25/08/15

Madagascar: Révolution dans la prévention des feux de brousse

Madagascar Bushfire
Crédit image: Fanamby

Lecture rapide

  • Madagascar exploite le tout dernier satellite de prévention des feux de brousse
  • Le système est capable de détecter un feu de brousse dès son apparition
  • L’association d’appareils mobiles pour plus d’efficacité est prévue en octobre

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[ANTANANARIVO] Les 18 et 19 août dernier, a eu lieu à Madagascar l'atelier de lancement de l'exploitation du satellite Visible Infrared Imaging Radiometer Suite (VIIRS) qui va aider à une meilleure prévention des feux de brousse.

Avec ce nouvel instrument, il est désormais possible de prévenir et de signaler en temps réel et avec plus de précisions les feux de brousse à n’importe quel endroit du pays.

Le VIIRS, qui existe en fait depuis fin 2014, vient ainsi suppléer à son prédécesseur, le Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer (MODIS), mis en service en 2008 pour les mêmes opérations.

Selon les chercheurs, la performance du nouveau système numérique est toutefois nettement supérieure à celle de l’ancien.

"La résolution des images fournies par le VIIRS est ramenée à 375 m/375 m permettant ainsi de détecter un feu actif d’à peu près la taille du pneu d’un véhicule poids lourd. Alors que celle de MODIS est de 1 km/1 km, capable seulement de repérer tout feu actif cinquante fois plus volumineux", explique Andriambolantsoa Rasolohery, expert en télédétection à Conservation International Madagascar.

Cette infrastructure plus pointue arrive comme une aubaine pour Madagascar où les feux de brousse constituent un véritable fléau écologique.

Sur la Grande Ile en effet, les feux sont fréquents durant la saison sèche (d’avril à novembre) qui menace de s’allonger davantage sous l’influence du réchauffement planétaire.

Grâce à l’ancien système, des bases de données des feux depuis 2008 sont ainsi déjà disponibles auprès du ministère de l’Environnement et des forêts.

Avec le MODIS, les techniciens ont quotidiennement reçu des e-mails tenant lieu d’alertes avec des images satellitaires montrant des points en feu.

Les renseignements ainsi obtenus ont alors permis aux différentes organisations et structures dédiées à la lutte contre le feu de mobiliser les agents et les communautés sur le terrain, facilitant de ce fait les prévisions et les prises de décisions.

Selon son témoignage, Madagascar National Parks a ainsi pu mettre à l’abri des menaces liées aux feux son réseau de 51 aires protégées totalisant 2,2 millions d’hectares, habitat naturel des 92 % d’espèces endémiques, grâce à ce système d’alerte.

De son côté, le service des eaux et forêts, pour réprimer les activités illégales dans les zones boisées, en a fait autant.

Le projet minier Ambatovy recourt également à la même technologie pour gérer les menaces présentes aux alentours de ses sites de reforestation.

Mais le système VIIRS, en cours d’expérimentation depuis sa mise en place l’an passé, intègre d’autres fonctionnalités encore plus intéressantes.

Parmi elles, il y a la webmap qui est en mesure de restituer l’historique des feux actifs durant les trois mois précédents.

"Il comprend la prédiction sur la sévérité des saisons de feux. Il est possible de prévenir leurs fréquences journalières et annuelles ainsi que le risque de flammabilité des végétations. C’est donc un outil de planification fort indispensable", souligne Andriambolantsoa Rasolohery.

En outre, ajoute-t-il, le déploiement d’un système annexe associant les appareils mobiles comme les téléphones et les tablettes est prévu à partir de la mi-octobre, uniquement pour les organisations de conservation.

Ces appareils mobiles sont destinés à collecter les données sur les pressions et les perturbations sur le terrain et détecter la présence ou non de feux et enrichir en même temps les données provenant du terrain lui-même.

"Etant donné leur précision, ces dispositifs facilitent les tâches. Ils transmettent les données aux serveurs de l’organisation qui peut s’appliquer sur-le-champ à les analyser. Ceci est un gain de temps considérable. Plusieurs étapes, obligatoires auparavant, sont devenues inutiles. De plus, leur manipulation ne requiert que de simples connaissances pratiques", argumente Andriambolantsoa Rasolohery.