02/03/19

L’Afrique aux prises avec une faim inexorable

A devastating drought is causing the worst food crisis to hit Ethiopia
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Les efforts des Africains en vue d'en finir avec la faim et la malnutrition d'ici 2030 sont menacés
  • Selon de nouveaux rapports, 23% de la population africaine souffrent de malnutrition
  • Les experts appellent à la volonté politique et à la paix pour promouvoir la sécurité alimentaire

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À la suite de la publication d'un nouveau rapport montrant une augmentation de la faim sur le continent, après des années de déclin, un expert appelle les responsables africains à faire preuve d'une volonté politique forte pour endiguer l'insécurité alimentaire.
 
Selon le rapport, lancé en Éthiopie le 13 février, l'Afrique subsaharienne est la région la plus touchée par la faim.
 
Ses contreperformances compromettent les efforts de l'ensemble du continent pour atteindre l'objectif de développement durable N° 2, qui vise à « éliminer toutes les formes de faim et de malnutrition d'ici à 2030 ».
 
Les données présentées dans le rapport montrent qu'il y avait 821 millions de personnes sous-alimentées en 2017 dans le monde, dont 257 millions en Afrique et 237 millions en Afrique subsaharienne. Environ 20% de la population africaine est sous-alimentée. 

“Tous les dirigeants africains devraient faire preuve de volonté politique pour défendre la nutrition. Lorsque les dirigeants s'y mettent, cela devient indirectement une directive.”

Peter Simon Mamiro, Université d'agriculture de Sokoine

Le rapport ajoute que le problème croissant de la malnutrition peut être attribué à la montée récente de l'insécurité alimentaire, aux conditions économiques mondiales difficiles et à la faiblesse des prix des produits de base, en particulier du pétrole et des minéraux.
 
« La plupart des conditions [provoquant la faim] peuvent être associées à des facteurs externes. Cependant, le succès de la sécurité alimentaire et de la nutrition dépend du degré auquel les pays ont construit des capacités et de systèmes leur permettant de résister aux effets de ces facteurs et de faire face à leurs conséquences », a déclaré Abebe Haile-Gabriel, représentant régional de la FAO pour l’Afrique.
 
Le responsable onusien a déclaré à SciDev.Net que le nombre élevé de personnes touchées par la faim en Afrique témoigne de leur vulnérabilité et de la marginalisation de leurs activités socio-économiques.
 
La majorité des pauvres en Afrique résident dans les zones rurales et vivent de la faible productivité agricole, explique-t-il.
 
Le rapport de l'ONU, de la FAO et de la Commission économique pour l'Afrique, a été élaboré en collectant des données sur la sécurité alimentaire et la nutrition auprès de sources telles que la Banque mondiale, l'UNICEF et l'OMS.
 
Abebe Haile-Gabriel a déclaré que, dans le cadre du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique, les gouvernements sont invités à consacrer au moins 10% de leurs budgets nationaux respectifs à l'agriculture.
 
« Des efforts constants ont été déployés pour faciliter le partage d’expériences et l’apprentissage mutuel des bonnes pratiques en Afrique, mais aussi entre pays africains et pays d’Amérique du Sud et d’Asie », explique-t-il.
 
Peter Simon Mamiro, professeur à la retraite au département des technologies alimentaires, de la nutrition et des sciences de la consommation de l'Université d'agriculture de Sokoine, en Tanzanie, a déclaré que le rapport avait été publié à un moment opportun, alors que presque tous les pays connaissaient une catastrophe humaine.
 
« Tous les dirigeants africains devraient faire preuve de volonté politique en faveur de la nutrition », insiste Peter Simon Mamiro.
 
"Lorsque les leaders s'y mettent, cela devient indirectement une directive."
 
Mais selon Ramadhani Noor, associé de recherche à la Harvard T.H. Chan School of Public Health, l’Afrique doit créer un environnement favorable à la productivité agricole, en maintenant la paix et la stabilité.

 « Vous constaterez que les poches d’insécurité alimentaire sont liées aux zones de guerre ou aux zones de troubles politiques qui font monter les prix des denrées alimentaires », déclare Ramadhani Noor, expert en nutrition mondiale.