20/12/13

Traitements inadaptés et lacunes de la RD, freins à la lutte contre les MTN

Saving lives like Abdul's - prevention is better than cure
Crédit image: Flickr/DFID

Lecture rapide

  • Des chercheurs ont passé en revue les bases de données afin de répertorier les initiatives de R-D sur 49 maladies négligées
  • La R-D sur 38 de ces 49 maladies pendant la période d’étude (2000 -2011) est inadaptée.
  • Une spécialiste préconise la mise en place d’un système de financement durable de la R-D pour combattre ces maladies.

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[NAIROBI] Une étude conclut que les maladies tropicales négligées (MTN) continuent à connaître un déficit de financement et de recherche-développement (R-D), et peu d’attention leur a été accordée au cours des 12 dernières années.
 
Des chercheurs français, suisses et britanniques ont passé les bases de données des principaux registres des essais cliniques, d’autorités de réglementation des médicaments et de l’OMS pour y répertorier les traitements de MTN et les essais connexes enregistrés entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2011.
 
Les auteurs de l’étude ont recensé 49 maladies négligées, notamment le paludisme, la tuberculose, les maladies diarrhéiques, et 17 maladies tropicales négligées telles que définies par l’OMS.
 
 Ils affirment qu’une précédente étude portant sur les 25 années antérieures à la période de la présente étude a établi que les maladies négligées représentent une charge  de 12 pour cent sur  les systèmes de  santé dans le monde, mais seulement 1,1 pour cent des nouveaux médicaments est consacré à leur traitement, d’où l’idée de voir si cette situation a évolué.

“Le système actuel de R-D est assujetti aux forces du marché et non aux besoins sanitaires. L’incitation à innover est étroitement liée à la rentabilité, ce qui explique que les maladies des pauvres restent largement ignorées et abandonnées”

Katy Athersuch, Médecins Sans Frontières

 

 
Cette étude publiée dans l’édition du 24 octobre de la revue The LancetGlobal Health  montre que des 850 nouveaux médicaments et vaccins développés entre 2000 et 2011, seuls 37 (soit 4 pour cent) sont  consacrés au traitement des MTNs.
 
« Pour nous, cet état de choses  est dû à l’insuffisance des investissements dans la recherche clinique sur les maladies négligées », affirme Belen Pedrique, auteur principal de l’étude et épidémiologiste à l’Initiative Médicaments contre les Maladies négligées (DNDi) basée en Suisse.
 
 Les chercheurs constatent que : « des 148.445 essais cliniques enregistrés  au 31  décembre 2011, seuls 2.016 (soit 1 pour cent) concernent les MTNs ». Ils ont également établi que parmi ces 49 maladies négligées, la R-D sur 38 (presque 80 pour cent), notamment l’ulcère de Burruli, la tuberculose et les morsures de serpent, est insuffisante.
 
 « Au niveau mondial, les besoins en matière de recherche sur les maladies tropicales négligées restent très élevés », ajoute Pedrique qui relève tout de même que des progrès ont été accomplis ces dernières années comparativement aux décennies 1970 et 1980.
 
Cependant, selon Katy Athersuch, conseillère en accès et innovation médicale à Médecins sans Frontières, il faut apporter des changements aux modèles actuels de R-D sur les MTNs si l’on veut qu’elles bénéficient de l’attention requise.
 
« Le système actuel de R-D est assujetti aux forces du marché et non aux besoins sanitaires. L’incitation à innover est étroitement liée à la rentabilité, ce qui explique que les maladies des pauvres restent largement ignorées et abandonnées », explique-t-elle à SciDev.Net.
 
Elle préconise la mise en place d’un « système durable » pour stimuler et financer l’innovation pour  les besoins des populations du monde en développement, accélérer le développement de vaccins, du diagnostic et de traitements adaptés aux besoins  des pauvres.
 
Les gouvernements des pays pauvres et des pays riches doivent porter leurs budgets de R-D en santé à au moins 0,01 pour cent du PIB et trouver un accord sur un système de R-D susceptible de répondre aux besoins sanitaires du monde en développement, recommande-t-elle.
 
Lien vers l’étude complète dans The Lancet Global Health*
 
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Cet article est une production de la rédaction Afrique subsaharienne de SciDev.Net.

Références

The Lancet Global Health doi:10.1016/S2214-109X(13)70078-0 (2013)