13/03/18

Accompagner les solutions technologiques en agroécologie

Agroecology Article 1
Une étudiante appliquant des solutions de biotechnologie - Crédit image: Hongqi Zhang

Lecture rapide

  • Cinq initiatives technologiques en Afrique de l'Ouest bénéficient de l'appui des instituts de recherche
  • Celles-ci concernent des composantes clés du développement, notamment l’agroécologie et la pêche
  • Un expert estime que le processus permet de construire des technologies avec toutes les parties prenantes

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Cinq projets ouest-africains portant sur des solutions technologiques en agroécologie ont été sélectionnés pour bénéficier d’un accompagnement sur les six prochains mois.

Le Week-end des solutions Parfao – Promouvoir l’agroécologie par la recherche et la formation en Afrique de l’Ouest –, qui s’est tenu à Dakar les 9 et 10 mars dernier, a marqué la première phase de ce processus d’accompagnement.

Co-porté par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), le programme Parfao se déroule également avec le partenariat d’autres institutions telles que l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) et sa Boutique des sciences, l’Université Gaston Berger (UGB), l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).

Le programme se déroule dans trois pays d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Côte d’Ivoire et Burkina Faso) et a deux composantes : une composante formation avec recrutement d’un collège de dix doctorants qui seront accompagnés et bénéficieront de bourses de mobilité et de formation et une composante interface science-société qui consiste en un déroulement d’activités pour "interconnecter le monde de l’université et de la recherche avec les acteurs du monde socio-économique", explique Joanna Schlesinger, chargée de la valorisation de la recherche et de l’innovation à l’IRD et en charge du programme Parfao.

C’est donc dans la droite ligne de la seconde composante du programme que s’est effectuée la sélection des cinq projets parmi la quinzaine reçue en tout à l’issue de l’appel à projets, dont trois en agriculture et en pêche artisanale.

L’objectif principal du Week-end des solutions Parfao était d’aider les équipes porteuses des projets sélectionnés à consolider et finaliser leurs idées de solution en les rendant opérationnelles.

Joanna Schlesinger a déclaré à SciDev.Net : "Nous sommes rassemblés pendant le week-end des solutions Parfao pour accompagner ces projets, les aider à se structurer, à concrétiser la solution qu’ils proposent et développer un prototype de solution dans les six prochains mois."

Pour sa part, Amadou Ndiaye, enseignant chercheur à l’université Gaston Berger et mentor chargé d'encadrer les équipes, précise l’importance et l’efficacité du mentorat dans le programme, en rappelant que "bien des projets de développement et de transfert de compétences sont initiés, mais du fait d’un manque de mentoring et d’accompagnement par un processus scientifique d’observation, de capitalisation et de valorisation, les populations retournent dans leur situation initiale dès que ces projets prennent fin."

Au-delà du mentorat, l’accompagnement dont bénéficient les projets inclut également une visibilité et un financement.

"Pendant les six prochains moins, les projets bénéficieront d'un programme de mentorat et seront mis en visibilité à travers divers événements ; ils bénéficieront chacun d’un financement de 2.700.000 FCFA au maximum pour développer un prototype", précise Joanna Schlesinger.

Cet accompagnement est jugé satisfaisant par les promoteurs de projets bénéficiaires, à l’instar d’Ahmada Karihila Boinahadji, doctorant en entomologie à l’UCAD et membre d’une équipe dont le projet apporte une solution à la problématique de l’utilisation abusive des insecticides chimiques par les agriculteurs.

L’intéressé déclare ainsi à SciDev.Net que "le programme Parfao est très intéressant car il permettra de donner vie à des idées de solutions innovantes. Notre ambition est de devenir une startup, grâce à cet accompagnement et de proposer notre solution au grand public."

"Dans dix ans, nous espérons obtenir et mettre à disposition des agriculteurs une solution beaucoup plus aboutie, capable d’identifier une plus large variété de ravageurs, y compris ceux invisibles à l’œil nu, avec des méthodes d’identification plus performantes" a-t-il conclu, en se projetant dans le moyen terme.

Ahmada Karihila Boinahadji et son équipe proposent une application mobile permettant d’identifier les ravageurs dans les champs afin de choisir des méthodes de lutte adaptées, au lieu d’utiliser des insecticides trop forts et dangereux pour l’environnement et la santé humaine.

L’application permettra également de reconnaître les insectes utiles qui ont pour vocation de combattre les autres ravageurs des cultures.

Approche inclusive

Joanna Schlesinger explique qu'on "reproche souvent à la recherche d’être trop déconnectée des acteurs du monde socio-économique."

Des participants au Week-end des solutions du Parfao, à Dakar, le 10 mars 2018.

Ce n’est pas toujours facile que les différents acteurs des deux mondes se rencontrent, ajoute-t-elle, car ils ne représentent pas les mêmes enjeux. "Il y a cependant une réelle volonté de ces derniers de se parler et de collaborer. C’est la condition pour proposer des solutions qui ont un impact à long terme sur le développement durable."

Cette démarche inclusive qui paraissait une vraie gageure au départ s’est avérée efficace in fine, avec l’aboutissement à la création de solutions innovantes répondant à des défis précis et identifiés par tous les acteurs.

Amadou Ndiaye a également salué au passage la démarche et estime que "c’est un processus qui va permettre de construire les technologies ensemble avec les populations et toutes les parties prenantes."

Le retour d’expérience de la part des encadreurs des équipes-projets donne également un fort ton de satisfaction.

"La synergie d’action entre les différents acteurs est très intéressante car on apprend beaucoup", a reconnu Fatou Mata Sow, ingénieure informaticienne et coordinatrice de l'Incubateur de l'UGB, avant de conclure en exprimant le besoin d’autres éditions de tels programmes, car "il y a beaucoup de recherches qui se font au niveau des universités, mais la valorisation des résultats de ces recherches laisse à désirer", estime-t-elle.

Références