24/02/23

Le Zimbabwe, exemple à suivre pour la sécurité alimentaire en Afrique

Farm
Accroître la production agricole en Afrique passe pas la facilitation de l'accès des jeunes et femmes à la terre. Crédit image: Wolfgang Eckert de Pixabay

Lecture rapide

  • Le Zimbabwe s’est basé sur les résultats d’une étude scientifique pour arriver à l’autosuffisance en blé
  • Les dirigeants d’Afrique appellent à faciliter l’accès dès jeunes à la terre pour augmenter la production
  • Avec 25 000 victimes par jour dont plus de 10 000 enfants, la faim tue plus que les conflits armés.

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[DAKAR] Organisé fin janvier 2023 dans la nouvelle ville de Diamniadio près de Dakar au Sénégal, le sommet sur l’alimentation en Afrique a mis en exergue l’exemple du Zimbabwe pour atteindre l’autosuffisance alimentaire sur le continent.

En effet, ce pays qui a bénéficié d’un accompagnement de la Banque africaine de développement (BAD) pour les projets de transformation de son agriculture, a désormais atteint l’autosuffisance en blé.

Selon les données de ses services consultatifs agricoles et ruraux, le pays a enregistré une production record de blé qui s’est établie à 375 131 tonnes au terme de la campagne 2021/2022. Ce qui fait désormais du Zimbabwe un pays autosuffisant en blé.

“Le premier intrant de l’agriculture c’est le foncier, il faut trouver le moyen de faciliter l’accès à la terre aux femmes et aux jeunes”

Macky Sall, chef de l’Etat sénégalais

Décrivant la démarche qui a conduit à ces résultats, Emmerson Mnangagwa, président de la République du Zimbabwe, a indiqué lors du sommet de Dakar que « face à la menace de l’insécurité alimentaire, nous avons commandé des études qui nous ont permis d’évaluer la quantité de céréales dont nous avons besoin par an pour nourrir notre population ainsi que le nombre d’hectares de terre à emblaver pour atteindre cet objectif de production. »

« Nous avons pris les mesures nécessaires en nous basant sur les résultats de cette étude et c’est ce qui nous a permis d’atteindre l’auto-suffisance en blé ; et nous espérons devenir un exportateur de blé dans un avenir proche », conclut-il.

Placé sous le thème « Libérer le potentiel alimentaire de l’Afrique », le sommet a réuni un important parterre de chefs d’Etat africains et de partenaires techniques et financiers qui, du 25 au 27 janvier, ont partagé leur expérience et leur vision pour une autosuffisance alimentaire de l’Afrique.

Selon un article publié sur le site internet des Nations Unies, 25 000 personnes, dont plus de 10 000 enfants, meurent chaque jour de faim et de causes associées.

« La faim tue bien plus que les conflits armés mais malheureusement, personne n’en parle. Si nous voulons changer les choses, il nous faut assurer aux agriculteurs l’accès aux terres et accroitre l’investissement dans les semences de qualité et l’achat de l’engrais. Il nous faut un plan mesurable et quantifiable dans le temps », plaide pour sa part Andry Rajoelina, président de la République de Madagascar.

Pour sa part, Macky Sall, le chef de l’Etat sénégalais, rappelle que « le 1er intrant de l’agriculture c’est le foncier, il faut trouver le moyen de faciliter l’accès à la terre aux femmes et aux jeunes ».

Potentiel

A en croire la Banque africaine de développement (BAD), l’Afrique dispose de 65% des terres arables restantes pour nourrir 9 milliards de personnes dans le monde d’ici 2050, mais elle importe plus de 100 millions de tonnes métriques de nourriture au coût de 75 milliards de dollars par an.

Selon des statistiques disponibles sur le site du groupe de la BAD, le continent africain a le potentiel de se nourrir et de contribuer à nourrir le monde. Ses vastes zones de savane sont estimées à elles seules à 400 millions d’hectares, dont seulement 10% (40 millions d’hectares) sont cultivés.

Pour exploiter pleinement tout ce potentiel, les leaders africains s’accordent pour dire que l’Afrique doit procéder à une profonde transformation de son système agricole.

Seulement, les participants à la rencontre de Dakar constatent que les projets d’innovation agricole n’intéressent pas toujours les partenaires financiers ; ce que déplore Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine.

« Je ne peux m’empêcher de pointer du doigt les hésitations des banques et institutions financières, la déficience du secteur privé toujours hésitant et dubitatif vis-à-vis du secteur agricole, le scepticisme des partenaires à l’égard des modèles innovants et des réussites locales », énumère Moussa Faki Mahamat.

Ce dernier appelle dès lors les partenaires à accompagner l’Afrique et à travailler de concert avec les structures africaines afin de conduire et de réussir la transformation durable du système alimentaire sur le continent.

Car pour lui, « il n’y a pas de souveraineté pleine et entière pour un peuple sans une souveraineté alimentaire ».L’autre chantier incontournable pour la souveraineté alimentaire de l’Afrique, c’est la transformation des habitudes alimentaires.

« Il nous faut consommer ce que nous produisons et produire ce que nous consommons. Il y a une véritable révolution culturelle à faire dans le domaine de la nourriture et de l’alimentation pour que l’Afrique puisse nourrir l’Afrique », martèle Macky Sall.