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[KISUMU, KENYA] Une forte sécheresse dans la Corne de l'Afrique en 2017 a provoqué une grave pénurie d'eau, détruit des cultures et exposé le Kenya, la Somalie et le Soudan à une faim chronique.

L'Ouganda n'a pas été épargné non plus et les pâturages, ainsi que les champs fertiles du pays ont été transformés en argile rouge et brune et sèche. Plus de neuf millions d'Ougandais sont à la merci de l'aide alimentaire, selon le département de la préparation aux catastrophes et de la gestion des catastrophes, une structure dépendant du Bureau du Premier Ministre.

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

Cela a incité le gouvernement ougandais à prendre des mesures urgentes grâce à une modernisation ambitieuse de ses systèmes de surveillance de la météo, de l'eau et du climat, pour renforcer la résilience, améliorer les vies et les moyens de subsistance et prévenir de telles catastrophes humanitaires.

Grâce au financement du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), à l'aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du ministère ougandais de l'eau et de l'environnement, le projet de renforcement des systèmes d'information et d'alerte rapide (SCIEWS) en Ouganda est désormais l'un des plus systèmes de surveillance météorologique les plus solides en Afrique de l’Est, selon Onesimus Muhwezi, chef d’équipe, Environnement, climat et résilience aux catastrophes du PNUD, en Ouganda.

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

Onesimus Muhwezi, dans une interview exclusive, a déclaré à SciDev.Net que le projet facilitait la fourniture, en temps réel, d'informations sur le climat, y compris des alertes précoces pour faciliter la prise de décision.

Le projet, qui a démarré en 2014 au niveau opérationnel et a pris fin le 30 juin 2018, a reçu un don de 4 millions de dollars US du FEM et a été co-financé par le PNUD et le gouvernement ougandais, à hauteur de près de 7 millions de dollars. La conception d'un projet de suivi a commencé, a indiqué Onesimus Muhezwi.

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

 
Pourquoi améliorer la surveillance météorologique ?
 
L’agriculture est l’épine dorsale de l’économie ougandaise, employant 70% de la population, et elle contribue pour moitié aux exportations du pays et au quart de la richesse nationale, a expliqué Onesimus Muhezwi. Il est essentiel de réduire la pauvreté, de stimuler la prospérité et de créer des emplois, en particulier pour les femmes et les jeunes.

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

Le système agricole du pays repose principalement sur la pluie. Malheureusement, les précipitations saisonnières sont devenues plus variables et moins prévisibles, avec des conséquences sur des rendements fluctuants.

Les ravageurs des cultures et des animaux, tels que la légionnaire d'automne, liés au changement climatique, sont devenus un problème croissant, ce qui accroît la vulnérabilité des petits agriculteurs qui ne peuvent investir dans l'irrigation ou souscrire à une police d'assurance pour leurs cultures et leurs animaux.

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

Des informations fiables sont importantes pour indemniser les agriculteurs en cas de perte causée par les intempéries, telles que les inondations et la sécheresse, réduisant ainsi la vulnérabilité et la résilience des agriculteurs", a expliqué Onesimus Muhezwi.

Les agriculteurs ont accès aux données météorologiques et hydrologiques collectées via un réseau de stations météorologiques manuelles et automatisées et les utilisent.

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

La radio reste néanmoins le meilleur outil pour diffuser des informations météorologiques, en raison de sa large couverture des communautés et les stations de radio locales couvrant jusqu'à 90% des arrondissements et des régions diffusent gratuitement des informations météorologiques et climatiques chaque mois, a ajouté Onesimus Muhwezi.

"Maintenant, lorsque nous recevons des nouvelles de la météo à la radio, nous pouvons élaborer un plan. Si nous savons qu'il va pleuvoir, nous pouvons creuser une tranchée afin que l'eau puisse passer sans détruire nos plantes", a déclaré Haruna Masaba, un agriculteur du village de Nakhabago, dans l'est de l'Ouganda.

Selon Haruna, avec des informations en temps réel et des communiqués sur l'agriculture, les exploitants obtiennent des informations relatives au moment propice pour planter, récolter et mettre leurs cultures sur le marché, augmentant ainsi la résilience des communautés aux chocs climatiques et renforçant la sécurité alimentaire.
 

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

Selon Onesimus Muhwezi, ce modèle utilisé par l’Ouganda peut être reproduit dans d’autres pays d’Afrique. "Le modèle a démontré que la production de données probantes est essentielle pour justifier l’intégration de l’information climatique dans le développement et l’augmentation du financement des services météorologiques nationaux."

À propos du projet ougandais, William Ndegwa, directeur du département de météorologie du comté de Kitui, a déclaré que la modernisation des observations météorologiques sous la forme de la mise en place de stations météorologiques automatisées en Afrique subsaharienne, se poursuit depuis la fin du 20ème siècle, après le sommet de Rio, en 1992.

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

Les stations ont le potentiel de détecter des changements significatifs dans des intervalles de temps courts – à la seconde, à l'heure, ou chaque jour – et de les diffuser à travers les réseaux de distribution, en fonction des exigences des utilisateurs finaux", explique-t-il.

Les informations provenant des stations météorologiques automatisées aident le service météorologique à accroître la précision et la rapidité de ses prévisions et avertissements.

Mais l'importance des bénéfices qu'en tirent le secteur agricole et les petits exploitants dépend de la forme sous laquelle les données sont accessibles aux agriculteurs, a déclaré William Ndegwa.

Crédit Photo : Andrea Egan, Luke McPake et PNUD Ouganda

Les approches actuelles utilisées dans la plupart des systèmes météorologiques sont telles que l'agriculture et les petits exploitants sont des bénéficiaires de second niveau, voire de troisième et quatrième niveau, de sorte que la valeur s'en trouve amoindrie.

Les projets de modernisation des observations météorologiques destinées aux petits exploitants devraient repenser la méthode d’accès et d’archivage des données pour permettre au consommateur d’obtenir les données en tant qu'utlisateurs de premier plan.