16/11/12

Meilleure utilisation des outils pour prévenir des catastrophes

Preventing Disaster Pakistan
Crédit image: Flickr/UK Department for International Development

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Mieux intégrer les outils scientifiques au contexte environnant pourrait permettre d'améliorer l'efficacité des alertes rapides.

Dire que beaucoup de choses sont en jeu dans la gestion des catastrophes serait un euphémisme. Les vies et les moyens de subsistance perdus, ainsi que des dégâts considérables, soulignent les coûts humain, environnemental, social et économique des événements extrêmes qui affectent des millions de personnes chaque année. [1]

Evoquons-en certains des plus récents : la dévastation causée par le tsunami de 2004 dans l'océan Indien, le tremblement de terre qui a frappé Haïti en 2010 ou la famine dans la Corne de l'Afrique en 2011.

Si ces événements diffèrent (certains se produisent rapidement, par exemple, alors que d'autres sont à développement lent), ils mettent tous en lumière la vulnérabilité des communautés pauvres dans le monde — et le succès variable de la science et la technologie (S&T) en matière de planification et de réponse aux catastrophes

Des milliers de vies ont été perdues lors le tsunami de 2004, soulignant la nécessité d'un système d'alerte rapide coordonné dans la région. En Afrique, alors les scientifiques avaient mis en garde contre une grave sécheresse, l'incapacité d'agir sur la base de ces prédictions a révélé les lacunes qui entravent une communication efficace au sujet des risques avec les décideurs.

Les technologies de l'information et de la communication (TIC) comme les médias sociaux ou la cartographie, utilisées après le tremblement de terre en Haïti, ont vraiment aidé les travailleurs humanitaires à évaluer rapidement les dommages et les besoins des populations. Néanmoins, l'avantage de la technologie demeure limité en l'absence d'une bonne intégration aux moyens d'intervention existants. [Lien vers Heinzelman et Batista op].

De nombreuses activités de préparation et d'intervention seraient susceptibles de réduire les risques de catastrophes naturelles. Mais la fenêtre de tir entre l'alerte rapide et l'action – précisément la où utilisation plus efficace des outils scientifiques pour alerter les communautés pourrait avoir un impact – est étroite.
 

Dossier spécial sur l'alerte rapide


Cette semaine, nous publions une série d'articles qui porte sur les obstacles empêchant la prise de mesures rapides et explore la façon dont les outils d'alerte rapide devraient être utilisés.

Un article de synthèse examine la manière dont les systèmes d'alerte rapide se sont développés et ce qu'ils peuvent raisonnablement faire. Notre conseiller éditorial pour ce dossier spécial, Lucy Pearson du programme Humanitarian Futures au King's College de Londres et du Centre asiatique de préparation aux catastrophes en Thaïlande, identifie les facteurs qui expliquent l'écart entre l'alerte rapide et l'action, et souligne le rôle des connaissances des communautés locales.

Dans un article de fond, Smriti Mallapaty explore comment intégrer les connaissances autochtones à la science moderne en vue d'améliorer l'alerte rapide, tout en soulignant que les pratiques traditionnelles ne peuvent pas toujours suivre le rythme des changements sociaux et environnementaux.

Andrew Collins, directeur du Disaster and Development Centre, au Northumbria University du Royaume-Uni, plaide en faveur de l'installation de systèmes d'alerte dans les communautés locales, et insiste sur la nécessité d'une meilleure compréhension des facteurs – du comportement à la pauvreté – qui font obstacle à l'action rapide.

L'incertitude scientifique est l'une des principales raisons expliquant pourquoi les communautés et les décideurs sont parfois incapables de tenir compte des alertes rapides. Emma Visman du Programme Humanitarian Futures, Benoît Dempsey, de Save the Children, à Londres et S.H.M. Fakhrudding du Système régional intégré d'alerte rapide multirisque, en Thaïlande, font valoir que le dialogue peut améliorer la façon dont les gens se fient aux informations complexes.

Le moment critique – pour les situations d'urgence soudaines en particulier – vient quand une alerte est donnée. Veronica Grasso du Programme de développement des Nations unies, en Suisse, et José Rubiera du centre national de prévisions de Cuba affirment que c'est le moment où la coordination et la volonté politique conduiront au succès ou à l'échec.


La S&T n'est qu'une pièce du puzzle


Cuba montre que l'alerte rapide peut connaître du succès même en l'absence de technologie sophistiquée. Mais la coordination et la volonté politique sont des objectifs insaisissables, et sont beaucoup plus faciles à réaliser lorsque la gouvernance est bonne et lorsque les populations sont au centre des préoccupations d'un pays.

Tout aussi problématique est le fait que la S&T offre rarement une solution à elle seule, notamment parce que les alertes ont pour but de provoquer l'action.

Le nombre croissant et la sophistication des systèmes d'alerte rapide – ainsi qu'une approche fondée sur le 'mieux vaut prévenir que guérir' quant à leur utilisation — signifie que les fausses alertes sont en hausse. La récente condamnation de scientifiques italiens (anglaisjugés coupables de ne pas avoir lancé d'avertissement avant le tremblement de terre à L'Aquila, ne peut que venir renforcer une approche excessivement prudente.

Le fait demeure que l'alerte rapide est l'un des outils les plus puissants pour réduire les risques de catastrophe. L'utilisation de la S&T est devenue plus organisée. Les outils numériques comme les réseaux sociaux et la cartographie sont maintenant considérés par certains comme l'avenir de l'organisation des travaux humanitaires.

Certes, une téléobservation, des prévisions et des communications mobiles de meilleure qualité sont indispensables. Mais il en est de même des développements dans les cadres socio-économiques qui façonnent nos idées sur la façon dont les alertes rapides peuvent devenir plus efficaces.
 

Les liens entre pauvreté et développement


Ainsi, le concept de réduction des risques montre que l'exposition aux risques naturels n'est pas la seule chose ce qui importe. La vulnérabilité et à l'inverse, la résilience – peuvent faire toute la différence. Le risque est le plus élevé lorsque les gens sont le moins capables de se protéger eux-mêmes. Le risque de catastrophe et la pauvreté sont alors bloqués dans un cycle dans lequel les catastrophes naturelles nuisent au développement économique des pays les moins bien préparés pour y faire face.

Comme semblent l'indiquer les différentes contributions à ce dossier spécial, la réduction des risques doit comprendre des facteurs liés à la réduction de la pauvreté, comme la stabilité écologique et sociale. Pour être plus efficaces, de nouveaux outils doivent compléter, et être renforcés par des processus plus anciens, dont les connaissances traditionnelles, le dialogue et la coordination.

Les avancées scientifiques sont progressives, malgré le sentiment d'urgence qui entoure les risques de catastrophe. Les menaces pesant sur les pays pauvres ne feront que croître et devenir plus complexes au fur et à mesure que les changements climatiques s'installent et que les ressources diminuent.

Comment pourrons-nous tirer le meilleur parti de ce précieux créneau d'action qu'offre l'alerte rapide ?

Ces articles mettent en lumière la nécessité de créer une relation mutuelle entre la science orientée vers les alertes rapides et l'environnement dans lequel les techniques scientifiques évoluent. Cela implique non seulement de mettre la technologie à bon usage, mais également d'autonomiser les communautés afin de réduire les risques, dans le cadre des priorités de développement.

Anita Makri
SciDev.Net, Rédactrice en chef des articles d'opinion et des articles de fond

Le présent article fait partie d'un Dossier sur améliorer l’alerte rapide aux catastrophes.produit par l'édition globale (anglais).