16/09/15

Une espèce de bœufs plus résistante à la mouche tsé-tsé

Farmer and Livestock
Crédit image: Flickr/WorldFish

Lecture rapide

  • Les bœufs sans bosse et à courtes cornes sont résistants à la trypanosomose
  • Cette maladie tue chaque année plus de trois millions de bœufs en Afrique
  • Sans cette maladie, il serait possible d’élever 33 millions de bœufs supplémentaires

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D’après des chercheurs spécialistes de la santé animale, les bœufs sans bosse, à courtes cornes (taurines), sont adaptés aux environnements difficiles et à la trypanosomose, une maladie animale africaine due à des parasites du sang transmis par la mouche tsé-tsé.
 
C’est ce que révèle une étude conjointe menée par des chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et ceux du Centre international de recherche-développement sur l’élevage en zone subhumide (CIRDES).
 
L’étude a été effectuée sur trente-six individus de cinq races bovines ouest africaines différentes et les résultats ont été publiés dans la revue Plos One.
 
Les races bovines (13 races bovines de type taurin et 12 de type zébu répertoriées) n’ont pas la même sensibilité face à la trypanosomose qui décime, chaque année, en Afrique, plus de trois millions de bœufs.
 
David Berthier du CIRAD, auteur principal de l’étude, explique que les bœufs sans bosse et à courtes cornes sont capables de résister à de fortes chaleurs et aux alternances des saisons sèches et humides ; mais aussi aux fortes pressions des insectes et des parasites qu’ils transmettent.
 
Selon cette étude, la race taurine à longues cornes appelée "N'dama" était jusque-là connue comme la seule espèce tolérante à l'infection.
 

“Les résultats de cette étude devraient intéresser les décideurs de nos pays qui, dans la recherche de solutions pour l'amélioration de la production laitière, privilégieront les croisements entre les races taurines et les races exotiques bonnes productrices de lait.”

Mathieu Cossi Akomédi, expert vétérinaire et zootechnicien

Désormais, c’est aussi le cas des taurines lagunaires à courtes cornes, selon les conclusions auxquelles sont parvenus les chercheurs.
 
Sophie Thévenon, également chercheur au CIRAD et co-auteur de l’étude, a expliqué à SciDev.Net que ces races bovines à courtes cornes sont résistantes parce qu’elles ont longtemps évolué dans des milieux fortement infestés par plusieurs espèces de glossines ou mouches tsé-tsé et ont pu développer "des mécanismes leur permettant de mieux tolérer ces infections par les trypanosomes".
 
"Notre étude met en lumière tout l'intérêt de bien caractériser, et surtout de préserver des races bovines africaines peu étudiées et qui sont pour autant bien adaptées à des environnements difficiles et à des pressions parasitaires importantes", précise-t-elle.
 
"La tolérance étant un caractère héritable, des croisements orientés, ou tout du moins réfléchis, permettraient d’aider les éleveurs à conférer de la tolérance à des races sensibles, comme les zébus, tout en conservant leur fort potentiel productif y compris dans des zones où jusqu'alors il était impossible de les élever sans un recours systématique à des traitements trypanocides", déduit David Berthier.
 
Car, en Afrique, beaucoup de pays subissent les effets néfastes de la trypanosomose animale qui sévit dans plus de 37 pays, soit la quasi-totalité de la région sub-saharienne, à l’exception des zones d'altitude.
 
Mathieu Cossi Akomédi, expert vétérinaire et zootechnicien, explique que dans le domaine de l’élevage, la mouche tsé-tsé en Afrique sub-saharienne empêche les productions animales sur près de 7 à 8 millions de km² de terre aux énormes potentialités fourragères et agricoles.
 
"Dans ces territoires, en l’absence de glossines, il serait possible d'élever 33 millions de têtes de bétail supplémentaires. En zone infestée, un paysan possède environ deux fois moins de bœufs de trait et cultive trois fois moins de surface agricole. Cet insecte est néfaste pour le développement économique des zones qu'il infeste", ajoute ce spécialiste.
 
En conséquence, la production de lait et de viande est insuffisante et les pays demeurent encore trop dépendants des importations de la viande bovine.
 
"Les résultats de cette étude devraient intéresser les décideurs de nos pays qui, dans la recherche de solutions pour l'amélioration de la production laitière, privilégieront les croisements entre les races taurines et les races exotiques bonnes productrices de lait", conseille Mathieu Cossi Akomédi.