20/09/23

Un tiers des enfants atteints de malnutrition chronique

Feeding baby
Des actions sont requises contre la malnutritioin qui touche un tiers des enfants en Afrique de l'Ouest et du Centre Crédit image: fveronesi1 (CC BY-SA 2.0)

Lecture rapide

  • Près d’un tiers des enfants d'Afrique d'Afrique de l'Ouest et du Centre souffrent de malnutrition chronique
  • Ce déficit en nutriments entraine des décès et des retards de développement chez les enfants
  • Pour y faire face, des experts recommandent la mise en place de politiques communes dans la région

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[COTONOU] Près d’un tiers (32 %) des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Dans cette région, « la malnutrition aigüe est très élevée avec des taux qui parfois dans certains pays dépassent le seuil de 10% », explique Siméon Nanama, conseiller régional nutrition au bureau régional de l’UNICEF pour la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Cette forme de malnutrition qui entraine beaucoup de décès d’enfants, des retards de développement cognitif, de faibles performances scolaires et des maladies chroniques à l’âge adulte affecte aussi la capacité des petits enfants. Elle ne leur permet pas lorsqu’ils deviennent adultes de travailler de manière optimale.

“Il faut qu’il y ait une plateforme pour avoir des politiques communes. Il existe des politiques nationales et sectorielles sur le secteur de la nutrition infantile, mais il faudrait les harmoniser”

Espérance Belau, Mutuelle financière des femmes africaines

Même si des efforts sont déployés, la malnutrition chronique et la malnutrition aigüe demeurent dans cette partie du continent des défis assez importants.

Lesquels, « ces dernières années ont été même exacerbés par la combinaison de crises telles que les changements climatiques, les sècheresses, les inondations, les crises sécuritaires liées aux conflits internes qui entrainent des déplacements de populations, les crises économiques mondiales qui résultent de la guerre en Ukraine sans oublier la Covid-19 », soutient Siméon Nanama.

La région est en proie à de réelles menaces. 84 % de sa population ne peut pas se permettre une alimentation saine et 20 % est sous-alimentée, alors que d’ici 2050, cette population sera multipliée par 2,7. D’autres données démographiques laissent entrevoir une aggravation de la mauvaise alimentation de la petite enfance et appellent à agir au plus vite.

Au cours du premier Forum pour l’alimentation des jeunes enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre organisé par l’UNICEF du 12 au 14 septembre à Cotonou au Bénin, les experts et participants ont pris de nombreuses résolutions.

Ils ont convenu de soutenir l’intégration de la nutrition dans les services de santé, de faire des écoles un lieu d’amélioration de la nutrition, de combattre la malnutrition sous toutes ses formes, de soutenir les directives alimentaires nationales élaborées, d’augmenter l’information des consommateurs sur une alimentation saine, d’établir et d’appliquer des normes de qualité pour les produits alimentaires.

Politiques communes

Pour atteindre cet objectif, le rôle du secteur privé et des ONG, de même que celui des PME intervenant dans la fabrication des produits alimentaires a été mis en avant.

« Aujourd’hui, il faut qu’il y ait une plateforme pour avoir des politiques communes. Il existe des politiques nationales et sectorielles sur le secteur de la nutrition infantile, mais il faudrait les harmoniser », suggère Espérance Belau, présidente de la Mutuelle financière des femmes africaines et administrateur de la Fédération des entrepreneurs du Congo.

Selon elle, « on ne peut pas parler de transformation de la nourriture des enfants sans parler de l’agriculture, de la recherche, de l’énergie, des infrastructures ». Il faut donc des approches inclusives permettant à tous les acteurs de se retrouver, chacun exprimant réellement ses besoins pour améliorer cette transformation nutritionnelle.

Espérance Belau ajoute également qu’il faut des convergences. L’appui de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), partenaire du forum, est très attendu aussi. L’instance régionale, forte de ses 15 pays membres et de son actif peut constituer une force et un bon canal pour la mise à échelle des innovations relatives à la nutrition des enfants.

Selon les experts en nutrition infantile, les 1000 premiers jours de vie constituent une fenêtre d’opportunités pour prévenir la malnutrition sous toutes ses formes. Les pratiques alimentaires entre 6 et 23 mois déterminent pour une large part le bien-être physique et mental des enfants, conviennent-ils.

Ould Sidimou Isselmou, directeur de la nutrition communautaire et des cantines scolaires au Commissariat à la sécurité alimentaire en Mauritanie, déclare pour sa part que le traitement de la malnutrition doit passer par une action multisectorielle.

Il faut, ajoute-t-il, « inscrire la malnutrition dans toutes les actions et voir dans quelle mesure faire une budgétisation sensible à la nutrition ».

La transformation doit tenir compte de la résilience de la population. Il estime aussi que « la réponse aux aléas climatiques, aux catastrophes peut constituer un atout pour mettre en œuvre des activités de résilience de ces populations qui doivent être bénéfiques pour le traitement de la malnutrition ».

Abondant dans le même sens, Christiane Rakotomalala, experte agroalimentaire chez Gret, précise que le désastre climatique a déjà un effet sur l’état nutritionnel des jeunes enfants.

« Il est indispensable d’intégrer des actions qui permettront d’améliorer les impacts climatiques que ce soit au niveau de la transformation, des producteurs, et même au niveau des consommateurs », suggère-t-elle.

Toujours pour gagner la bataille de la bonne nutrition chez les 6-23 mois, les experts ont suggéré l’amélioration de la production de légumineuses, de fruits, de légumes et d’aliments d’origine animale…