27/09/21

L’essai d’un vaccin contre le VIH en Afrique se solde par un échec

HIV Vaccine
Crédit image: Albert Gonzalez Farran / UNAMID, CC BY-NC-ND 2.0

Lecture rapide

  • Un candidat vaccin supposé atteindre au moins 50 % d'efficacité n'a pas été à la hauteur de cet objectif
  • Des experts disent que les données recueillies pourraient aider les futures études de vaccin anti-VIH
  • Les décideurs africains devraient sensibiliser les citoyens sur les outils de prévention du VIH.

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[LAGOS] Un candidat vaccin contre le VIH testé en Afrique subsaharienne n’offre aucune protection substantielle contre l’infection par le VIH chez les jeunes femmes, selon les organisateurs de l’étude.

Selon un communiqué publié le 31 août par Johnson & Johnson (J&J), le fabricant américain de médicaments qui a produit ledit candidat vaccin contre le VIH, l’étude à mi-parcours Imbokodo a commencé en 2017, a atteint le recrutement complet en 2019 et a terminé les vaccinations le 30 juin 2020.

Après 24 mois de suivi, 51 des 1 079 participants qui ont reçu le candidat vaccin ont contracté le VIH contre 63 des 1 109 qui n’ont pas reçu le candidat vaccin, montrant une efficacité vaccinale de seulement 25,2 %.

“Les personnes à haut risque de contracter le virus devraient utiliser plus d’une option comme la PrEP [un médicament de prévention du VIH] et les préservatifs”

Oluwatosin Alaka, rNew HIV Vaccine and Microbicide Advocacy Society au Nigeria

Mitchell Warren, directeur exécutif d’AVAC, une organisation qui plaide pour la prévention du VIH à l’échelle mondiale, a déclaré à SciDev.Net que le médicament avait montré « des résultats prometteurs dans des études chez des animaux et dans des essais plus petits effectués plus tôt sur l’homme ».

Selon ses dires, l’idée était que le vaccin Imbokodo soit efficace à au moins 50 pour cent; mais, le résultat final a été très décevant.

L’étude a porté sur des femmes âgées de 18 à 35 ans au Malawi, au Mozambique, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe, les participantes recevant un total de quatre doses durant 12 mois.Glenda Gray, directrice du South African Medical Research Council (SAMRC), qui a aidé à mettre en œuvre l’étude Imbokodo, convient que l’efficacité de 25,2% est trop faible pour rendre le vaccin utilisable.

« Nous restons solidaires des personnes vivant avec le VIH ou vulnérables au VIH, et restons déterminés à poursuivre nos recherches contre ce virus dévastateur », ajoute Paul Stoffels, directeur scientifique de J&J, dans le communiqué.

Glenda Gray de SAMRC affirme qu’un autre essai avec le vaccin, connu sous le nom d’Ad26, se poursuit en Amérique et en Europe en utilisant un vaccin au régime renforcé et optimisé.

« Ce vaccin optimisé donne des réponses immunitaires plus élevées et plus larges que celui utilisé dans Imbokodo », explique Glenda Gray. « Les participants à l’étude sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des populations transgenres en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Europe. »Oluwatosin Alaka, responsable de programme principal à la New HIV Vaccine and Microbicide Advocacy Society au Nigeria, déclare que pendant que l’Afrique attend un nouveau vaccin contre le VIH, c’est le moment pour les décideurs politiques de sensibiliser les Africains sur les outils de prévention du VIH qu’ils pourraient utiliser avant l’exposition, juste au moment de la transmission du VIH et après avoir été infecté par le virus.

« Les personnes à haut risque de contracter le virus devraient utiliser plus d’une option comme la PrEP [un médicament de prévention du VIH] et les préservatifs », explique Oluwatosin Alaka, ajoutant que si la PrEP aide à prévenir le VIH, elle n’empêche pas de tomber enceinte et ne protège pas contre d’autres infections sexuellement transmissibles.

La version originale de cet article a été produite par l’édition anglophone de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.