14/11/17

La femme au cœur de la Journée mondiale du diabète

Diabetes Pregnant Woman
Crédit image: Matthias Ziegler

Lecture rapide

  • Selon la FID, une femme sur 10 est diabétique, à l'échelle mondiale
  • Les difficultés concernent, entre autres, les fausses couches et les bébés mal formés
  • Les spécialistes appellent à une prise de conscience généralisée

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Selon les dernières estimations de la Fédération Internationale du Diabète (FID) [1], un adulte sur 11 souffre de la maladie, soit un total de 425 millions de personnes et 10 millions de personnes de plus qu'en 2015.
 
Associée à un certain nombre de complications débilitantes affectant les yeux, le cœur, les reins, les nerfs et les pieds, la maladie touchera près de 700 millions de personnes d'ici à 2045.
 
Plus de 350 millions d'adultes, tous sexes confondus, courent actuellement un risque élevé de développer le diabète de type 2, la forme la plus répandue de la maladie.
 
Les difficultés à concevoir, les fausses couches, les bébés mal formés et un mauvais état général des grossesses constituent quelques-uns des principaux impacts  sur les femmes.
 
La FID estime qu'une femme sur dix vit avec le diabète et beaucoup n'ont pas accès aux soins de santé et ne sont pas sensibilisées à la maladie.

“Le diabète est bien une question de santé publique et cela interpelle les Etats qui doivent mettre en place des moyens de lutte et de sensibilisation idoines.”

Baye Oumar Gueye – ASSAD Sénégal

 
Un problème encore plus grave est celui du diabète pendant la grossesse ou celui du diabète non contrôlé avant la grossesse – une naissance sur sept est affectée par le diabète gestationnel. Le diabète est également la neuvième cause de décès chez les femmes dans le monde, causant 2,1 millions de décès par an.

Il n'est donc pas étonnant que, pour faire prendre conscience de ces questions, le thème de la journée mondiale de lutte contre le diabète porte cette année sur "Les femmes et le diabète : notre droit à un avenir sain." 

Selon Baye Oumar Gueye, secrétaire général de l’Association Sénégalaise de Soutien et d'Assistance aux Diabétiques (Assad) [2], en 2041, "le diabète risque de toucher 313 millions de femmes."
  
"Le diabète est bien une question de santé publique et cela interpelle les Etats qui doivent mettre en place des moyens de lutte et de sensibilisation idoines", ajoute-t-il.

Diabetes figures

Seydou Nourou Diop, qui a dirigé pendant plusieurs années le centre Marc Sankalé de prise en charge des diabétiques, basé à Dakar, assure que les femmes risquent de payer un lourd tribut à la maladie.
 
Au plan mondial, le diabète touche un peu moins les hommes que les femmes et, de fait, la mortalité est plus importante chez la femme, notamment dans le cadre de l’association entre grossesse et diabète.     

Seydou Nourou Diop estime qu'au Sénégal, "ce sont 80% de femmes diabétiques qui viennent en consultation pour se faire suivre, beaucoup plus que les hommes qui se croient à l'abri et viennent une fois avant de disparaître. Mais le gros problème, c’est que la plupart de ces femmes sont en état de procréer et si elles ne sont pas en bonne santé, ou si le diabète n'est pas maîtrisé, elles risquent de perdre leur grossesse ; il faut que le diabète soit découvert si possible avant la grossesse et maîtrisé."
 
Seydou Nourou Diop ajoute qu’en Afrique, si on met de côté la "femme intellectuelle" qui a beaucoup de moyens, la femme, en général, est soumise au mari ou à la famille, à des conditions qui font qu'elle ne peut pas exercer son droit à la santé, surtout quand elle est diabétique. C'est aussi la responsabilité de l’Etat d’informer et de sensibiliser ces femmes."
 
Dans le cadre de la célébration de la journée mondiale, les autorités ont lancé la semaine dernière une campagne de dépistage gratuit au niveau de la principale prison de femmes de Dakar et une formation a été donnée au personnel pénitentiaire.
 
L’Association Sénégalaise de Soutien et d'Assistance aux Diabétiques (Assad) participe activement à cette journée, en s’impliquant dans des campagnes de dépistage gratuit qui se proposent de cibler près de 100 personnes dans chacune des dix régions du pays.
 
Ces dépistages incluent l’obésité, l'hypertension artérielle et le diabète, considérés comme "des maladies qui vont ensemble."
 
Les données de l’enquête nationale sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles (STEPS) réalisée en 2015, montrent que la prévalence du diabète, tous âges confondus (20 à 79 ans), est de 3,4% mais dès la tranche d’âge de 40-45 ans, elle monte à 5,5%.
 
Dans les pays en développement, surtout en Afrique, 2/3 des diabétiques s'ignorent et cela signifie qu'ils ne sont pas suivis.
 
"Donc le dépistage réel est une exigence de santé publique mais il faut aussi que les Etats soient prêts à faire face au nombre de malades, car si on estime que 3 à 5% des près de 14 millions de Sénégalais sont des diabétiques, vous voyez ce que cela représente. C'est pourquoi il est important d’investir dans la prévention", estime encore Seydou Nourou Diop.
 
Le practicien sénégalais relève que "de plus en plus de gens acceptent de se faire suivre. Il y a 35 ans quand je faisais ma thèse, on voyait 20% de la population venir en consultation ; en 2000 on était entre 50-60% des diabétiques connus qui venaient se faire suivre au moins 2 ou 3 fois par an."
 
Pour le professeur Diop, "cela veut dire que la sensibilisation donne des résultats. Autrefois les gens disaient : "Je ne veux pas savoir". Maintenant ce sont eux-mêmes qui viennent. Au centre Marc Sankalé, depuis 2010 que nous avons mis en place un système de dépistage de la maladie, on reçoit en moyenne 50 à 60 personnes par jour pour des tests volontaires."
 
Le Sénégal s’est battu très tôt pour la prise en charge des médicaments et depuis 2004, l'Etat consacre chaque année une subvention de 300 millions de Francs CFA à l'insuline, ce qui fait que ce médicament coûte 3 à 4 fois moins cher que dans les pays voisins.
 
Le Centre Marc Sankalé suit près de 50.000 diabétiques, alors qu’une dizaine d’autres centres existent dans la capitale, sans compter au moins un centre dans chacune des dix autres régions du pays.
 
Nombre de ces résultats sont à mettre au crédit de l’Association Sénégalaise de Soutien et d'Assistance aux Diabétiques (Assad) qui a été reconnue d'utilité publique par décret présidentiel.
 
A titre d’exemple, un programme a été initié avec le soutien de l’Assad pour utiliser le mobile en vue de lutter contre la maladie. C’est ainsi que le service dénommé "Diabète et Ramadan" pour des conseils aux diabétiques et toute la population, a démarré en 2013. Il compte à ce jour 117.000 inscrits.