09/02/22

Une chute du nombre de cas rapproche de l’éradication du ver de Guinée

Guinea worm extraction
L'extraction du ver de Guinée sur un enfant au Ghana. Crédit image: Mary Glenshaw/CDC , cette image est dans le domaine public.

Lecture rapide

  • Le nombre de cas de ver de Guinée a chuté de 48 % en 2021, passant de 27 à 14
  • Les interventions communautaires se sont révélées efficaces, malgré la COVID-19
  • Un dernier effort est nécessaire pour parvenir à son éradication complète, selon le Centre Carter

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Le nombre de cas humains de la maladie du ver de Guinée a diminué de moitié en 2021 pour atteindre un niveau record de 14, mettant à portée de main l’objectif d’éradication de cette maladie, a annoncé le Carter Center, basé aux États-Unis.

Cette maladie parasitaire est causée par la consommation d’une eau contaminée par des puces d’eau appelées copépodes, qui transportent les larves du parasite. Elle affecte les habitants des communautés éloignées et défavorisées qui consomment de l’eau provenant de sources d’eau stagnantes ouvertes telles que des étangs.

Alexander Paige, le président-directeur général du Carter Center affirme que son éradication est « une réalité imminente » grâce aux interventions réussies des ministères nationaux de la Santé, mais ajoute que « nous devons continuer à pousser jusqu’à la ligne d’arrivée ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la maladie du ver de Guinée n’est généralement pas mortelle, mais les personnes qui en souffrent deviennent « non opérationnelles » pendant des semaines et des mois.

“La réduction continue des cas de ver de Guinée dans le monde renforce l’idée que les déterminants sociaux de la santé tels que l’approvisionnement en eau potable et l’amélioration de l’assainissement sont très cruciaux pour la prévention des maladies infectieuses”

Ifeanyi Nsofor, Human Health Education and Research Foundation

Il n’existe ni vaccin ni médicament contre cette maladie, mais les interventions communautaires, telles que la formation des populations à la filtration de l’eau avant sa consommation, ont conduit à des réductions significatives ces dernières années, malgré l’apparition du COVID-19, selon le Carter Center, un établissement à but non lucratif.

Adam Weiss, directeur du programme d’éradication du ver de Guinée au Centre Carter, a déclaré à SciDev.Net que « face à la pandémie, des volontaires et du personnel local ont effectué des visites à domicile pour dispenser une éducation sanitaire, distribuer des filtres et protéger les sources d’eau contre la contamination ».

« De plus, le Tchad, le pays le plus endémique, a commencé à limiter les déplacements des chiens domestiques ; une approche développée en Éthiopie ».

Le pays n’a signalé que sept cas humains de maladie du ver de Guinée en 2021, contre 12 l’année précédente, selon les chiffres provisoires de l’organisation caritative.Quatre cas ont été signalés au Soudan du Sud, deux au Mali et un en Éthiopie, tandis que l’Angola et le Cameroun, qui avaient chacun un cas humain en 2020, n’en avaient aucun en 2021.

Au cours de la même période, les cas de la maladie chez les animaux ont chuté de 45 %. La majorité des animaux touchés se trouvant au Tchad où on a enregistré 855 cas, principalement chez les chiens.

La mise à jour du Carter Center a coïncidé avec la journée mondiale contre les maladies tropicales négligées (MTN), le 30 janvier. Cela vient après que l’OMS a déclaré plus tôt en janvier que la maladie était sur le point d’être éradiquée.

Dracunculose

La maladie du ver de Guinée, encore appelée dracunculose, est classée comme une MTN et est causée par un parasite appelé Dracunculus medinensis.

Lorsque les larves pénètrent dans le corps, elles mûrissent et s’accouplent. « Après environ un an, un ver femelle d’un mètre de long émerge lentement à travers une ampoule atrocement douloureuse sur la peau, souvent au niveau des jambes ou des pieds », explique le Carter Center.

« Une victime peut se soulager en trempant le membre affecté dans l’eau. Cependant, le contact avec l’eau stimule le ver émergent à libérer ses larves dans l’eau et à recommencer le processus », apprend-on.

Au milieu des années 1980, la maladie était endémique dans 20 pays (17 en Afrique et 3 en Asie), avec environ 3,5 millions de cas annuels.

Le Carter Center, fondé par l’ancien président américain Jimmy Carter, a lancé une campagne mondiale pour éradiquer la maladie du ver de Guinée en 1986, en collaboration avec des programmes nationaux, l’OMS, l’UNICEF et d’autres partenaires.Ifeanyi Nsofor, vice-président pour l’Afrique à la Human Health Education and Research Foundation, trouve que les réalisations sont « louables », mais ajoute que « il est assez décourageant que cette maladie affecte encore les communautés pauvres ».

Il affirme qu’un plaidoyer et des investissements accrus sont nécessaires pour inscrire la maladie du ver de Guinée et d’autres MTN à l’ordre du jour de la santé mondiale et parvenir à leur éradication complète.

« La réduction continue des cas de ver de Guinée dans le monde renforce l’idée que les déterminants sociaux de la santé tels que l’approvisionnement en eau potable et l’amélioration de l’assainissement sont très cruciaux… [pour la] prévention des maladies infectieuses », ajoute-t-il.

La variole est la seule maladie humaine à avoir été éradiquée, en 1980. Pour qu’une maladie soit déclarée éradiquée, chaque pays du monde doit être certifié indemne d’infection humaine et animale, même s’il n’y a pas eu de transmission.

Isaac Olufadewa, directeur exécutif de Slum and Rural Health Initiative au Nigeria, estime pour sa part qu’il est nécessaire de « tirer davantage parti des technologies                innovantes hors ligne et en ligne ».

La version originale de cet article a été produite par l’édition mondiale de SciDev.Net.