11/05/16

Soutenir la production fruitière en éliminant des insectes

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La mangue est la principale cible des mouches de fruits Crédit image: Flickr / Louise Garin

Lecture rapide

  • Les mouches de fruits causent la perte de 10 à 80% de la production de fruits
  • Un chercheur a inventorié 35 espèces de ces insectes et neufs de leurs prédateurs
  • L’utilisation réussie des fourmis tisserandes au Bénin encourage les recherches

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Selon le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), l’infestation des fruits par les mouches de fruits, encore appelées tephritidae frugivores ou tephritidae carpophages constitue la principale contrainte à l’essor de la filière fruitière dans les régions tropicales et subtropicales.
 
La même source indique que les pertes de rendements imputables à ces ravageurs en Afrique de l’Ouest peuvent varier entre 10 et 80% entre le début et la fin de la campagne de production des fruits.
 
Parmi les fruits d’importance économique infestés par cette espèce se trouvent l’anacarde, l’orange, l’avocat, le citron, le pamplemousse et surtout la mangue, son hôte de prédilection sur lequel une étude a révélé le taux d’infestation le plus élevé (64,64 mouches/Kg de mangues). 

“Nous avons inventorié les ennemis naturels de ces insectes en vue de leur promotion dans le cadre de la lutte biologique à mener contre ces ravageurs”

Mondjonnesso Gomina
Chercheur, université de Lomé – Togo

Des paramètres bio-écologiques ont été déterminés par Mondjonnesso Gomina, un chercheur du Laboratoire d’entomologie appliquée (LEA) de l’université de Lomé (Togo) afin de mettre en place une méthode optimale de lutte contre ces insectes au Togo.
 
Ce chercheur a identifié au total 35 espèces de mouches de fruits dont la plus courante dans la sous-région est la mouche orientale de fruits, encore appelée bactrocera dorsalis hendel.
 
"L’un des objectifs était d’inventorier les ennemis naturels de ces insectes en vue de leur promotion dans le cadre de la lutte biologique à mener contre ces ravageurs", indique Mondjonnesso Gomina dans cette étude publiée par l’International Journal of Natural Sciences Research.
 
Il s’appuie pour cela sur l’exemple du Benin "qui, grâce à la promotion des fourmis tisserandes, a réduit les dommages causés par les mouches dans les vergers de manguiers et d’agrumes".
 
Marc de Meyer, directeur de la section d’entomologie du Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC) à Tervuren (Belgique), encourage la démarche de ce chercheur.
 
"Aucun pays de la zone subtropicale n’est à l’abri de ces ravageurs tant qu’il y aura encore un seul pays qui n’aura pas développé de stratégie durable pour gérer efficacement et durablement ces frugivores", dit-il.
 
Avant de conclure : "il est donc indispensable d’identifier les espèces de mouches de fruits existant dans tous les pays afin de recommander des actions appropriées à chaque situation".
 

Lutte intégrée

 
Neuf espèces d’hyménoptères parasitoïdes indigènes ou ennemis naturels de ces frugivores ont ainsi été inventoriées au Togo au cours des travaux de Mondjonnesso Gomina.
 
Mais ces ennemis naturels sont incapables, selon ses conclusions, de réduire les populations de ces mouches de fruits dans les conditions naturelles actuelles, en raison de leur taux de parasitisme relativement faible qui varie entre 0,61 et 40%.
 
Pour les chercheurs, une lutte efficiente, durable et saine (vis-à-vis de l’environnement) contre les mouches des fruits passe donc par l’application d’une méthode de gestion intégrée de leurs populations.
 
Cette lutte intégrée associe aussi bien le piégeage, la prophylaxie, et l’utilisation de bio-insecticides que la promotion des parasitoïdes et des prédateurs, expliquent-ils.
 
"Il faut donc poursuivre les études sur les relations tri-trophiques (plantes-tephritidae-parasitoïdes) pour contribuer à l’application et à la réussite de cette méthode au Togo en particulier et en Afrique en général", se convainc Mondjonnesso Gomina