25/02/22

Le transfert de technologie pour combattre la COVID-19 en Afrique

vaccine covid
Des flacons de vaccin contre la COVID-19 Crédit image: Hakan German (Pixabay)

Lecture rapide

  • Six pays africains vont obtenir la technologie pour fabriquer des vaccins COVID-19
  • Seuls 12 % de la population africaine sont entièrement vaccinés
  • Selon des experts, les pays devraient sécuriser les marchés pour les vaccins produits localement

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[KAMPALA] L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que six pays africains vont recevoir la technologie qui leur permettra de fabriquer des vaccins contre la COVID-19 dans le but de réduire la dépendance à l’égard des producteurs extérieurs au continent.

L’Organisation affirme que l’Égypte, le Kenya, le Nigéria, le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tunisie auront accès à la technologie des vaccins à ARN messager (ARNm) ainsi qu’aux connaissances nécessaires à la fabrication des vaccins et au soutien à la formation des scientifiques.

Ce déploiement fait partie d’une initiative mondiale visant à aider les pays à revenu faible et intermédiaire à accéder à la technologie de production de vaccins à ARNm à grande échelle et aux normes internationales afin d’endiguer la pandémie de la COVID-19.

“La façon dont nous combattrons la prochaine pandémie sera très différente car le continent produira des diagnostics et des vaccins”

John Nkengasong, Africa CDC

Les vaccins à ARNm, utilisés par Pfizer-BioNTech et Moderna pour leurs vaccins consistent à demander aux cellules de produire une protéine qui déclenche une réponse immunitaire de l’organisme pour combattre les virus lorsqu’ils pénètrent dans le corps. Ces deux sociétés ont jusqu’à présent livré la majorité de leurs doses aux pays riches, laissant pour compte les pays à faible revenu.

« Aucun autre événement n’a montré, autant que la pandémie de la COVID-19, que la dépendance à l’égard de quelques entreprises pour fournir des biens publics mondiaux est limitative et dangereuse », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesu, lors d’une cérémonie organisée vendredi 18 février par le Conseil européen, la France, l’Afrique du Sud et l’OMS lors du sommet Union européenne-Union africaine à Bruxelles.

L’annonce a été accueillie avec enthousiasme en Afrique où seulement 12 % environ de la population sont entièrement vaccinés contre la COVID-19, selon les données des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC).« Je suis vraiment ravi de voir ces progrès », a déclaré le directeur de Africa CDC, John Nkengasong. La façon dont nous combattrons la prochaine pandémie sera très différente car le continent produira des diagnostics et des vaccins. »

Ce développement fait suite à la création d’un centre de transfert de technologie de vaccins à ARNm géré par un consortium de l’OMS en Afrique du Sud, qui partagera le savoir-faire technique avec les fabricants de vaccins dans les six pays.

Tedros Adhanom Ghebreyesu a ajouté que l’OMS et ses partenaires formeront et aideront à constituer la main-d’œuvre nécessaire tout au long de la chaîne de valeur grâce à un centre de formation qui sera créé dans les semaines à venir.

Propriété intellectuelle

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré que permettre à l’Afrique de fabriquer ses propres vaccins signifie « le respect mutuel et la reconnaissance de ce que nous pouvons tous apporter, des investissements dans nos économies, des investissements dans les infrastructures et, à bien des égards, un retour d’ascenseur au continent ».

Il a ajouté que « des organisations telles que COVAX [l’initiative pour un égal accès au vaccins anti-COVID-19] et GAVI [l’Alliance du vaccin] doivent s’engager à acheter des vaccins auprès de nos fabricants locaux. Ils doivent les acheter dans les centres de production locale une fois qu’ils sont lancés. »

Cyril Ramaphosa a également appelé les pays européens à approuver une renonciation à la propriété intellectuelle sur la technologie de la COVID-19, qui est devant l’Organisation mondiale du commerce depuis plus d’un an.

« Les gouvernements qui veulent vraiment garantir que le monde ait accès aux vaccins devraient s’assurer que nous approuvons la dérogation ADPIC [Aspects liés au commerce des droits de propriété intellectuelle] telle que nous l’avons proposée », a-t-il ajouté.

En fin de compte, le centre de transfert de technologie d’ARNm favorisera l’accès aux vaccins pour tous, renforcera la sécurité sanitaire et favorisera l’autonomie pour l’avenir, selon l’OMS.

L’Organisation indique que cette technologie peut également être utilisée pour l’insuline dans le cadre du traitement du diabète, les médicaments contre le cancer et, potentiellement, les vaccins contre des maladies telles que le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida.

« La diversification de la capacité de fabrication de vaccins à ARNm vers les pays à revenu faible et intermédiaire devrait être une priorité sanitaire mondiale », a déclaré Médecins sans frontières (MSF) en réponse à l’annonce de l’OMS.

« Davantage de régions produisant des vaccins à ARNm en tant que préparation essentielle contre les maladies infectieuses pourrait renforcer la réponse non seulement à la COVID-19 et aux futures maladies infectieuses, mais aussi potentiellement aux maladies existantes telles que le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida.»La société allemande de biotechnologie BioNTech a annoncé le mercredi 16 février qu’elle créerait une technologie accessible pour la fabrication d’ARNm au Rwanda et au Sénégal en 2022 – avec une collaboration de remplissage et de finition au Ghana. Le remplissage et la finition consistant à remplir des flacons de vaccin et à terminer le processus de conditionnement du médicament en vue de sa distribution.

Auparavant, Afrigen qui fait partie du consortium sud-africain de l’OMS, a annoncé avoir développé sa propre version d’une injection d’ARNm, basée sur des données accessibles au public et relatives à la composition du vaccin Moderna ; une injection qui sera testée dans les mois à venir.

Patrick Tippoo, directeur exécutif de l’Africa Vaccine Manufacturing Initiative (AVMI), a confié à SciDev.Net que si l’accès à la technologie en termes de recettes écrites et d’autorisation de les utiliser était important, l’Afrique devait être sûre de sécuriser et de maintenir un marché pour ses produits.

« Je pense que sans sécurité du marché, cela ne fonctionnera pas car nous devons savoir où nous allons vendre, comment nous allons vendre et ce qui va arriver aux produits », a-t-il expliqué.

La version originale de cet article a été produite par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.