18/02/22

L’analyse des génomes est «la clé de la lutte contre les maladies»

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[NAIROBI] Selon des scientifiques, un projet équipant les chercheurs de méthodes bon marché et accessibles pour étudier le matériel génétique de vastes collections de bactéries qui causent des maladies pourrait être essentiel pour relever les futurs défis mondiaux en matière de santé.

Le projet 10 000 Salmonella Genomes (10KSG) pourrait rendre les données génomiques bactériennes plus accessibles dans les pays à revenu faible et intermédiaire, en particulier en Afrique subsaharienne où se produisent 80 % des 77 000 décès annuels mondiaux dus à des infections sanguines non typhoïdiques à Salmonella.

La collaboration de scientifiques de 16 pays, dirigée par l’Institut Earlham et l’université de Liverpool en Angleterre, vise à comprendre la composition génétique des souches bactériennes responsables des infections sanguines à Salmonella en Afrique et en Amérique latine. Cela peut améliorer la compréhension de la résistance aux médicaments et de la virulence des bactéries tout en aidant au développement de vaccins.

“la politique de santé publique doit être bien informée par de bonnes données provenant d’études épidémiologiques et génomiques”

Neil Hall, Institut Earlham

« Les maladies infectieuses entraînent un énorme fardeau sanitaire et économique pour les pays à revenu faible et intermédiaire », déclare Neil Hall, directeur de l’Institut Earlham, un centre de recherche en sciences de la vie.

« Habituellement, les interventions les plus efficaces impliquent des mesures de santé publique. Cependant, la politique de santé publique doit être bien informée par de bonnes données provenant d’études épidémiologiques et génomiques.En moins d’un an, les scientifiques ont analysé 10 000 génomes de Salmonella d’Afrique et d’Amérique latine pour seulement 10 dollars américains (USD) par génome ou matériel génétique.

Selon les chercheurs, les analyses à grande échelle du génome bactérien n’ont été possibles que dans quelques centres de séquençage dans le monde jusqu’à présent et le coût s’élevait à 100 USD par génome.

A en croire les explications de Neil Hall, le projet 10KSG a considérablement réduit le coût et vulgarisé l’étude à grande échelle du matériel génétique présent dans les microbes, permettant à de nombreux autres scientifiques dans le monde entier d’accéder à cette technologie.

Main d’œuvre qualifiée

Jay Hinton, professeur de pathogenèse microbienne à l’université de Liverpool, affirme que pour que tout vaccin soit efficace, il est nécessaire d’en savoir plus sur les bactéries à l’origine de la maladie.

« Notre projet a fourni la meilleure compréhension des variantes de Salmonella responsables des infections du sang dans les pays africains, notamment la République démocratique du Congo, la Gambie, le Mali, le Malawi, le Kenya, le Sénégal et l’Ouganda ces dernières années – des informations qui seront inestimables pour évaluer l’impact du déploiement du vaccin contre le Salmonella », a-t-il indiqué.Damaris Matoke-Muhia, biologiste moléculaire à l’Institut de recherche médicale du Kenya (KEMRI), affirme que les personnes formées au séquençage peuvent en former d’autres, afin de constituer une main-d’œuvre qualifiée.

« Une fois que les installations seront équipées d’outils de séquençage, cela aidera au séquençage continu des génomes dignes d’intérêt et cela arrêtera l’expédition d’échantillons qui se fait généralement en raison du manque de capacité ; cela vaut aussi pour le séquençage des variants du SRAS-CoV-2 », confie cette dernière à SciDev.Net.

Il est important de réduire le coût du séquençage car cela ouvre des opportunités pour dépister les bactéries et développer des outils de diagnostic spécifiques et très sensibles, conclut Damaris Matoke-Muhia.

La version originale de cet article a été produite par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.