13/01/12

Les scientifiques pour la prise en compte des arbres dans la modélisation climatique

L'impact des arbres sur le climat local n'est pas pris en compte dans les modèles climatiques actuels Crédit image: Flickr/tik_tok

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[DJAKARTA] D'après certains experts en agroforesterie, les modèles et les projections climatiques actuels manqueraient de précision, parce que la collecte des données est fondée sur des directives qui ne tiennent pas compte de l'impact des arbres sur le climat local.

Ce manquement constituerait un obstacle à l'adaptation efficiente des communautés locales d'agriculteurs, puisque l'effet réel des changements climatiques sur leurs cultures n'est pas saisi avec précision.

Les arbres peuvent influencer plusieurs des facteurs climatiques prévus par modélisation, et leur impact doivent être inclus dans les cartes climatiques, affirment ainsi des chercheurs du Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF) dans un ouvrage intitulé Comment les forêts et les populations et s'adaptent aux changements climatiques (en anglais, How people and trees can co-adapt to climate change) publié le mois dernier (1er décembre). L'ouvrage soutient que l'extension de la couverture arborée à des fins agricoles constitue un bon mécanisme d'adaptation.

'La modification de la couverture arborée des paysages agricoles afin d'adapter les microclimats aux cultures remonte à très longtemps' affirme l'ouvrage, qui cite pour exemple des parcs agroforestiers du Sahel où les arbres protègent les cultures céréalières contre la chaleur extrême et préservent l'humidité du sol ; des zones côtières d'Asie du Sud-Est, où l'association des cultures avec le cocotier est une vieille tradition ; ou encore les flancs des montagnes, où la manipulation des 'arbres d'ombrage' contribue à la hausse des rendements du cacao, du café ou du thé.

Pourtant, 'aucune de ces méthodes n'a encore été prise en compte dans la planification nationale de l'adaptation aux changements climatiques'.

Conformément aux directives de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM), les stations météo du monde collectent les données sur terrain découvert, c'est-à-dire à l'écart des arbres, explique Meine Van Noordwijk, l'un des éditeurs du livre. Les données collectées sont ensuite utilisées dans la modélisation et les projections climatiques.

 

Mais les arbres peuvent influencer le climat local d'une région, en réduisant par exemple la température maximale et en augmentant l'humidité, poursuit Van Noordwijk. Les données peuvent varier,  et donner des résultats différents, en fonction de l'endroit où se situe la station météo par rapport au feuillage des arbres, ajoute-t-il.

'Malheureusement…les climatologues n'ont pas fait beaucoup d'efforts pour quantifier [l'impact des arbres]. À cause de cette négligence, nous sommes en train de rater une opportunité de comprendre comment nous pouvons nous adapter'.

Pour Rizaldi Boer, directeur exécutif du Centre de gestion des risques et des opportunités climatiques en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique, la logique qui sous-tend les normes de l'OMM consiste à éviter les effets du feuillage des arbres sur les mesures. Les climatologues continuent à prendre en compte les effets de la couverture du sol autour de la station dans leurs modèles, ajoute-t-il.

L'ouvrage de l'ICRAF traite aussi plus généralement de l'importance de la couverture arborée dans l'adaptation aux changements climatiques et les activités rurales. Novrida Masli, spécialiste indonésien des politiques en matière de changements climatiques se félicite de ces informations qui selon lui pourraient promouvoir l'adaptation au niveau local.

'Jusqu'à présent, notre gouvernement a surtout mis l'accent sur l'atténuation et non sur l'adaptation', regrette Masli,qui ajoute que les idées développées dans ce livre peuvent aider à changer la donne.