15/09/11

L’Algérie entend développer davantage son secteur scientifique

Malgré la hausse du budget scientifique, la bureaucratie administrative demeure un obstacle majeur Crédit image: Flickr/myoldpostcards

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[ALGER] L’Algérie continue à augmenter son budget scientifique, d’après un rapport présenté par le ministère de la Recherche scientifique à l’occasion d’une rencontre orchestrée par le Président du pays, Abdelaziz Bouteflika.

Ce rapport indique que le budget a déjà été rehaussé à un pour cent du produit intérieur brut (PIB), soit le triple du budget alloué il y a cinq ans, et il est prévu qu’il atteigne 1,2 pour cent l’année prochaine.

Malgré ces hausses, des critiques dénoncent le fait qu’une bureaucratie excessive contraigne des équipes de recherche à renoncer à leur travaux, et que les nouveaux investissements ne parviennent pas à aboutir à une production scientifique de haute qualité en raison du manque de personnes qualifiées.

Ce rapport comporte un examen du cadre 2008-2012 en Algérie, qui vise à stimuler la recherche scientifique et les développements technologiques dans le pays.

Le ministre adjoint de la Recherche scientifique, Souad Bendjaballah, qui a présenté le rapport lors de la rencontre, a indiqué que 260 laboratoires de recherches et 25 nouveaux centres de recherches avaient été approuvés. Un système national de documentation en ligne a également été mis en place.

Les projets pour 2011–2012 incluent la création d’un Conseil national pour la recherche scientifique et le développement technologique, et de plusieurs centres de transfert de la technologie.

Les chercheurs reconnaissent que l’Algérie a obtenu beaucoup de résultats depuis que la recherche scientifique est devenue une priorité en 2007, certainement bien plus qu’à toute autre période depuis l’indépendance du pays en 1962. Toutefois, ils signalent que les efforts actuels butent sur de nombreux obstacles.

Abdel Malek Rahmani, coordinateur du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), a déclaré à SciDev.Net, que le problème principal n’est pas le manque d’équipements ou de financements. "L’encadrement et le fonctionnement constituent des obstacles", a-t-il déclaré.

Il a ajouté que, seul, l’argent ne peut pas compenser le manque d’environnements propices à la recherche. On a observé une "exploitation non-rationnelle des ressources [lorsqu’on a tenté] de passer d’un niveau primaire de la recherche scientifique à un niveau plus avancé".

Selon Mohamed Semati, chercheur en géologie à l’Université de Constantine, "la paperasserie administrative entrave encore la recherche scientifique et elle demeure la cause principale des mauvais résultats obtenus, ce malgré la stratégie de développement que le pays tente de mettre en œuvre. Plusieurs équipes de recherche ont interrompu leur travail en raison des obstacles administratifs qu’elles rencontrent".

Abdul Kadhum Al Aboudi, Professeur de physique nucléaire à l’Université d’Oran, a ajouté que la disponibilité de personnes qualifiées constitue une autre barrière.

Selon lui, "l’argent n’est pas le principal moteur pour faire avancer la recherche scientifique, bien qu’il soit important. Malgré les progrès qui ont été réalisés au cours des quatre dernières années, l’Algérie n’a pas encore réussi à développer une élite de scientifiques dont les recherches permettraient de créer de la richesse".

S. Bendjaballah a partagé ce point de vue lorsqu’il a déclaré, dans un entretien diffusé à la télévision nationale, que le secteur scientifique dépensait seulement la moitié du budget qui lui est alloué et que plusieurs projets n’étaient pas mis en œuvre en raison du manque de personnes qualifiées.