations dans le domaine de l'agriculture pourraient constituer un changement important pour l'Afrique, dans la réalisation durable de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
 
Les experts s'exprimaient au Kenya le mois dernier (19 février) lors de la signature d'un partenariat entre l'ONG AWARD (African Women in Agricultural Research and Development – Femmes Africaines dans la Recherche agricole et le Développement), basée au Kenya et la Fondation Agropolis, en France.

“Nous voulons accroître les collaborations en matière de recherche scientifique et les partenariats entre les femmes scientifiques francophones et anglophones pour assurer une transformation panafricaine du secteur agricole.”

Wanjiru Kamau-Rutenberg, AWARD

Au terme du partenariat, Agropolis investira 1 million de dollars US pour aider à la  structuration des activités telles que des programmes de bourses, le renforcement des compétences scientifiques par le biais des formations et le renforcement de capacités en matière de leadership qui augmenteront les collaborations entre femmes scientifiques en Afrique francophone et anglophone.
 
Selon sa directrice, Wanjiru Kamau-Rutenberg, AWARD va étendre son réseau à l'Afrique francophone, au Pacifique, à l'Asie du Sud-Est et même à l'Europe.
 
Lors de la signature du partenariat, une nouvelle vague de 28 femmes du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, de Côte d'Ivoire, de Madagascar, du Mali, du Sénégal et du Togo ont bénéficié de bourses de formation, avec des parrains à travers le continent.
 
"Nous voulons accroître les collaborations en matière de recherche scientifique et les partenariats entre les femmes scientifiques francophones et anglophones pour assurer une transformation panafricaine du secteur agricole", a déclaré Wanjiru-Rutenberg.
 
Dans une interview avec SciDev.Net, la directrice d'AWARD a par ailleurs estimé que bien que la recherche agricole sensible aux questions de genre ait pour vocation de répondre aux besoins distincts des hommes et des femmes, l'objectif de son organisation est d'atteindre les femmes, car seulement un chercheur en agronomie sur quatre est une femme, une lacune qu'elle ambitionne de combler.
 
Elle a ajouté que les femmes d'Afrique francophone dans le secteur de la recherche et du leadership scientifique sont encore moins nombreuses que leurs homologues de l'Afrique anglophone.
 
"La contribution des chercheuses africaines francophones en agronomie est de 15%, ce qui est inférieur à la moyenne de 20% du continent", a noté Wanjiru-Rutenberg, ajoutant que le continent a besoin de construire des systèmes scientifiques et des institutions qui réduisent cet écart et aident à trouver des solutions durables aux défis en matière d'agriculture en Afrique, tels que le changement climatique.
 
Pascal Kosuth, directeur d'Agropolis Fondation, a pour sa part, ajouté : "Nous voulons aider les agronomes africains à progresser sur les fronts de la recherche dans les technologies agricoles telles que les systèmes de semences."
 
Il a noté qu'il est nécessaire d'augmenter la quantité et d'améliorer l'expertise des femmes dans la recherche agricole car elles ont une meilleure connexion avec les communautés et pourraient aider à préserver la biodiversité agricole.
 
Rosine Nzietchueng, responsable de l'enseignement supérieur à l'ambassade de France au Kenya, a déclaré que la création et le maintien de liens Nord-Sud et Sud-Sud entre les scientifiques aideront les femmes scientifiques à faire progresser leurs connaissances et développer des innovations susceptibles de stimuler la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
 
Cet article a été rédigé par le desk Afrique anglophone de SciDev.Net.