17/04/15

75 morts dans une nouvelle épidémie de méningite au Niger

Meningitis Jab
Crédit image: Flickr/ Pulmonary Pathology

Lecture rapide

  • L'épidémie de méningite, qui affecte le Niger depuis le début de l'année est causée par les souches C et W135
  • Une équipe de l'OMS est sur place pour évaluer la situation
  • Le gouvernement a commandé des stocks additionnels de vaccin.

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Selon Mano Aghali, ministre nigérien de la Santé publique, l'épidémie est causée par les souches C et W135 de la maladie. Une équipe de l'OMS séjourne depuis trois jours au Niger, pour évaluer la situation. Le ministre a par ailleurs indiqué qu'une campagne de vaccination débutera la semaine prochaine dans les zones les plus touchées et les autorités ont déjà distribué 13.500 doses de vaccin.
 
Le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, est fréquemment sujet aux épidémies de méningite, en raison de sa position dans la "ceinture de la méningite", qui s'étend du Sénégal à l'ouest jusqu'à l'Ethiopie à l'est, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
 
La maladie – une inflammation de la membrane entourant le cerveau et la moëlle épinière – peut causer la mort en quelques heures. Elle est généralement d'origine bactérienne ou virale et est parfois due à des infections fongiques.
 
La méningite est très contagieuse et les symptômes comprennent une hausse soudaine de la température, une raideur de la nuque, des maux de tête et des vomissements sévères. 

SciDev.Net s'est entretenu avec le ministre nigérien de la Santé publique, Mano Aghali, qui fait le point de la situation.

Monsieur le ministre, une épidémie de méningite sévit au Niger depuis le début de l'année. Quelle en est la cause ?

 
Depuis un certain temps, nous faisons effectivement face à une épidémie de méningite et de rougeole. Mais si pour ce qui est de la rougeole, la situation est totalement maîtrisée, en revanche, en ce qui concerne la méningite, il faut dire que nous avons mené de grandes campagnes de vaccination qui ont permis d'éliminer totalement la méningite de souche A. Mais aujourd'hui, nous faisons face à une épidémie de la méningite causée par la souche W135 et la souche C. Cela signifie que dans le temps, c'est la souche A qui causait l'épidémie. Mais aujourd'hui, cette souche a été éliminée. L'épidémie que nous connaissons a été provoquée par une souche qui ne causait pas d'épidémie jusqu'en 2011.
 

Quelles sont les zones les plus touchées?

 

“A la date du 13 avril 2015, nous avons enregistré 697 cas, avec 75 décès, sur l'ensemble du pays.”

Mano Aghali
Ministre nigérien de la Santé publique

Pour ce qui est des régions déclarées selon les normes de l'OMS, c'est-à-dire 10 cas pour 100.000 habitants, il s'agit du district sanitaire de Dogondoutchi, de la commune de Niamey II et de Gaya. Voilà les districts sanitaires touchés au point qu'il faut engager des vaccinations. Les autres districts sanitaires ne sont pas en situation d'épidémie.

A l'heure actuelle, quel est le bilan?

 
A la date du 13 avril 2015, nous avons enregistré 697 cas, avec malheureusement 75 décès, sur l'ensemble du pays.
 

Distribution régionale du nombre de cas de méningite au Niger – Source: Ministère de la Santé publique
Région Nombre de cas
Agadez 4
Dosso 210
Maradi 50
Niamey 279
Sawa 89
Tilabéri 47
Zinder 18

Avez-vous accès aux médicaments nécessaires pour faire face à l'épidémie ?

Comme je vous l'ai dit, deux nouvelles souches – la souche W135 et la couche C – sont à l'origine de cette épidémie. Nous disposons d'un stock de vaccins, mais nous avons aussi commandé un important stock qui devrait arriver aujourd'hui à Niamey et dans tous les cas, au plus tard, samedi. Hier soir, nous avons lancé la vaccination avec les stocks dont nous disposons, notamment au niveau d'une école de Niamey II, où des cas ont été enregistrés. Il est en effet impérieux de protéger les élèves, ainsi que la population, de manière générale. Mais la cible de la campagne de vaccination est la tranche d'âge de 2 à 15 ans.
 

Chaque année, à pareil moment apparait la méningite au Niger et dans la bande dite de la "ceinture de la méningite". N'est-il pas temps de revoir la stratégie mise en œuvre par les autorités sanitaires?

 
Depuis le 13 avril, une mission du siège et du bureau régional de l'OMS séjourne au Niger. Avec nos techniciens, ils examinent de près l'évolution de la situation épidémiologique, en particulier, le fait que l'épidémie en cours soit causée par les souches C et W135. Il y a une analyse, site par site qui est en cours, suite à laquelle des recommandations seront formulées à l'échelle mondiale. En effet, comme vous l'avez souligné, cette pathologie ne concerne pas que le Niger. C'est un ensemble de pays qui sont touchés.
 

L'OMS a autorisé, le 9 janvier dernier, l'utilisation du vaccin MenAfriVac chez les nourrissons, pour contrôler la maladie dès le bas âge. Où en est le Niger dans la mise en œuvre des programmes de vaccination?

 
Le Niger est à jour par rapport à toute la vaccination et pour le moment, nous vaccinons à partir de l'âge de deux ans. C'est un vaccin qui prend en compte les quatre souches, ce qui permet d'avoir une bonne couverture sanitaire, parce que par le passé, on s'était surtout attaqué à la souche A.
 

Avez-vous un stock suffisant de vaccins?

 
On ne peut pas dire qu'on en a suffisamment, mais on en a commandé en fonction des besoins actuels. Pour l'instant, c'est Dogondoutchi, la commune de Niamey II et le district sanitaire de Gaya, qui sont en situation d'épidémie. Pour ce qui est des autres zones, on est dans certains cas, en alerte. Mais nous avons d'ores et déjà pris des dispositions. Nous faisons de la vaccination, mais nous faisons aussi des traitements. En ce qui concerne les traitements, nous disposons de suffisamment de médicaments pour faire face à la situation.
 

Cette maladie est hautement contagieuse. Une campagne est-elle entreprise au Niger pour expliquer aux populations comment s'en prémunir ?

 
Le 1er avril dernier, j'ai tenu une conférence de presse pour rendre compte de la situation; deux semaines plus tard, un autre point de presse a été organisé. Hier, jeudi, on était encore avec les médias. Mais nous demandons aussi aux autorités coutumières, administratives et religieuses, ainsi qu'aux leaders d'opinion, à la société civile, aux syndicats et à toute la population, d'adopter des comportements d'abord au niveau de l'hygiène. Nous leur demandons de se rendre dans la formation sanitaire la plus proche dès qu'un certain nombre d'effets se font sentir. Il faut également éviter de fréquenter des personnes contagieuses, si on n'est pas vacciné. Nous avons donc expliqué ces précautions élémentaires à la population et nous continuerons de le faire. Enfin, nous conseillons fortement la vaccination des enfants à partir de deux jusqu'à quinze ans.