22/02/21

COVID-19 : Mauvaises routes et insécurité pourraient entraver la vaccination

Poor roads

Lecture rapide

  • Le Nigéria s'attend à 41 millions de doses de vaccin COVID-19 d'ici le 1er avril
  • Insécurité, mauvaises routes et manque de chambres froides pourraient en compromettre la distribution
  • Les pays africains sont invités à impliquer les communautés dans le déploiement des vaccins

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[LAGOS] Quelques semaines avant l’arrivée potentielle de 41 millions de doses de vaccin anti-COVID-19 au Nigeria, il existe déjà de nombreux problèmes sur le terrain qui pourraient entraver le succès de leur distribution, selon des experts.

Le Nigéria a jusqu’à présent enregistré 152 074 cas confirmés et 1 839 décès suite à la COVID-19, selon le Nigeria Center for Disease Control. Et le chiffre augmentera probablement encore après une flambée de nouvelles infections ces derniers jours.

“A ce que je sache, le Nigeria n’est pas prêt à recevoir le vaccin et à le distribuer convenablement”

Mais Sam Ohuabunwa, président de la Société pharmaceutique du Nigéria

L’hésitation à l’égard des vaccins et le mauvais état des routes à travers le pays représentent des obstacles importants au succès de la distribution des vaccins, en particulier dans les communautés semi-urbaines et rurales.

Faisal Shuaib, directeur exécutif de l’Agence nationale de développement des soins de santé primaires, a déclaré que le pays avait demandé 41 millions de doses d’une combinaison de vaccins anti-COVID-19 auprès de Pfizer, AstraZeneca et Johnson & Johnson, ajoutant que le gouvernement nigérian avait dû augmenter sa demande initiale de 10 millions de doses à travers l’Union pour lutter efficacement contre la propagation du virus.

Faisal Shuaib a déclaré que les doses de vaccin sont attendues au Nigeria d’ici la fin avril, ajoutant que le pays a la capacité de stocker les vaccins.

Mais Sam Ohuabunwa, président de la Société pharmaceutique du Nigéria, a déclaré à SciDev.Net que « à ce que je sache, le Nigeria n’est pas prêt à recevoir le vaccin et à le distribuer convenablement. Il n’existe pas de congélateur à -70 degrés Celsius nécessaire pour stocker le vaccin [Pfizer]. Si le gouvernement prétend l’avoir en place, il devrait le montrer aux Nigérians.

Ohuabunwa estime que la réponse au COVID-19 a été médiocre. Il ajoute que « il en va de même pour le reste du continent où la réponse à la vaccination a été assez lente. J’espère que les choses pourront s’améliorer rapidement ».

« Même si les vaccins arrivent, comment le gouvernement compte-t-il les distribuer à travers le pays en temps opportun? Nos mauvaises routes augmenteront certainement le temps du trajet et retarderont la distribution fluide du médicament contre le coronavirus dans les régions éloignées du pays.

Selon la Commission de régulation des concessions d’infrastructure du Nigeria, seuls 60 000 des 195 000 kilomètres du réseau routier du pays sont goudronnés, le reste étant en mauvais état.

Chigozie Ubani, consultant en matière de sécurité et chercheur à l’Institut de la sécurité du Nigéria, affirme que l’insécurité persistante dans le nord du Nigéria et la hausse de la criminalité dans d’autres régions du pays pourraient également entraver la livraison des vaccins aux communautés.

« De plus, en raison de la perception qu’ont les habitants de cette zone de telles activités, le personnel médical déployé pour administrer le vaccin dans le Nord pourrait être exposé à un grave danger, car ils pourraient être attaqués par des extrémistes religieux qui y voient un affront à leurs croyances », déclare Chigozie Ubani.« Le Nigéria n’est pas le seul à avoir ce problème de sécurité dans la région de l’Afrique de l’Ouest », déclare Ubani à SciDev.Net, ajoutant que la violence des terroristes de Boko Haram, dont le règne de terreur s’étend au Cameroun, au Tchad et au Niger, pourrait entraver la distribution des vaccins.

« La menace de Boko Haram et d’autres groupes terroristes est réelle et doit être abordée collectivement par les dirigeants africains », dit-il.

Selon un essai publié par le Pan African Medical Journal le 5 janvier dernier, l’hésitation vis-à-vis de la vaccination sur le continent pourrait également entraver l’adoption des vaccins contre la COVID-19.

L’article rédigé par Aanuoluwapo Afolabi de la faculté de médecine de l’université d’Ibadan, au Nigéria, accuse les gouvernements africains de ne pas avoir dissipé les allégations non fondées d’immunité de leurs peuples contre le virus.

« Nous recommandons une implication optimale de la communauté dans la structure et les modalités d’administration du futur vaccin contre la COVID-19 », ajoute l’étude.

La version originale de cet article a été produite par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.