22/03/12

Un antibiotique oral ‘aussi efficace que la pénicilline’ contre le pian

Les comprimés oraux sont plus faciles à administrer que les injections, surtout aux enfants Crédit image: Flickr/GlaxoSmithKline

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[DJAKARTA] L’OMS a annoncé qu’elle allait remplacer sa stratégie actuelle de lutte contre le pian, qui repose sur des injections de pénicilline, par une méthode d’administration d’antibiotiques par voie orale, dans le cadre des efforts visant à éradiquer cette maladie défigurante d’ici à 2020.

L’OMS a annoncé sa décision de recommander l’utilisation de l’azithromycine par voie orale lors d’une réunion à son siège à Genève, en Suisse, au début du mois (5-7 mars) après que des chercheurs en Papouasie-Nouvelle-Guinée, eurent découvert que cette méthode était aussi efficace que les injections de pénicilline. Leur recherche a été publiée dans The Lancet en début d’année (28 janvier).

Kingsley Asiedu, un des principaux experts de l’OMS sur le pian, a déclaré à SciDev.Net qu’un comprimé par voie orale est plus facile et plus simple à administrer, surtout aux enfants.

"L’utilisation de l’azithromycine est aussi possible pour les pays en développement en raison de la disponibilité d’une version générique — qui ne [coûte] que US$ 0,25 pour un comprimé de 500 milligrammes," a-t-il affirmé.

Le pian est une maladie bactérienne de la peau qui peut causer une grande défiguration — en particulier du nez — et d’autres handicaps s’il n’est pas traité à temps. Il est très courant chez les communautés ayant une mauvaise hygiène, et la majorité des infections se déclarent chez les enfants âgés de moins de 15 ans.

Il a été pratiquement éliminé il y a un demi-siècle après qu’un projet de lutte piloté par les Nations Unies pour distribuer des injections de benzathine benzypénicilline eut fait passer le nombre de cas de 50 millions dans les années 1950 à seulement 2,5 millions en 1964.

Mais le succès du programme a également causé sa perte — avant les années 1990, peu de gens avaient même entendu parler du pian, et les efforts d’éradication ont été négligés.

Aujourd’hui, cette maladie a pris pied en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur les Îles Salomon, au Timor Leste et au Vanuatu, et dans les pays d’Afrique sub-saharienne dont le Cameroun, le Congo, le Ghana, la Sierra Leone et le Togo. On trouve également des poches d’incidence dans la région amazonienne.

On ne sait pas combien de personnes sont infectées par le pian, mais l’OMS fait partie d’une initiative mondiale visant à l’éradiquer d’ici à 2020. L’OMS coordonne la mise en œuvre de cette initiative, en collaboration avec les bailleurs de fonds internationaux et les gouvernements des pays où la maladie reste bien présente.

Pour I Nyoman Kandun, un épidémiologiste indonésien tous les échelons appropriés de l’administration, jusqu’au niveau du district devraient être impliqués dans les efforts d’éradication.

"Le problème en Indonésie est la faiblesse du niveau d’engagement – aussi bien du gouvernement central que des autorités des districts", a déclaré Nyoman, ajoutant que les efforts d’éradication devraient également s’attaquer à la pauvreté et à l’accès à l’eau potable.

Tjandra Yoga Aditama, directeur du General Disease Control and Environmental Health, au ministère indonésien de la santé, a déclaré à SciDev.Net que son pays était prêt à aider l’OMS à éradiquer le pian, et avait alloué un budget pour l’administration de l’azithromycine au Timor Sud, où persistait une forte incidence de la maladie.  

Lien vers le résumé dans The Lancet

Références

The Lancet doi:10.1016/S0140-6736(11)61624-3 (2012)