25/10/18

L’ail et le piment pour éliminer la légionnaire d’automne

Garlic
Un amas de bulbes d'ail fraîchement récoltées - Crédit image: DLeonis

Lecture rapide

  • Ces produits naturels comprennent l'ail, les piments rouges, l'huile d'orange et les phéromones sexuelles
  • Ils pourraient constituer un outil plus efficace que les traitements chimiques
  • Cependant, leur coût prohibitif pourrait être un facteur dissuasif

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[LE CAP] Selon une étude, l'ail, l'orange, le piment et les phéromones sexuelles font partie des moyens de lutte naturels potentiellement viables contre la légionnaire d'automne.

Des chercheurs ont identifié un certain nombre de pesticides dérivés de ressources naturelles telles que les animaux, les plantes, les bactéries et certains minéraux – également appelés biopesticides – sûrs, durables et efficaces contre la légionnaire d'automne.

La légionnaire d'automne est un ravageur qui dévaste les cultures à travers le continent. L'année dernière, les agriculteurs ghanéens ont subi des pertes estimées à 45%, tandis que leurs homologues zambiens en ont subi à hauteur de 40%.

Selon une étude commandée par le département du développement international du Royaume-Uni, la perte de production annuelle totale se situait entre 8,5 et 21 millions de tonnes, pour une valeur estimée entre 250 et 630 millions de dollars, soit entre 143 milliards et 362 milliards de Francs CFA.

Les experts du Centre pour l'agriculture et les biosciences Internationales (CABI, l'organisation mère de SciDev.Net) ont identifié dans une étude 50 produits de ce type enregistrés dans 30 pays du monde et en ont sélectionné 23 pour évaluer leur sécurité et leur accessibilité pour les agriculteurs.

“Les pesticides biologiques sont plus sûrs pour l'homme et l'environnement que les produits chimiques de synthèse.”

Roger Day, CABI

La légionnaire d'automne est une cible importante et difficile en matière de lutte contre les ravageurs en Afrique.

Des interventions sûres, durables et efficaces telles que les biopesticides sont donc un "élément clé des stratégies de gestion" à prendre en compte par rapport aux contrôles des produits chimiques, déclare Melanie Bateman, auteure principale de l'étude, publiée dans l'édition du 22 octobre de la revue Journal of Applied Entomology.
 
En 2017, les chercheurs ont procédé à une analyse documentaire et examiné les étiquettes de produits, en décrivant les principes actifs, en particulier en Afrique, pour évaluer l'efficacité des biopesticides contre la légionnaire d'automne et les autres légionnaires en général.

L'analyse des pesticides et biopesticides homologués spécifiquement pour la légionnaire d'automne a été réalisée en janvier et février 2018 au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, au Mali, au Mozambique, au Nigéria, au Rwanda, en Sierra Leone, en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Togo, en Tunisie, en Ouganda et au Zimbabwe.

En général, les pesticides biologiques sont plus sûrs pour l'homme et l'environnement que les produits chimiques de synthèse, explique Roger Day, responsable du programme Action sur les Ravageurs, à CABI.

"Cela est particulièrement important en Afrique, où les agriculteurs utilisent souvent des produits chimiques dangereux sans l'équipement de sécurité nécessaire, en raison de leurs ressources limitées", a-t-il déclaré à SciDev.Net.

Pour sa part, Elizabeth Bandason, entomologiste basée au Bunda College of Agriculture de l'Université du Malawi, renchérit, en estimant que les biopesticides sont une méthode de lutte viable, par rapport à la lutte chimique.

"Ils se dégradent plus rapidement dans l'environnement que les pesticides chimiques", ajoute-t-elle.

Cependant, le potentiel des biopesticides en matière de lutte contre la chenille légionnaire d'automne a un prix pour les petits exploitants agricoles, a déclaré Jean Baptiste Bahama, responsable de la production végétale et de la protection des cultures, à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, au Ghana.

Le problème est que le pouvoir d'achat des agriculteurs est très faible, explique Jean Bahama à SciDev.Net, et que les biopesticides coûtent plus cher que les traitements chimiques et peuvent être plus lents à agir.

"Les prix bas que les petits producteurs de maïs reçoivent pour leurs produits ne peuvent justifier économiquement leur utilisation", relève-t-il.

"La plupart des biopesticides, ceux qui sont facilement accessibles pour les agriculteurs, peuvent fonctionner plus lentement que prévu. Il est donc nécessaire d'améliorer les combinaisons de biopesticides existantes pour qu'elles agissent plus rapidement", a déclaré Elizabeth Bandason à SciDev.Net.
 
De nombreux pays, organismes de recherche internationaux et fabricants de biopesticides ont donné priorité à l'identification d'options de gestion à faible risque pour la légionnaire d'automne, a déclaré Melanie Bateman, dans un communiqué.
 
Soutenir les gouvernements pour qu'ils discutent de politiques d'homologation et définissent un cadre politique pour l'utilisation de biopesticides, compte tenu du contexte économique des petits exploitants, pourrait aider, suggère-t-elle.

Références

Melanie L. Bateman et autres – Assessment of potential options for managing fall armyworm (Spodoptera frugiperda) in Africa (Journal of Applied Entomology, 21 Octobre 2018)