09/02/09

Les gènes permettant au moustique de résister aux insecticides ont été identifiés

Les moustiquaires perdraient-ils de leur efficacité ?

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[OUDTSHOORN] En identifiant les gènes responsables de la résistance, des chercheurs viennent de comprendre pourquoi un insecticide clé utilisé dans la lutte contre le paludisme a perdu de son efficacité dans le contrôle des moustiques.

Les pyréthroïdes utilisés pour l’imprégnation des moustiquaires et la pulvérisation d’intérieur pour contrôler le nombre de moustiques vecteurs du paludisme sont l’une des principales armes dans la lutte contre cette maladie.

Mais au cours des dernières années, les moustiques ont muté, et sont devenues capables de survivre aux effets de ces produits chimiques. Les chercheurs s’attèlent à la tâche afin de comprendre les fondements génétiques de cette résistance.

En étudiant le moustique commun, l’Anopheles funestus, des chercheurs ont identifié une famille de gènes qui codent pour des enzymes cytochrome P450, capables d’absorber les pyréthroïdes, les rendant ainsi inefficaces.

Ces mêmes gènes ont été récemment identifiés sur l’Anopheles gambiae, un autre vecteur clé du paludisme, et qui figure aussi parmi les espèces résistantes aux pyréthroïdes.

Pour Hilary Ranson de l’Ecole de médecine tropicale de Liverpool au Royaume-Uni, l’un des auteurs de cette étude, ‘On s’attendait à constater que des espèces et populations différentes auraient des groupes de gènes responsables de la résistance différents, mais ils sont en fin de compte très semblables’ .

‘Une des conclusions logiques à tirer de cette étude serait que cet insecticide ne devrait plus être utilisée dans la lutte contre le paludisme,’  a déclaré Ranson au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net).

Cette étude suggère par ailleurs que les pays infestés par l’Anopheles funestus pourraient se tourner vers le DDT (dichloro-diphényl-trichloréthane) dans l’éradication des moustiques. Ainsi, le Mozambique et l’Afrique du Sud ont déjà réintroduit le DDT pour combattre la résistance du moustique.

Plus intéressant encore, la découverte rend possible l’idée de tester la résistance des moustiques sauvages dans différentes régions d’Afrique. Ce genre de données pourrait être interprété comme un système d’alerte précoce quant à la résistance du moustique aux insecticides et de ce fait, selon les chercheurs, ‘améliorer considérablement notre capacité à réduire les effets potentiellement néfastes de la résistance sur la lutte contre le paludisme’ .   

A plus long terme, il serait possible de produire des insecticides dites ‘intelligentes’ pour minimiser les capacités de résistance du moustique avant le lancement des campagnes de pulvérisation. Une zone pourrait ainsi être pulvérisée avec une substance qui rétablit la sensibilité des moustiques aux pyréthroïdes avant l’application de l’insecticide.

‘Si nous comprenons les mécanismes grâce auxquels les moustiques ont développé cette résistance, nous pouvons élaborer des stratégies pour contrer cette résistance et prendre les moustiques à leur propre jeu,’ ajoute Ranson.

Cette étude a été publiée la semaine dernière (4 février) dans Genome Research.