25/11/11

Le marquage radio des charançons pourrait aider à protéger les bananiers

Les charançons du bananier détruisent plus de 90 pour cent des cultures dans certaines régions en Afrique Crédit image: Fabrice Vinatier

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Selon certains scientifiques, espionner les insectes pour en connaître le comportement pourrait aider les agriculteurs du monde entier à améliorer leur lutte contre les charançons ravageurs de la banane, des pommes de terre et du soja.

Les agriculteurs utilisent déjà d’autres techniques de lutte contre les ravageurs, telles que les pièges à phéromones qui utilisent des odeurs pour piéger les ravageurs, avec un certain succès.

Mais pour maximiser l’efficacité de ces efforts, il est important de comprendre comment se comportent les ravageurs, explique Fabrice Vinatier, principal auteur de l’étude publiée dans Agriculture, Ecosystèmes et Environnement cette semaine (22 novembre), et chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomie pour le développement, en Martinique, dans les Antilles françaises.

Son équipe a marqué des charançons parasites du bananier au moyen de l’identification par radiofréquence (RFID) qui utilise les ondes radio pour transférer des données de la balise à un ordinateur et permet ainsi de suivre les mouvements des insectes.

Vinatier et ses collègues ont suivi les charançons du bananier dans plusieurs plantations de Martinique et ont découvert comment leurs mouvements naturels peuvent être utilisés contre eux.

C’est la première fois que cette technologie a été utilisée pour suivre des insectes ambulatoires, affirment les auteurs, et elle pourrait être adaptée pour d’autres parasites tels que le charançon andin de la pomme de terre et le charançon à longues antennes du soja.

Les chercheurs ont utilisé les données pour aider à construire un modèle informatique fiable en vue de simuler le mode d’attaque des charançons, en prenant en considération des facteurs comme l’espacement des bananiers et le placement des pièges à phéromones dans un champ, et la présence de résidus de culture.

Lorsque les bananiers ont été regroupés, il a fallu plus de temps aux charançons pour coloniser les parcelles – mais une fois cette étape franchie, le pourcentage de bananiers individuels ayant subi des attaques sévères a été plus élevé, note Vinatier.

Il ajoute que la séparation des parcelles de bananiers avec des espaces en friche a également accru l’infestation dans chaque parcelle.

En outre, Vinatier affirme que les pièges à phéromones "étaient beaucoup plus efficaces" lorsqu’ils étaient posés sur un sol nu plutôt que sur les résidus de récolte. Ainsi, le nettoyage des endroits où les pièges sont fixés pourrait améliorer grandement leur efficacité.

Le modèle informatique "peut être considéré comme un laboratoire virtuel pour étudier différentes pratiques agricoles dans les pays en développement sans [que les chercheurs aient à mener] des expériences longues et coûteuses", poursuit Vinatier.

Haruna Braimah développe d’autres approches pour lutter contre le charançon du bananier à l’Institut pour les recherches en cultures auprès du Conseil pour la recherche scientifique et industrielle, au Ghana. Selon lui,  réalisée de manière efficace, cette méthode pourrait aider à mieux comprendre le comportement du charançon en quête de nourriture.

"Les agriculteurs qui ne nettoient pas leur matériel végétal avant de planter transfèrent les charançons des anciennes aux nouvelles plantations" a-t-il noté par ailleurs.

Le charançon du bananier affecte les récoltes de banane dans le monde entier. Le problème est particulièrement grave en Afrique, où, dans certaines régions, ce parasite peut détruire plus de 90 pour cent de la récolte.

Lien vers le résumé dans Agriculture, Ecosystèmes et Environnement