23/02/22

Sida : Les ARV empêchent la propagation d’un dangereux variant du VIH

HIV virus
Des virus du sida (en jaune), infectant une cellule humaine. Crédit image: ZEISS Microscopy (CC BY-NC-SA 2.0)

Lecture rapide

  • Baptisé VB, ce variant circule aux Pays-Bas, mais de rares cas ont été signalés en Belgique et en Suisse
  • Les ARV ont étouffé ce variant qui provoque une apparition précoce des symptômes de la maladie
  • Les experts appellent à mettre les ARV à la portée des dix millions de patients qui en sont privés

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[DOUALA] Une équipe de chercheurs vient de découvrir un nouveau variant du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Baptisé VB (sous-type virulent B), ce variant est décrit comme étant plus virulent et plus contagieux que les précédents.

Le communiqué de presse de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) qui donne cette information précise que les patients qui ont contracté ce variant du virus du sida présentent une charge virale (quantité de virus dans le sang) 3,5 à 5,5 fois plus élevée que dans le cas des autres variants de ce virus ; ce qui accroît d’autant leur capacité à transmettre le virus.

Ce document ajoute que ce variant provoque un déclin deux fois plus rapide de la quantité de cellules CD4 (celles-là qui coordonnent la réponse immunitaire de l’organisme contre cette pathologie) dans l’organisme, exposant le patient à un risque de développer plus précocement la maladie.

“C’est une chance immense d’avoir des traitements antirétroviraux efficaces et accessibles. En effet, un variant du VIH-1 ayant les propriétés du variant décrit dans cet article aurait eu une diffusion plus rapide et plus fatale que la souche historique”

Ahidjo Ayouba, IRD

Christophe Fraser du Big Data Institute de l’université d’Oxford et l’un des porte-parole de l’équipe de recherche, confie à SciDev.Net que « ce variant a été découvert dans le cadre d’une étude menée dans plusieurs pays d’Europe pour comprendre les facteurs de génétique virale qui auraient une influence sur la charge virale des patients ».

« Avant cette étude, beaucoup de chercheurs pensaient que la variation était due plutôt à la génétique humaine, et moins à la variation entres souches du virus », ajoute-t-il.Selon ses explications, l’origine de ce nouveau variant du VIH remonte à la fin des années 1990 aux Pays-Bas. Il circule depuis le début des années 2000 dans le pays, mais il n’est pas en train de se répandre rapidement.

« Dans nos données, nous avons trouvé un cas en Belgique et un en Suisse ; nos collaborateurs en ont trouvé trois autres en Suisse. Sinon, dans les données publiques, il n’y a aucun signe de ce variant en dehors des Pays-Bas. Mais quelques cas sont susceptibles de manquer en raison de données incomplètes », énumère Christ Wymant, l’autre porte-parole de l’équipe de recherche, lui aussi enseignant-chercheur au Big Data Institue de l’université d’Oxford.

Christophe Fraser explique cette situation en disant que « comme tous les virus du sida au Pays-Bas, il est en décroissance grâce à une politique de prévention qui inclut le traitement universel et des tests librement accessibles ».

En effet, l’étude a constaté que les traitements antirétroviraux actuellement utilisés à travers le monde sont efficaces contre ce nouveau variant du VIH.

Mutation

Pour Ahidjo Ayouba, chercheur à l’unité TransVIHMI[1] de Institut de recherche pour le développement (IRD) et enseignant à l’université de Montpellier (France), « cette étude montre que nous ne savons pas encore tout sur l’impact de la diversité du VIH-1[2], son évolution, son degré de pathogénicité et de transmissibilité ».

« C’est une chance immense d’avoir des traitements antirétroviraux efficaces et accessibles. En effet, un variant du VIH-1 ayant les propriétés du variant décrit dans cet article aurait eu une diffusion plus rapide et plus fatale que la souche historique », analyse le chercheur dans un entretien avec SciDev.Net.Dès lors, on se veut plutôt rassurant au Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). « Il n’y a pas lieu de paniquer ; la mutation est ce que font les virus, et heureusement pour le VIH, les traitements actuels fonctionnent aussi pour le variant du sous-type B (VB) du VIH », déclare Lycias Zembe, responsable technique en matière de prévention à l’ONUSIDA.

Toutefois, cette dernière regrette le fait que sur les 38 millions de personnes vivant avec le VIH/sida aujourd’hui à travers le monde, 10 millions ne soient toujours pas sous traitement antirétroviral.

« D’immenses efforts sont donc nécessaires pour atteindre ces personnes, qui sont souvent marginalisées et stigmatisées, afin de s’assurer qu’elles ont accès au traitement salvateur qui prévient également la transmission du VIH », exhorte Lycias Zembe.

A en croire l’ONUSIDA, 36 millions de personnes environ sont mortes de maladies opportunistes depuis l’apparition du VIH/sida tandis que 1,5 million de personnes ont été infectées par le VIH en 2020.

Références

[1] Recherches translationnelles sur le VIH et les maladies infectieuses (TransVIHMI)

[2] Le VIH comprend VIH-1 et VIH-2. VIH-1 est donc plus spécifique car il renvoie au seul type 1 de ce virus qui est par ailleurs responsable de la pandémie du VIH/sida.