Par: Onyango Nyamol
Envoyer à un ami
Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.
[NAIROBI] Des scientifiques prévoient que des millions de personnes dans 65 pays dans le monde, y compris ceux d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et du Pacifique, pourraient faire face à une malnutrition accrue du fait du changement climatique et de la surpêche qui font des ravages.
Selon une étude qui a analysé plus de 800 espèces de poissons de plus de 157 pays, le changement climatique et la surpêche pourraient entraîner de graves pénuries de micronutriments vitaux dans les océans.
Parmi les pays dont les pêcheries sont exposées à un risque accru, il y a ceux d’Afrique subsaharienne comme le Mozambique et la Sierra Leone, et les pays d’Asie de l’Est et du Pacifique comme le Cambodge, l’Indonésie, la Malaisie et le Timor-Leste, selon l’étude publiée le 20 juillet dans Current Biology.
“Rendre le poisson plus accessible localement pourrait avoir un impact énorme sur la sécurité alimentaire mondiale et aider à lutter contre les maladies liées à la malnutrition chez des millions de personnes dans le monde”
Eva Maire, université de Lancaster, Angleterre
« Les pays avec des captures riches en nutriments sont plus vulnérables au changement climatique, surtout les pays tropicaux d’Asie de l’Est, du Pacifique et d’Afrique subsaharienne où les carences en micronutriments sont particulièrement répandues », explique Eva Maire, auteure principale de l’étude et associé de recherche principal au Lancaster Environment Centre de l’université de Lancaster en Angleterre.
« Cela suggère un potentiel non exploité de la pêche pour aider à combler les lacunes nutritionnelles, en particulier parmi les communautés côtières », ajoute-t-elle.
Eva Maire affirme que l’étude a révélé un impact clair du changement climatique sur la disponibilité globale des micronutriments pour 65 pays ; et par conséquent, la sécurité alimentaire de millions de personnes vivant dans ces pays pourrait être menacée.
« Rendre le poisson plus accessible localement pourrait avoir un impact énorme sur la sécurité alimentaire mondiale et aider à lutter contre les maladies liées à la malnutrition chez des millions de personnes dans le monde », ajoute-t-elle.
Les chercheurs ont analysé l’influence combinée du changement climatique et de la surpêche sur la disponibilité des micronutriments à l’aide des données de capture de poisson de 157 pays pour les années 2010 à 2014.
« Notre analyse met en évidence la nécessité de consolider les politiques de pêche, climatiques et alimentaires pour garantir la contribution durable des micronutriments dérivés du poisson à la sécurité alimentaire et nutritionnelle », indique l’étude.
« Nous devons trouver un moyen de placer la nutrition humaine au cœur des politiques de pêche. Les décideurs en matière de sécurité alimentaire devraient reconnaître que le poisson est un aliment riche en nutriments et travailler sur ce qui peut être fait pour accroître l’accès au poisson pour les personnes souffrant de malnutrition. Une atténuation efficace du [changement climatique] est une priorité », dit-elle.
Edward Kimani, chercheur en chef en matière de pêche et d’écologie aquatique au Kenya Marine and Fisheries Research Institute, déclare que les impacts économiques de la réduction de la production halieutique comprennent une réduction des emplois et des revenus des ménages ainsi que d’autres activités de soutien à la pêche, et une réduction du commerce et des exportations.
Avertissement précoce
« La production de poisson dépend de l’environnement aquatique et le changement climatique affecte directement la productivité », explique-t-il ; ajoutant que les résultats de l’étude pourraient informer les décideurs politiques sur les impacts de la surpêche et du changement climatique sur une source clé de nourriture et de nutrition en Afrique.
« C’est un avertissement précoce pour préparer l’atténuation en réduisant les impacts ainsi qu’en développant des sources alternatives de nourriture et d’activités économiques pour couvrir les pertes dues à la surpêche et au changement climatique », déclare Edward Kimani.
Pour ce dernier, les stratégies d’atténuation de la surpêche comprennent le développement d’autres activités économiques telles que le tourisme côtier et marin pour réduire le nombre de personnes qui dépendent directement de la pêche, et le développement de la pisciculture pour réduire la dépendance à l’égard de la capture de poissons dans leur milieu naturel.
Références
Eva Maire and others Micronutrient supply from global marine fisheries under climate change and overfishing (Current Biology, 20 July 2021)