30/08/13

Des techniques culturales pour transformer les savanes en cacaoyères

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Lecture rapide

  • Des techniques développées par des agriculteurs camerounais permettent de convertir les savanes, a priori inaptes à la culture du cacaoyer, en cacaoyères productives et durables
  • Ces techniques sont réputées difficiles et aléatoires, à cause des risques liés aux incendies
  • Selon des spécialistes, elles peuvent aussi contribuer à la reforestation des terres dégradées par d’autres cultures

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[Cotonou] Des techniques culturales réalisées au Cameroun ont montré que grâce à l’élimination de l’imperata (Imperata cylindrica) – une adventice particulièrement nuisible pour les cultures –, on peut transformer une savane en cacaoyère productive et obtenir des rendements similaires à ceux des plantations installées en galerie forestière.

Les chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et de l’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad) ont cherché à savoir comment les agriculteurs de la région de Bokito (nord du Cameroun) parviennent à convertir les savanes, a priori impropres à la culture du cacaoyer, en cacaoyères productives et durables.

Les résultats de leurs travaux ont été publiés courant juillet dans la revue scientifique Agroforestry Systems.

Les agriculteurs utilisent deux techniques pour arriver à installer des cacaoyères sur une savane.

La première consiste à se débarrasser d’abord de l’imperata pendant plusieurs années en plantant des palmiers à huile ou des cultures annuelles dans les champs qui permettent d’obtenir au bout de quatre à cinq ans, un couvert végétal dense qui empêche la repousse de l’adventice.
 

“La production de cacao au Cameroun a presque doublé au cours des dix dernières années, principalement en raison de la conversion des forêts en cacaoyères dans la région sud-ouest du pays.”

Jim Gockowski, chercheur à l’Institut International d’Agriculture tropicale (IITA)

La seconde méthode est presque similaire à la première sauf que les parcelles sont labourées à la main et les cultures annuelles plantées sont à cycle court.

Ces deux méthodes permettent d’offrir un ombrage propice à la croissance des cacaoyers favorisant progressivement une biodiversité et une augmentation de la fertilité des sols sans apport d’engrais dont la teneur en carbone est supérieure à celle des savanes en friche (de l’ordre de 2,2 % à 3,1 % contre 1,7 % ).

Selon Jim Gockowski, chercheur à l’Institut International d’Agriculture tropicale (IITA), le processus de transformation de la savane en cacaoyère productive est difficile et risqué à cause des risques d'incendie associés aux prairies de l’adventice pendant la saison sèche.

« La production de cacao au Cameroun a presque doublé au cours des dix dernières années, principalement en raison de la conversion des forêts en cacaoyères dans la région sud-ouest du pays », explique M. Gockowski. 

Pour le chercheur, les systèmes de cultures pérennes profondes permettent un meilleur travail de recyclage des éléments nutritifs et augmentent la biomasse totale dans le système de production. 

Selon le chercheur, ce processus n’est pas une réponse au changement climatique, mais plutôt un reflet de la volonté des agriculteurs vivant dans cette zone de transition de créer des actifs d'arbres susceptibles de générer des niveaux plus élevés de revenu.

Pour Pierre-Claver Alao, président de l’Union des producteurs de cacao du Bénin (Upc-Bénin), la culture du cacao dans les savanes pourrait contribuer à la reforestation des terres dégradées par d’autres cultures.