20/09/21

Un réseau de conseils scientifiques aux États pour les pays francophones

Science council
Un scientifique africain lors d'une conférence sur le conseil scientifique. Crédit image: sciencecouncil (CC BY-NC-SA 2.0)

Lecture rapide

  • Ce réseau va renforcer les liens entre chercheurs et décideurs pour des décisions politiques plus éclairées
  • Les chercheurs s’accordent sur la nécessité d’une telle collaboration dans les pays d’Afrique
  • Le comité d’orientation de ce Réseau est présidé par le géophysicien burkinabé Lassina Zerbo

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[MONTREAL] Organisé du 30 août au 2 septembre 2021 à Montréal au Québec (Canada) par l’International Network for Government Science Advice (INGSA)[1], le congrès international sur le conseil scientifique aux gouvernements a vu la création du Réseau francophone en conseil scientifique.

En initiant ce Réseau, Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec et président entrant de l’INGSA, a voulu donner un sens à la diversité linguistique au sein de cette institution créée en 2014.

Cette plateforme, dont le comité des membres va se tenir en octobre prochain, vise à promouvoir la prise en compte de connaissances scientifiques dans les décisions politiques.

“Aucun pays ne se développe uniquement avec la politique. Les pays se développent quand la politique utilise la science. On peut noter que les pays qui adoptent le plus les résultats scientifiques sont les plus avancés”

Mediagne Diallo, Conseil économique, social et environnemental, Sénégal

Selon les explications de Cément Duhaime, conseiller stratégique du scientifique en chef du Québec, le conseil scientifique aux gouvernements consiste à faire en sorte que les scientifiques puissent conseiller les décideurs.

« Ce sont ces derniers qui décident ; mais, les scientifiques, eux, avec leur expertise, préparent les conseils afin que ceux qui prennent les décisions soient le mieux éclairés possible », précise-t-il.

Ledit réseau vise à devenir une zone de partage d’expertise qui favorise les discussions afin d’identifier et de soutenir les institutions et les acteurs qui mettent en pratique le conseil scientifique.

Au terme du congrès de Montréal, il a été mis en place un comité d’orientation de ce Réseau francophone ; comité présidé par Lassina Zerbo, par ailleurs, secrétaire exécutif de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires.L’une des missions de ce comité sera de renforcer les capacités en conseil scientifique aux gouvernements dans les pays francophones.

Le comité est composé de pays francophones et d’institutions à l’instar de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Mediagne Diallo, directeur de l’animation scientifique au conseil économique, social et environnemental du Sénégal, évalue d’ores et déjà l’intérêt du conseil scientifique pour les pays d’Afrique.

Dans un entretien avec SciDev.Net, il précise que « aucun pays ne se développe uniquement avec la politique. Les pays se développent quand la politique utilise la science. L’Afrique est constituée de pays en voie de développement et sous-développés; et clairement, on peut noter que les pays qui adoptent le plus les résultats scientifiques sont les plus avancés ».

Planification

Ainsi, selon ses explications, le conseil scientifique va aider les pays du continent à mieux structurer la planification de leur développement, en basant les décisions politiques sur des données scientifiquement vérifiées, et notamment sur des solutions scientifiques existantes à travers le continent et dans le monde. « Il est clair que c’est une grande opportunité pour l’Afrique », affirme Mediagne Diallo.

Clément Duhaime abonde dans le même sens : « Dans une intervention très remarquée lors du congrès, Francine Ntoumi du Congo-Brazzaville nous a fait savoir que la pandémie actuelle a permis pour la première fois aux scientifiques africains d’être écoutés par les politiques et les décideurs du continent », illustre-t-il.Si les scientifiques politiques et société civile doivent se mettre ensemble pour le développement de l’ensemble des pays du monde, il est clair, du point de vue de Mediagne Diallo, que le besoin l’est encore plus, dans les pays en voie de développement.

« Ce sont des pays qui ont des décisions coûteuses parce que mal planifiées, qui ont des problèmes de mise en œuvre de leurs politiques et qui dépensent plus pour l’exécution de leurs politiques », explique-t-il.

Pour lui en effet, le conseil scientifique va aider les pays africains à être plus efficients et à obtenir des politiques publiques aux résultats « optimaux » et à moindre coût.

Les actions du conseil scientifique vont porter sur des domaines variés : agriculture, changement climatique, énergie, innovation technologique, transports urbains, assainissement…

Références

[1] Réseau international pour le conseil scientifique aux gouvernements