26/04/12

Une ancienne technique agricole pourrait contribuer à la conservation des savanes

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L'étude conclut que l'agriculture itinérante sur brûlis ne serait pas la méthode la plus efficace de gestion des savanes. Crédit image: Flickr/Sida Sweden

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Une étude conclut qu'une technique agricole pratiquée par les premiers habitants des savanes amazoniennes, qui ne faisaient pas recours aux feux, pourrait guider les efforts de conservation et de réhabilitation de ces grands écosystèmes à travers le monde.

L'étude permet d'apporter un contexte historique aux conclusions présentées lors d'une conférence en début d'année (le 26 janvier dernier), soutenant que l'agriculture itinérante sur brûlis, dans laquelle les arbres sont abattus, séchés puis brulés afin de préparer le sol pour les activités agricoles, crée de meilleures conditions pour de précieuses espèces d'arbre comme l'acajou.

L'étude, publiée récemment (9 avril) dans Proceedings of the National Academy of Sciences, conclut qu'avant la colonisation européenne de l'Amérique latine, les agriculteurs autochtones avaient développé une technique connue sous le terme 'agriculture sur champs surélevés' pour gérer les terres durablement, sans recourir aux feux.

Cette méthode, utilisée il y a 800 ans, consiste à faire de petites 'buttes' agricoles qui favorisent le drainage, l'aération des sols et la rétention de l'humidité.

Elle permet de conserver les nutriments du sol et les matières organiques, et de préserver la structure du sol.

“A long terme, si la terre n'est pas laissée en jachère pour une longue période [pouvant atteindre 20 ans] elle est appauvrie.”

José Iriarte, chercheur à l'Université d'Exeter, Royaume-Uni

Cette technique ancienne a été examinée par des chercheurs qui ont réalisé la première image détaillée de l'utilisation des terres, en documentant la très faible fréquence des particules de charbon, un indicateur du recours a feu, dans les savanes de la Guyane française.

"Les communautés indigènes contemporaines vivant en milieu de savane brûlent régulièrement la savane. Les paléo-écologues ont extrapolé pour conclure que toutes les savanes étaient brûlées régulièrement par le passé. Mais ce n'est pas vrai ", explique José Iriarte, chercheur à l'Université d'Exeter au Royaume-Uni et directeur de l'étude.

"Construire de petites buttes était la seule méthode qui leur permettait de cultiver ces savanes parfois inondées. Ils créaient ainsi une plateforme élevée, sèche et fertile" explique Iriarte.

Les chercheurs affirment que l'étude donne une perspective unique sur l'utilisation de ces terres avant et après l'arrivée des premiers Européens, et révèle que l'usage répandu du feu dans les savanes amazoniennes est un phénomène né après l'installation des colons.

Iriarte rappelle que l'agriculture sur champs surélevés et l'agriculture itinérante sur brûlis sont des techniques développées pour s'adapter à plusieurs milieux, alors même que l'usage des feux se solde par la destruction à long terme des nutriments du sol. "A long terme, si la terre n'est pas laissée en jachère pour une longue période [pouvant atteindre 20 ans] elle est appauvrie", souligne-t-il.

Selon les auteurs, leurs conclusions indiquent que l'agriculture sur champs surélevés pourrait également permettre une meilleure infiltration de l'eau et son stockage dans le sol et les racines des cultures.

Ils soutiennent aussi que ces conclusions peuvent être appliquées dans d'autres régions du monde.

"Nous pensons que l'agriculture sur champs surélevés, technique qui requiert une gestion rigoureuse des matières organiques, peut être pratiquée dans toutes les savanes souvent inondées", affirme Doyle McKey, professeur à l'Université de Montpellier II en France qui a également participé à cette étude.

Lien vers l'article complet dans PNAS

Références

PNAS doi: 10.1073/pnas.1201461109 (2012)