Par: Julien Chongwang
Envoyer à un ami
Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.
Le bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié ce 1er juillet 2015 les résultats d’une étude qui révèle que l’obésité est en nette augmentation dans le monde.
Menée par une équipe de chercheurs basés en nouvelle Zélande et aux Etats-Unis, l’étude en question a été réalisée sous la direction de Stefanie Vandevijvere, chargée de recherches en politiques mondiales sanitaires et alimentaires à l'université d'Auckland, en Nouvelle-Zélande.
Interrogée par SciDev.Net, Stefanie Vandevijvere a expliqué l’intérêt des chercheurs pour cette question en disant que "le surpoids et l’obésité sont devenus des problèmes majeurs de santé publique dans le monde".
-
L'obésité en chiffres
-
IMC chez les hommes : hausse de 28,8% à 36,9%
-
IMC chez les femmes : hausse de 29,8% à 38%
-
De 2013 à 1980, le taux d'obésité a doublé
-
Dans 65% des pays étudiés, le surpoids est une conséquence directe de la disponibilité énergétique alimentaire
"A travers le monde entier, ajoute-t-elle, la proportion des adultes ayant un indice de masse corporelle (IMC) de 25kg/m2 ou plus a augmenté de 28,8% à 36,9% chez les hommes et de 29,8% à 38% chez les femmes entre 1980 et 2013. A ce jour, aucun pays dans le monde n’est parvenu à réduire son épidémie d’obésité".
Les travaux ont consisté pour les chercheurs à analyser l’augmentation de la disponibilité énergétique alimentaire et de l’obésité dans 69 pays, dont 24 à revenu élevé, 27 à revenu intermédiaire et 18 à faible revenu.
La disponibilité énergétique alimentaire étant, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la quantité moyenne d'énergie consommée sous forme de nourriture par habitant et par jour, mesurée en calories.
Les chercheurs ont également comparé des données relatives à la disponibilité énergétique alimentaire, au poids adulte moyen et à l'indice de masse corporelle (IMC) dans les 69 pays, en s’appuyant sur les bases de données de la FAO et de l’OMS, entre 1971 et 2010.
A l’arrivée, l’étude a permis d’observer que l'obésité augmente dans de nombreux pays corrélativement à l'accroissement de la disponibilité énergétique alimentaire ; et que dans 45 pays (65%), cette dernière était "plus que suffisante, pour expliquer l'augmentation parallèle du poids".
"Notre étude révèle que la surabondance de la disponibilité énergétique alimentaire est un facteur probable de la surconsommation de calories et peut facilement expliquer l'augmentation de poids constatée dans la plupart des pays", affirme Stefanie Vandevijvere.
Selon l’étude, l'accroissement de la disponibilité énergétique alimentaire au fil des décennies est elle-même due "en grande partie aux produits alimentaires ultratransformés, qui sont très appétissants, relativement bon marché et largement publicisés, ce qui facilite considérablement la surconsommation de calories".
Maladies non transmissibles
En tout état de cause, les conclusions de cette étude rejoignent les statistiques contenues dans le rapport 2014 de l’OMS sur la situation mondiale des maladies non transmissibles.
“La lutte contre l’obésité passe par l'implication de différents secteurs, et notamment ceux de l'agriculture, de la production, distribution et vente au détail de produits alimentaires, de la santé, de la protection sociale et de l'éducation.”
Stefanie Vandevijvere, chargée de recherches en politiques mondiales sanitaires et alimentaires, université d'Auckland, Nouvelle-Zélande
Ce document ne manque pas de relever simultanément les ennuis de santé consécutifs à l’obésité.
"L’obésité accroît la probabilité de survenue d’un diabète, d’une hypertension artérielle, d’une cardiopathie coronarienne, d’un accident vasculaire cérébral (AVC) et de certains types de cancer", peut-on y lire.
Dès lors, les chercheurs américains et néozélandais se sont fait un devoir d’indiquer le chemin à suivre pour s’attaquer à ce fléau.
C’est ainsi qu’ils recommandent aux Etats de mettre en place des politiques pour "rendre l'offre de produits alimentaires plus saine".
"Ces politiques comprennent la restriction de la commercialisation de produits alimentaires malsains auprès des enfants, l'étiquetage nutritionnel supplémentaire sur les emballages, des stratégies de tarification des produits alimentaires, l'amélioration de la qualité des aliments vendus dans les écoles et d’autres lieux publics", clarifie Stefanie Vandevijvere.
Francesco Branca, directeur du Département Nutrition pour la santé et le développement à l'OMS ajoute : "il est nécessaire que les pays s'interrogent sur la façon dont ils dirigent leur système alimentaire."
"Cela passe par l'implication de différents secteurs, et notamment ceux de l'agriculture, de la production, distribution et vente au détail de produits alimentaires, de la santé, de la protection sociale et de l'éducation", précise-t-il.
"Nous devons également examiner la façon dont les accords commerciaux et d'investissement ainsi que les politiques agricoles affectent les environnements alimentaires domestiques, les habitudes alimentaires des individus et les profils pathologiques dans les pays", conclut l’étude dont les auteurs soutiennent que l’alimentation demeure la principale cause de l’obésité, tout en reconnaissant que d’autres facteurs comme l’absence d’activité physique peuvent entraîner une augmentation du poids.