01/06/12

Les chercheurs tunisiens veulent plus de soutien à la science

Des scientifiques tunisiens réclament une hausse du budget scientifique. Crédit image: Shutterstock

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[TUNIS] Des chercheurs tunisiens demandent que la Constitution du pays d’après la révolution comprenne une clause relative au soutien à la recherche scientifique, ainsi qu’un budget dédié à la science.

Ces demandes font suite à une importante baisse du financement de la science depuis le soulèvement de 2011 qui a conduit à un changement de régime dans le pays.

Le 11 mai dernier, l’Assemblée nationale constituante (ANC) a augmenté le budget de la recherche scientifique de dix pour cent, pour qu’il atteigne un total de 55 millions d’euros (67,8 millions de dollars).

Il représente près de 0,5 % du produit intérieur brut (PIB) du pays soit moins de la moitié du budget qui était alloué à la science avant la révolution. A l’époque, le financement de cette science représentait environ 1,25 %du PIB.

La communauté scientifique tunisienne a appelé à l’allocation d’au moins 2 % du PIB à la recherche scientifique.

Des chercheurs de l’Association tunisienne pour le développement de la recherche et de l’innovation (ATDRI) ont organisé une manifestation en avril devant l’ANC, dans le cadre de l’initiative qu’ils ont lancée pour demander une clause constitutionnelle séparée règlementant la recherche scientifique et garantissant des budgets appropriés.

"La mise en place d’un système de recherche scientifique concret et crédible est nécessaire pour créer des opportunités de richesse et d’emplois", a indiqué à SciDev.Net Rached Kahlani, secrétaire général de l’ATDRI.

"L’ATDRI a demandé à l’ANC de consacrer une clause de la nouvelle Constitution à la pérennisation  de l’importance de la recherche scientifique dans le pays et d’allouer au moins 2 % du PIB à la science", a-t-il ajouté.

Habib Khedher, rapporteur général de la Constitution et membre de l’ANC, a déclaré à SciDev.Net que "la recherche scientifique est une priorité dans la nouvelle Tunisie, et nous disposerons d’un article constitutionnel pour l’organiser".

Il a ajouté que, dans les mois qui viennent, l’ANC tiendrait une réunion générale avec le ministre de la Recherche scientifique pour discuter de l’état de la science et d’une mention des besoins des chercheurs et des scientifiques dans la Constitution.

Khedher a toutefois ajouté que cette dernière ne pouvait allouer un pourcentage précis du PIB du pays à la recherche scientifique, parce qu’un tel mécanisme exigerait une modification de la Constitution chaque fois que ce pourcentage changerait.

Moncef Ben Salem, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a déclaré à SciDev.Net que la réduction du financement de la science depuis la révolution avait été consécutive à "de grands défis et à des questions compliquées auxquels le gouvernement était confronté après le soulèvement -dont le chômage, les besoins de développement local et d’autres questions urgentes".

Béchir Hamrouni, chercheur au Centre de Calcul Khawarizmi, a laissé entendre qu’une baisse de ce budget "réduirait certainement le nombre de projets de recherche financés au cours de l’année".

"Nous continuons à jouir d’infrastructures de recherche appropriées, mais avec le temps, si le budget n’augmente pas, notre capacité de recherche scientifique baissera de façon spectaculaire", a-t-il dit.

Ben Salem a toutefois souligné que son ministère œuvrait actuellement à la réforme du système de recherche scientifique dans le pays en collaboration avec des chercheurs tunisiens de l’étranger, et des partenaires internationaux -en particulier l’UNESCO (l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture).

Selon Ben Salem, les récentes augmentations de budget constituent une importante partie de cet effort et elles seront utilisées spécifiquement pour financer la recherche scientifique orientée vers les priorités de développement et le transfert de nouvelles technologies.