16/09/13

Une nouvelle approche pour contenir une épidémie de choléra

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Sanofi Pasteur/Jean Fotso

Lecture rapide

  • L’expérience a consisté à organiser des campagnes de vaccination par voie orale au début d’une épidémie
  • Les campagnes concernaient toutes personnes âgées de plus de 12 mois et s’organisaient en deux tours, espacés de deux à trois semaines
  • L’expérience, menée en zone urbaine, a été qualifiée de succès, mais les organisateurs déplorent la situation en zone rurale où les populations restent encore vulnérables

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[CONAKRY] Une expérience réalisée en Guinée par l’organisation non gouvernementale (ONG) Médecins Sans Frontières (MSF) a démontré que des campagnes de vaccination de masse utilisant un vaccin anticholérique oral de deux doses peuvent être menées avec succès au début d’une épidémie de choléra.
 
Dans une étude publiée le 10 septembre dans la revue scientifique ‘PLoS Med’, les auteurs expliquent que l’expérience est possible, même lorsque l’on dispose de peu de temps pour préparer la campagne et sensibiliser la population.
 
La Guinée est régulièrement confrontée à des épidémies de choléra, avec des pics qui surviennent pendant la saison des pluies en juillet – août. La dernière épidémie majeure s’est produite en 2007, avec 8.289 cas et 295 décès.

Le chef de la Division Prévention et Lutte contre la Maladie (DPLM) au ministère guinéen de la Santé, Sakoba Keïta, a expliqué à SciDev.Net que cette approche est une première dans la lutte contre le choléra.

« Il s’est agi d’utiliser un vaccin contre le choléra, non pas de manière préventive, mais dans le cadre d'une épidémie qui a déjà commencé », a souligné Sokoba Keita qui a participé à l’expérience.

Et d’expliquer que le vaccin utilisé est un produit de nouvelle génération (Shanchol) et se conserve mieux que celui précédemment utilisé.
 
La campagne de vaccination a eu lieu entre fin avril et mi-mai 2012 dans les îles situées au nord et au sud de la capitale, Conakry, dans les préfectures de Boffa (163.000 personnes) et de Forécariah, avec une population de 46.000 personnes.
 
« Toute personne âgée de plus de 12 mois se présentant à un site de vaccination était en droit d’obtenir une vaccination en deux tours, espacés de deux à trois semaines », a indiqué M. Keita à SciDev.Net.
 
Le coût par dose de vaccin délivré était de 2,89 de dollars US, soit 1,85 de dollars US pour le vaccin lui-même et 1,04 dollars US pour les coûts de livraison directe et la rémunération du personnel médical.

Selon les conclusions du document, à court terme, les expériences de mise en œuvre de campagnes de vaccination anticholérique orale devraient être soigneusement documentées de sorte à fournir des indications qui permettront d’y recourir de manière plus efficace.

Christophe Valingot, expert régional Eau et Assainissement, ECHO (Aide Humanitaire de la commission européenne), salue "une réponse adéquate vis-à-vis de l'épidémie de 2012", même s'il regrette le "peu d'acteurs impliqués dans la lutte contre le choléra".
 
Christophe Valingot est globalement satisfait de la gestion de l'épidémie en zone urbaine. Cependant, il se préoccupe de la situation des populations rurales, plus vulnérables.
 
Il plaide pour une meilleure prise en compte de la problématique de l'assainissement et le renforcement des capacités dans la stratégie globale de lutte contre les épidémies.
 
Médecin-chef au centre de santé de N’douci dans le sud de la Côte d'Ivoire, Kouadio Daniel salue aussi cette nouvelle approche dans la lutte contre le choléra.
 
Pour lui, la vaccination anticholérique orale apparaît comme un outil supplémentaire prometteur dans la lutte contre les épidémies de choléra.

« Elle devrait contribuer à prévenir de nombreux cas et de nombreux décès, notamment dans des contextes caractérisés par un accès limité aux soins de santé », a-t-il soutenu.