23/04/20

Les satellites pourront protéger le monde, si leurs données sont accessibles à tous

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La technologie satellitaire pourrait stimuler le développement si et seulement si elle devient un instrument véritablement démocratique Crédit image: Ryan Wick (CC BY 2.0)

Lecture rapide

  • La planète pourrait profiter de la technologie satellitaire si les données sont accessibles à tous
  • Mais, les besoins en ressources pour construire les satellites sont une menace pour les peuples vulnérables
  • Il reste des obstacles, à l’instar des besoins en infrastructure et la distribution inégale entre les pays

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Les technologies satellitaires représentent une nouvelle frontière pour le développement planétaire.
 
Jadis l'apanage des seuls gouvernements, à partir des années 90, les satellites ont commencé à être privatisés et maintenant des satellites de toutes tailles sont mis en orbite. La planète et les populations les plus pauvres du monde pourront retirer des bénéfices inestimables de la technologie satellitaire – pourvu que les données soient accessibles à tous.
 
Rita R. Colwell, spécialiste renommée en microbiologie environnementale, est une des premières personnes à avoir eu recours au pouvoir des données de télédétection et des images satellitaires dans le domaine de la santé publique. Ce travail de pionnière a donné lieu à des réductions considérables des taux de choléra et pourrait aider à protéger le monde de la prochaine flambée de maladie à coronavirus.
 
De la même manière que les experts ont prévenu qu'il nous faut un cadre règlementaire et juridique pour protéger les populations d'éventuels abus de technologies artificielles et des grands volumes de données, des voix s'élèvent à présent pour attirer notre attention sur la tentation pour les gouvernements et les entreprises de surveiller les populations via satellite.
 
Et il y a un risque supplémentaire pour les pays du Sud : la demande de nouveaux minéraux et de ressources pour construire les satellites. L'exploitation minière de matériaux cruciaux tels que l'aluminium, dont le minerai de bauxite est une source majeure, pourrait présenter un risque pour les communautés vulnérables et les droits fonciers autochtones.
 
Mais les organisations de la société civile et les individus trouvent des moyens innovateurs d'exploiter ces technologies. Il est par conséquent plus difficile pour les pays de maintenir le secret sur leurs violations des droits humains. La « démocratisation » des données qui nous arrivent du ciel pourrait représenter un plus pour les communautés les moins nanties.
 
On espère beaucoup des technologies satellitaires dont on attend qu'elles stimulent le développement. Seront-elles à la hauteur de la tâche?
 
Dans ce Gros plan, nous examinons si les satellites peuvent aider les gouvernements à atteindre les Objectifs du développement durable des Nations unies, dans cette décennie cruciale pour le développement.
 
Les satellites sont employés pour toutes sortes de choses, de la surveillance des pèches illégales au suivi de la propagation du paludisme, du soutien aux systèmes d'alerte précoce dans les pays sujets aux inondations à l'évaluation des rendements des cultures et aux conseils donnés aux agriculteurs concernant les engrais.
 
On prévoit que la technologie spatiale prendra le dessus sur les options non-spatiales dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie forestière, et de la résilience aux catastrophes.
 
Par ailleurs, le Cube de données régional pour l'Afrique, lancé il y a deux ans dans cinq pays, rend la vaste quantité de données provenant de l'observation de la terre librement accessible, tout en minimisant le degré d'expertise nécessaire pour les exploiter.
 
Nous examinons l'approche adoptée en Asie pour combattre les plantes envahissantes et les animaux nuisibles grâce aux images satellites. Les plantes nocives et insidieuses, telle que le parthenium qui détruit les récoltes, peuvent avoir un impact dévastateur sur les agriculteurs. Obtenir une vue aérienne des modèles d'invasion pourrait cependant tout chambouler.

Difficultés

Les communautés nomades en Afrique emploient la technologie satellitaire et les réseaux de téléphonie mobile pour se rendre là où ils peuvent trouver de l'eau et éviter les violents conflits dans le Sahel liés au changement climatique et à l'insécurité alimentaire.
 
En Amérique Latine, où certains pays prennent en charge la conception et la construction des satellites, ils sont mis à contribution pour surveiller des volcans, cartographier les îlots de chaleur dans les mégalopoles, et prédire les inondations et les incendies.
 
De surcroît, les satellites aident les communautés à se remettre des ravages causés par les guerres et les catastrophes naturelles.
 
Le recours aux technologies satellitaires présente bien entendu des difficultés : les satellites ne sont pas répartis équitablement entre les pays et les plus pauvres doivent compter sur d'autres pour y avoir accès.
 
Localiser et éduquer des communautés nomades et vivant dans des régions éloignées n'est pas une chose simple ;et les programmes mis en œuvre pour combattre les entraves au développement ont parfois du mal à obtenir les données de référence dont ils ont besoin.
 
Les services intermédiaires et l'infrastructure auront un rôle majeur à jouer pour que l'emploi des données satellitaires soit couronné de succès.
 
Au moment où le monde fait face au défi sans précédent de la lutte contre le COVID-19, les scientifiques développent des modèles employant des données satellitaires qui, un jour, permettront peut-être aux analystes de prédire le déclenchement des pandémies.
 
Au-delà de ce cas précis, la question de savoir si les satellites pourront pleinement jouer leur rôle potentiel d'instrument du développement est tributaire de celle de savoir s'ils seront effectivement l'outil véritablement démocratique qu'ils promettent de devenir.